Les échos & le fil

Published on 18 janvier 2019 |

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Les échos #2-2019

par Yann Kerveno

D’un côté, on entend que l’agriculture n’est plus ce qu’elle était, qu’elle détruit la nature et nous empoisonne (je caricature hein ?) et, de l’autre, il se trouve des gens pour nous expliquer que notre système, si imparfait soit-il, pourrait quand même bien être pas trop mal. Peut-être faut-il regarder ailleurs pour s’en rendre compte ? Le New-York Times avait dressé une liste sommaire des produits interdits dans l’alimentation en Europe mais autorisés aux USA [les échos #1-2019, la semaine dernière quoi], c’était une chose, mais là, on a appris que le shutdown de l’administration a provoqué la suspension des contrôles vétérinaires dans l’industrie agroalimentaire, sauf dans certains cas critiques. 

Bien sûr, l’Europe est aussi sujet de préoccupation cette semaine avec les récents développements de la crise du Brexit qui nous laissent dans l’incertitude la plus totale. Comme le lendemain du référendum en fait.

Donc, la Cour des comptes a mis son nez dans le fatras des aides européennes à l’agriculture, et dressé, à l’issue de son enquête, un réquisitoire assez sévère. Selon les magistrats de l’institution, les aides se sont transformées en rentes et creusent les inégalités entre les exploitations, privilégiant les plus grandes et les plus rentables… On s’est alarmé aussi ces jours derniers de l’incurie des administrations françaises qui tarderaient tellement à faire le job, que 700 millions d’euros de fonds européens Leader pourraient repartir vers Bruxelles s’ils n’étaient pas consommés dans les prochaines semaines. Et ce alors que les aides au bio sont toujours en suspens.

Vous avez dit gaspillage ? Carrefour entend lutter contre le gaspillage alimentaire qui voit, à l’échelle de la planète, un tiers des aliments produits finir à la poubelle. Pour cette croisade anti-gaspi, le distributeur compte sur l’aide de l’intelligence artificielle pour mieux, surtout plus précisément, anticiper ses approvisonnements.

Comme il y avait longtemps que nous n’en avions parlé, le glyphosate revient par la fenêtre. Il y avait hier soir l’émission d’Élise Lucet sur la question (qui a regardé ? Des commentaires ?), mais surtout cette semaine ce papier du Monde sur le dossier d’autorisation de la molécule dont des pans entiers ont été recopiés du dossier fourni par Monsanto. Voilà qui pose la question de la méthodologie employée pour l’homologation et justifie le travail mené par la commission PEST du Parlement européen.

Et vient aussi conforter, peut-être, la décision du tribunal administratif de Lyon qui a cassé, mardi, l’autorisation de mise sur le marché du Roundup 360 de Monsanto, accordée en 2017, au motif que l’Anses n’a pas effectué les études nécessaires à son homologation. Si vous avez manqué le début de cette affaire, ou si vous rentrez d’un discret voyage sur Mars, ou si vous débarquez sur twitter, vous pouvez retrouver les grands traits du débat dans ce bon papier de Sciences et Avenir

En attendant le printemps, WikiAgri a fait le point sur la loi Egalim et souligne que, comme attendu, le miracle ne s’est pas produit et que les relations entre producteurs et distributeurs semblent toujours aussi déséquilibrées.

Au centre du débat, la question du prix, que nous avons déjà abordée à Sesame avec Philippe Chalmin et André Chassaigne, question dont France Culture s’est aussi saisie la semaine passée. Le prix, les coûts de revient, les aides… nous sommes au cœur de l’économie agricole qui n’offre, toujours selon WikiAgri, que peu de perspectives pour les prochaines années, le revenu agricole n’étant visiblement pas voué à progresser d’ici… 2030. De quoi malheureusement rendre plus légitime encore les marches de Patrick Maurin à travers la France pour sensibiliser au suicide des agriculteurs.

Sinon cette semaine, McDonald’s a perdu le droit d’utiliser la marque Big Mac en Irlande et a vu son Ronald crucifé en Israël par l’artiste finlandais Jani Leinonen, l’Inra a fait le point sur la consommation de viande (est-ce bon pour la santé ?), les deux ourses lâchées dans les Pyrénées cet automne ont déserté leur lieu d’atterrissage pour aller hiberner loin des regards, dans le département voisin pour l’une, en Espagne pour l’autre, tandis qu’un autre clandestin passait la frontière en loucedé, le castor, de retour dans les Pyrénées-Atlantiques après un siècle d’absence. #malin.

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