Published on 14 février 2020 |
0Les échos #7-2020
Par Yann Kerveno
Si la curiosité est le principal moteur de l’adoption des succédanés de viande, leur développement remet en cause une grande partie de la structure même de l’agriculture mondiale. Le think tank RethinkX annonce un bouleversement majeur à l’heure où le prix des protéines obtenues par des processus technologiques sera dix fois moindre que celles issues des animaux d’élevage dans 15 ans, se situant alors « à peu près au niveau du prix du sucre ». Le think tank estime ainsi que le nombre de vaches aura été divisé par deux dans… 10 ans. Et prophétise la faillite de l’industrie de l’élevage.
Et si vous êtes résistant à l’idée de vous passer d’un steak de temps en temps, sachez qu’il existe maintenant des patches pour vous aider à sortir de votre dépendance au travers de porc ! Pour autant que ces animaux survivent à la peste porcine, toujours plus près, un cas avéré étant signalé en Grèce. Rien à voir, mais ici c’est Bigard qui a eu les honneurs de Bastamag, tandis qu’Europe 1 a découvert qu’il n’y a plus d’abattoir de proximité dans les campagnes.
Sinon, vous connaissez la rouille jaune ? Cette maladie des blés connaît un développement nouveau et inquiétant à cause de nouvelles souches venues de l’Himalaya… Souches qui supplantent celles auxquelles nous sommes habitués en Europe et qui prennent en défaut la résistance conférée aux variétés modernes de blé. Et je ne vous parle même pas de la rouille noire.
Si la bio progresse dans le monde et concerne aujourd’hui 71 millions d’hectares, le nombre de producteurs, lui, a tendance à régresser selon le rapport annuel de l’Organisation internationale de la bio. Et selon vous, quel est le pays qui compte le plus de surfaces en bio dans le monde1 ?
En attendant le début des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, Bo Johnson ne perd pas de temps. Après avoir appelé à ne pas être « hystérique » à propos des standards sanitaires américains, il a aussi demandé de libérer « l’extraordinaire secteur des biotechnologies des lois anti-OGM. » Le propos est d’importance alors le Royaume-Uni est sous pression américaine, même Mike Pompeo a rappelé à Johnson que les « standards sanitaires ne pouvaient être une ruse pour protéger son agriculture… » Du côté des filières agroalimentaires anglaises, c’est la soupe à la grimace, elles qui préféreraient rester le plus près possible des standards européens.
Sur Terre-Net, Jean-Marc Petat, (BASF), commente la décision du Conseil constitutionnel qui a validé, fin janvier, l’interdiction de produire en France, à fins d’exportation, des produits phytosanitaires interdits en Europe. Il en profite pour dézinguer en termes peu amènes les États généraux de l’alimentation et la loi dont ils ont accouché. Autre décision largement commentée ces derniers jours, celle prise par le Conseil d’État cette fois qui impose le classement en OGM des plantes obtenues par mutagenèse. Décision qui impose donc que ces plantes se plient aux règlements encadrant les plantes génétiquement modifiées. Si vous n’êtes pas familiers du contentieux, l’Usine nouvelle a bien résumé le dossier en cinq questions. Pendant qu’on est dans le sujet, il fallait s’y attendre, le règlement ZNT (zones non traitées) pose des soucis d’application. Et non des moindres. Il s’agit en particulier du cuivre, un des produits reconnus comme étant parmi les plus dangereux pour la santé humaine, qui devrait être sur une liste mais ne l’est pas, bref, c’est embrouillé et déjà pointent les exceptions, au moins pour cette année.
Du côté du gaspillage, en espérant que vous n’avez pas l’impression d’avoir perdu votre temps pour arriver jusqu’au bout de ces échos, sachez que Nestlé et une quarantaine d’entreprises ont signé un pacte avec Too Good to Go et qu’une partie du problème repose sur les mentions de date limite de consommation (use by) et la date de durabilité (best before), mal connues des Français. Un autre des leviers, original, met en jeu la densité des commerces, dans les villes, suivant le principe simple que si c’est plus près on y va plus souvent et on jette moins. Pas vous ?