Par Lucie Gillot.

Un risque est la combinaison d’un dang..." /> [Perturbateurs] Quelques principes de toxicologie réglementaire (5/6) - Revue SESAME


Quel heurt est-il ?

Published on 14 juin 2017 |

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[Perturbateurs] Quelques principes de toxicologie réglementaire (5/6)

Par Lucie Gillot.

Un risque est la combinaison d’un danger, propre à une molécule, et d’un niveau d’exposition à ce danger. L’évaluation du risque et la législation sont basées sur l’existence d’un seuil, traduit par l’établissement d’une Dose Journalière Tolérable (DJT) ou Admissible (DJA), c’est-à-dire la quantité de substance à laquelle l’individu peut-être exposé quotidiennement et tout au long de sa vie, sans risque pour sa santé. Cette dose est établie par des comités d’expert, sur la base d’une analyse des études toxicologiques et, parfois, épidémiologiques. Elle est généralement déduite de la NOAEL, No  Observable Adverse Effect Level, la plus forte dose administrée à l’animal pour laquelle aucun effet délétère pour sa santé n’a été observé. Elle est exprimée en mg par kg de poids corporel et par jour. Pour passer de la NOAEL à la DJT (ou DJA), on applique un facteur de correction (généralement de 100 à 1000) prenant en compte les variabilités interespèces entre l’animal et l’homme. Un seul type de produit fait exception à la règle, les substances cancérogènes génotoxiques pour lesquelles on considère que seule la dose zéro est sans effet.

Toutes les études n’ont pas le même poids dans l’évaluation d’un risque. « On tient un peu plus compte des données académiques que des données obtenues in vitro, mais beaucoup moins que des données obtenues par les laboratoires qui bénéficient d’une reconnaissance internationale car respectant les bonnes pratiques de laboratoire et placés sous assurance qualité » précise Gérard Pascal. La toxicologie réglementaire mobilise ainsi des tests précis, qui répondent généralement aux lignes directrices établies par l’OCDE. Celles-ci sont le fruit de groupes d’experts qui ont réfléchi durant des années aux protocoles les plus adaptés pour démontrer un effet toxicologique donné.

Le BPA, l’Efsa et l’Anses

Initialement, la DJT fixée par l’Efsa, l’autorité européenne de sécurité des aliments, était de 50µg/kg/jour. Or de nombreuses études ont montré des effets à des doses équivalentes ou moindres à la NOAEL, jetant le doute sur la robustesse de la valeur seuil : était-elle suffisamment basse pour garantir la sécurité du consommateur ? L’Efsa a, depuis, établi une DJT plus faible de 4µg/kg/jour, sur la base d’une NOAEL de 5mg/kg. Pour autant, le débat n’est pas clos puisqu’il y a encore aujourd’hui des études qui montrent des effets à des doses inférieures à la NOAEL.

En France, pour mener l’évaluation des risques sanitaires du BPA, l’Anses a fait évoluer 1 le procédé d’évaluation « vers une prise en compte systématique de l’ensemble des données disponibles pour identifier les dangers, selon une approche fondée sur le poids des preuves » indique Catherine Viguié.

Rappelons qu’en France, l’Assemblée nationale a voté en 2011 l’interdiction du BPA dans les contenants alimentaires. Cette mesure est effective depuis 2014 (2013 pour les contenants infantiles).

  1.  En savoir plus : https://www.anses.fr/fr/content/evaluation-des-risques-sanitaires-li%C3%A9s-au-bisph%C3%A9nol-comment-l%E2%80%99anses-t-elle-travaill%C3%A9




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