Les échos & le fil

Published on 8 mars 2019 |

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Les échos #9-2019

Par Yann Kerveno

Maintenant que le Salon de l’agriculture a fermé ses portes sur une fréquentation en baisse sensible (40 000 visiteurs en moins, mais ce n’est pas grave, c’est « positif »), Libération nous explique que cette grand-messe n’est pas la réalité. Tiens donc.

La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté est même montée au créneau dans une tribune délivrée par Le Monde dans laquelle elle avait appelé, avant le Salon, à cesser l’agribashing. Le rappel n’était peut-être pas inutile alors qu’un agriculteur semble bien avoir été agressé par un voisin alors qu’il procédait à l’épandage d’un désherbant dans un champ. En tout cas avec le printemps nous verrons certainement fleurir les complaintes des municipalités qui ne peuvent plus utiliser de glyphosate pour désherber les rues et les espaces publics. C’est d’ailleurs une des questions étranges qui se pose à l’agriculture. Pourquoi, en dépit des plans Ecophyto, l’agriculture française consomme-t-elle chaque année plus de pesticides ?

Deux économistes, Cécile Aubert et Éric Giraud-Héraut, livrent quelques pistes permettant de comprendre les raisons de cet échec. Mais les choses bougent. Toujours dans le Monde, Sophie Michel nous rappelle qu’une autre manière de concevoir des filières agroalimentaires se met en place, avec le développement des projets alimentaires territoriaux. Peut-être est-ce là l’outil qui changera, au final, l’image de l’agriculteur dans la société ?

Au Brésil, en dépit des promesses délétères pour l’environnement du nouveau gouvernement, il se trouve encore des convaincus pour avancer, comme ce tout nouveau groupe porté sur les fonts baptismaux fin février : l’association brésilienne des producteurs de viande à carbone neutre (Brazilian association of carbon-neutral meat producers).

Les membres de cette association s’appuieront sur les travaux de l’institut Embrapa et devront adopter un système d’élevage agroforestier. Marfrig, un des principaux opérateurs mondiaux de la viande bovine, a même rejoint le mouvement et un logo portera le message jusqu’au consommateur.

Il y a longtemps que nous n’avons pas parlé ici de bien-être animal, et pourtant. Si les entreprises du monde entier font des efforts, et progressent dans sa prise en compte, il reste un levier ultime à actionner : le consommateur. Qui, s’il réclame davantage de bien-être pour les animaux n’est pas encore prêt à mettre la main à la poche pour que ses demandes deviennent réalité (Par ici l’étude complète 2018 – Business benchmark on farm animal welfare).

Tiens, et si nous faisions un petit détour par le monde du vin. Face à la technique la plus moderne développée pour produire des vins de plus en plus sophistiqués, certains prennent le contre-pied, en particulier en Australie, LE pays du vin industriel.

Si jusqu’à maintenant cette boisson a en grande partie échappé aux récriminations quant à son empreinte carbone, ce n’était peut-être que partie remise. Drink Business rapporte les propos d’un scientifique qui signale que jusqu’à aujourd’hui, l’empreinte carbone a été, en effet, mise sous le tapis et que le problème vient, majoritairement, de la fermentation. Et qu’on ferait bien de capturer ce carbone. S’il est une entreprise parmi les leaders mondiaux qui s’est saisie de cette question, c’est bien le catalan Torres, depuis que son patron, Miguel A. Torres, a percuté en regardant le documentaire d’Al Gore (vous vous souvenez, c’était en 2006).

Depuis 2008, l’entreprise a investi 12 M€ dans son programme initiatives vertes et y consacre chaque année 11 % de ses bénéfices. L’objectif d’alors était de réduire les émissions de 30 % d’ici à 2020, puis à terme de devenir une entreprise « carbon neutral ». En 2017, l’empreinte carbone de chaque bouteille avait été réduite de 15 % et, depuis, l’entreprise mène des recherches pour capturer le carbone de la fermentation et le transformer en énergie.

La vision de Miguel A. Torres était juste, lui qui annonçait qu’un réchauffement climatique de 2°C serait catastrophique pour la viticulture espagnole. Selon l’université polytechnique de Madrid, c’est même le vignoble du monde qui est le plus exposé aux effets de ce réchauffement. Même en Allemagne la question est étudiée de près. Une expérience a été menée in vivo pour observer le comportement de la vigne dans le futur, en exposant les ceps aux doses de CO2 qu’ils pourraient connaître dans une trentaine d’années

Peinant à convaincre ses collègues espagnols, depuis 2011 il n’a su convaincre que 20 bodegas du pays à rejoindre sa préoccupation, Miguel A. Torres vient de s’allier avec une autre entreprise, américaine celle-là, Jackson Family Wines, pour créer l’association internationale pour l’action climatique. Et si vous ne savez pas quoi faire ce week-end, plongez-vous dans l’écoute de La Suite dans les idées à propos des « vins nature ».

Et si vous l’avez manqué mercredi, le #thread était consacré cette semaine à la mafia et sa mainmise sur l’agriculture italienne, mais pas seulement.

Bon week-end !

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