Published on 30 octobre 2020 |
2Les échos #30-2020
Dans les textes votés par les parlementaires européens la semaine dernière à propos de la future PAC, il y a cette disposition qui irrite. En effet, s’il sera interdit d’utiliser le terme fromage vegan, l’appellation steak végétal sera toujours permise au grand dam de l’industrie de la viande. Pendant qu’on s’étripe sur le champ de bataille sémantique, les industriels du secteur, eux, ne se posent guère de question. Impossible foods annonce travailler à des similis d’œuf et d’un lait qui serait, « meilleur que ce qui peut sortir d’une vache. » L’entreprise, qui fêtera son 10e anniversaire l’an prochain, a levé 1,5 milliard de dollars depuis sa création dont près de la moitié en 2020… De son côté Aleph Farms, qui avait mené, l’an passé, une expérience dans l’espace de production de « viande cellulaire » avec une bioimprimante 3D, a dévoilé son plan « Aleph Zero » pour se préparer à produire de la viande cellulaire à grande échelle… Histoire d’être les premiers… sur Mars. Et d’être apte à fournir de la nourriture dans un espace sans resources.
Dans un tweet récent, Bertrand Valiorgue fait remarquer qu’il est paradoxal que la viande cellulaire se développe sans susciter les mêmes craintes ou interrogations que celles générées par les OGM. Et ce, alors que les consommateurs français sont visiblement les plus inquiets quand il s’agit de manger… Dans une analyse publiée récemment, Quentin Mathieu prévient que « la mise en marché de ces produits par la grande distribution sans réelles distinctions avec les autres produits carnés confirme également le faible soutien de l’aval alimentaire vis-à-vis des filières d’élevage qui évoluent dans un contexte économique et social difficile. La perspective de vendre des produits avec une forte marge commerciale et de mettre en concurrence les produits carnés semble être une opportunité suffisamment lucrative. » De son côté, le groupe de travail « Flexitarisme : une opportunité pour la chaîne alimentaire ? » du think tank Agridées vient de rendre ses conclusions et émet quelques propositions qui vont de réserver le terme viande aux produits de l’élevage jusqu’à la protection des désignations usuelles caractérisant les produits carnés, en passant par la création d’une interprofession agricole et alimentaire transversale. (La note est téléchargeable ici). Gilles Luneau, lui, ne met pas de gants pour dénoncer dans Le Monde le prosélytisme des partisans de la viande végétale, derrière lesquels ils voient les appétits financiers de l’industrie et une naïveté (?) doublée de mauvaise foi. En attendant, sachez aussi que le futur de l’élevage bovin passe peut-être par le buffle et que le consommateur français, s’il se détourne du steak de bœuf, résistera probablement plus longtemps que d’autres aux « viandes » technologiques ainsi que l’explique Pascale Hébel dans les colonnes de Sesame #8.
On suit avec intérêt, depuis son lancement, le carnet de recherche de Valery Rasplus consacré au genre en agriculture, et puisque Noël approche, on peut se pencher sur le dernier billet consacré à la façon dont les fabricants de jouets reproduisent des schémas plus que cinquantenaires, avec même des tracteurs roses. Libération a aussi consacré un article à la place des femmes dans l’agriculture, expliquant que leur présence, c’est contre-intuitif, a tendance à se contracter. À l’aval de l’agriculture, l’industrie de la viande a encore beaucoup de chemin à faire dans le domaine comme le relève l’association anglaise Meat Business Women. Elle en a effet calculé que si les femmes occupaient 36 % des postes de travail dans cette industrie, elles n’occupent que 5 % des postes de direction.
Après son passionnant plaidoyer pour que les urbains, s’ils viennent à la campagne, viennent y faire « campagne », le berger catalan Marc August Muntanya se demande pourquoi les gens pénètrent allègrement dans les bois pour y chercher des champignons alors que ceux-ci sont… privés. Et que la propriété privée est sacrée de nos jours. « C’est comme rentrer chez quelqu’un pour y faire un barbecue » écrit-il avant de plonger dans l’histoire, il est aussi historien, pour comprendre le phénomène. Si cette appropriation de l’espace rural par tout un chacun (des villes et d’ailleurs) n’est pas nouvelle, elle est répandue. On voit souvent sur twitter les photos de dépôts sauvages mais parfois ces appropriations sont plus touchantes.
J’ai peur de semer sur cette tombe….. comment je fais??? pic.twitter.com/mq6Q5nxMtm
— Vannier Céline (@celine_vannier) October 16, 2020
Rapidement pour finir, et parce que la politique c’est réfléchir, anticiper, gérer, voilà un exemple propre à faire chaud au cœur des démocrates, loin des imprécations ou de la doxa. Le parti pirate, qu’on n’attend pas forcément sur ce terrain-là, s’est penché sur la réautorisation des néonicotinoïdes avec intelligence. Notez aussi l’interdiction toute prochaine du Mancozèbe, un fongicide toxique pour la reproduction et nocif pour le milieu naturel comme le soulignait l’évaluation de l’Anses, décidée la semaine passée par l’Union européenne. Sachez aussi qu’après la peste porcine, 70 sangliers touchés dans l’est du pays, voici l’Allemagne concernée par deux foyers de fièvre catarrhale (blue tongue) non loin des frontières françaises et belges. Bon sinon, il y a aussi le Brexit et l’affaire semble mal engagée (ce qui n’est pas un scoop en soi). En tout cas, les industriels de l’agroalimentaire anglais envisagent sérieusement de cesser d’expédier leurs produits en Irlande du Nord pour échapper aux fourches caudines des normes de l’Union européenne… Prenez soin de vous, moi, j’y retourne !
The armadillo is cooling off on the wet sand.#tatu#WildBrazil🇧🇷 pic.twitter.com/Y2xTZYqD5b
— SLE Farms 🇧🇷 (@StaLuziaEsteio) October 15, 2020
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Quelle occasion manquée pour les éleveurs que de ne pas collaborer avec les associations de protections de la nature qui sont les seules soutenir l’élevage (extensif) pour maintenir des prairies ( naturelles ) au nom de la biodiversité