Sciences et société, alimentation, mondes agricoles et environnement


Les échos & le fil

Publié le 8 janvier 2021 |

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Les échos #1-2021

Par Yann Kerveno

Les multiples évolutions (révolutions) qui toquent à la porte de notre alimentation fournissent à la presse spécialisée l’occasion de nombreux articles. Un peu à l’image des papiers marketing « tendances » des magazines qui fleurissent à chaque nouvelle étude. Il est plus rare que le secteur se projette une décade plus loin. Dans un long entretien donné à Food Navigator, Morgaine Gave, « futurologue de l’alimentation », partage les pistes qu’elle entrevoit pour 2030 : de nouveaux ingrédients, comme l’air (si si), le développement d’aliments à haute teneur en protéines, d’aliments « personnalisés », une révolution dans les circuits de distribution qui pourrait être fatale aux supermarchés… Mais, puisque le changement c’est aussi maintenant, on apprend qu’une entreprise américaine proposera une tablette de café, à l’instar de celles au chocolat… « Jusqu’au 19e siècle, le chocolat n’était consommé qu’en boisson avant de devenir un aliment, pourquoi ne pas faire la même chose avec le café » justifie le PDG de The Whole Coffee Co ? Ce n’est pas faux. Et le distributeur américain Whole Foods, qui vient de publier ses dernières analyses de tendances, lui donne involontairement raison. Dans les 10 points à observer cette année figure en particulier le développement de la consommation du café dans de nouveaux instants de consommation. Au diable l’expresso, vive le smoothie au café ! Alors pourquoi pas en tablettes !


On nous annonce aussi l’arrivée sur le marché du premier miel végane, une innovation alimentaire obtenue sans abeilles don en reproduisant les processus chimiques qui permettent de « convertir le nectar en miel. » Et le lait de chamelle ? On en parle ? Celui-là n’est pas issu de plantes mais de l’entreprise Al Ain Farms, aux Émirats arabes Unis qui voit dans le marché chinois de grandes opportunités de développer sa production. D’ailleurs, Al Ain Farms est en train d’agrandir une de ses fermes pour porter sa capacité d’accueil à 4000 vaches et compte déjà 1800 chamelles.

En Écosse, les pêcheurs font grise mine après la signature in extremis du « deal » des nouvelles relations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Avec à la clé une baisse substantielle des quotas attribués à la flotte de pêche écossaise selon l’analyse du gouvernement de Nicholas Sturgeon [relire ici le dossier que nous avons consacré à la pêche]. D’ailleurs, si le grand chaos a été évité avec cet accord de dernière minute, des grains de sable restent tout de même bien présents dans les rouages du commerce entre le continent et le Royaume-Uni ; le pays a anticipé et augmenté à plus de 30 000 le quota de visas accordés aux  travailleurs saisonniers autorisés à venir œuvrer dans les champs en 2021.


En Espagne, les vétérinaires, en mal de reconnaissance, ont créé la fondation Animal Hub pour faire valoir leur importance sociale. Toujours en Espagne, on ne sait pas si Don Quichotte était amateur de safran, mais la récolte de safran de la Manche, appellation d’origine, est en net recul cette année, 450 kilos contre 600 pour une année normale, alors que la superficie est restée stable, 126 hectares. Voilà qui promet quelques tensions sur les prix, un peu à l’aune, toutes proportions gardées, de ce qu’il se passe pour l’huile de palme alors que la Chine entend se tailler une place de leader sur ce marché. La production de cette huile, fort décriée par les défenseurs de l’environnement pour les outrages qu’elle fait subir aux écosystèmes, est aussi montrée du doigt pour le travail des enfants… Restons en Chine, pays qui prévoit d’importer, ce serait un record, 100 millions de tonnes de soja en 2021 alors que son cheptel porcin, décimé par la peste porcine africaine, a aujourd’hui été reconstitué à… 90 % selon les autorités chinoises. Moins connue sur ce marché, l’Algérie en est aussi un acteur majeur puisqu’elle figure à la quatrième place des importateurs et pourrait devenir, c’est une projection du ministère américain de l’agriculture, « un des principaux hubs de trituration de soja sur le continent africain. »


De l’autre côté du continent, l’heure est à l’inquiétude. La FAO destine 40 M$ à la lutte contre les criquets en Afrique pour financer les opérations de contrôle des essaims, la menace planant toujours fortement pour cette année. En 2020 cette surveillance a permis, selon la FAO, d’éviter la destruction de 2,7 millions de tonnes de céréales dans 10 pays. 1500 personnes sont affectées à cette mission, avec 20 avions et 110 pulvés montés sur des tracteurs terrestres. Les Nations Unies ont d’ailleurs déjà tiré la sonnette d’alarme à la mi-décembre pour le Yemen, pays qui n’avait pas forcément besoin de cela, et la corne de l’Afrique, en particulier en Éthiopie et en Somalie… 2020 fut une année terrible, on n’avait plus vu cela depuis des dizaines d’années, tandis que se déploie l’intelligence artificielle pour aider les agriculteurs à mieux prévenir les vols


Enfin, plongez si vous avez cinq minutes dans l’histoire d’une des marques agroalimentaires iconiques des États-Unis, Hot Pocket, des sandwiches congelés. Et ce depuis sa création par deux immigrants iraniens en passant par le rachat depuis par Nestlé. Des sandwiches qui ont conduit au meurtre, permis à un acteur de prendre une vingtaine de kilos pour décrocher un rôle et à d’autres de perdre… du poids ! Sinon pour finir, jetez donc un œil au thread de la semaine, nous nous sommes penchés sur la liste des articles les plus lus de 2020 sur le blog de Sesame !

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