De l'eau au moulin

Published on 16 novembre 2018 |

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La (seconde) vie des animaux (de labo)

Par Anne Judas

C’est la saison des prix : le GRAAL (Groupement de Réflexion et d’Action pour l’Animal) vient de se voir décerner le prix Abel Brion de l’Académie Vétérinaire de France pour son action et pour l’édition du « Guide de la retraite des animaux de laboratoire »1. Le Graal dédie ce prix… à tous ces animaux, dont on ne connaît pas aujourd’hui le nombre exact.

Dans ce guide, les utilisateurs d’animaux de laboratoire trouveront toutes les informations utiles à la mise en œuvre d’une retraite rapide et encadrée. Depuis 2005 et la mise en œuvre par le Graal du concept de retraite (ou “rehoming”) des animaux de laboratoire, plus de 80 unités de recherche ont répondu favorablement à l’action de l’association et font vivre ce concept éthique2.

Grâce aux efforts conjugués du Graal, de chercheurs, de divers organismes et structures, des ministères de tutelle, des lieux d’accueil et des adoptants, plus de 3000 animaux sont aujourd’hui officiellement retraités des laboratoires. Après avoir servi la médecine vétérinaire, la médecine humaine ou encore la recherche fondamentale, les futurs retraités qui présentent une intégrité physique et comportementale attestée par les vétérinaires se voient délivrer un certificat vétérinaire de bonne santé (CVBS), véritable sésame pour leur sortie de laboratoire.

Pour le Graal, offrir une deuxième vie à ces animaux qui ont déjà tant donné à l’homme est de notre responsabilité commune. L’objectif est d’éviter l’euthanasie systématique3 faute de solution alternative et organisée au plan national, alors même qu’aucun texte ne prévoit le recours à l’euthanasie en l’absence de nécessité vétérinaire.

L’euthanasie volontaire et sans nécessité est passible de sanctions aux termes de l’article R655-1 du Code Pénal. Les pratiques en laboratoire doivent se conformer à cette exigence légale et en outre, éthique.

Une fois confiés au Graal, ces animaux sont placés dans des structures d’accueil appropriées, sanctuaires ou espaces zoologiques pour les animaux sauvages, refuges ou adoptants particuliers pour les animaux domestiques.

Outre les très nombreuses vies épargnées, le Graal souligne que la démarche a permis aux chercheurs d’expérimenter un autre regard sur les animaux qui sont devenus sujets de réflexion et d’attention.

L’Opal, autre association française de défense des animaux de laboratoire (constituée en 1968) a organisé en 2018 un colloque intitulé « 50 ans au service de l’animal et de la recherche. Comment aller plus loin ? ».

C’est bien la question, puisque, comme dans tout bon dossier de retraite, les chiffres sont un vrai sujet et la question du financement aussi. Parmi les institutions, seul le Ministère de l’Agriculture contribue.

A l’Inra, une convention a été passée avec le Graal. Une note de service (ns 2017-19) encadre le placement des pensionnaires des labos. Il ne reste plus aux chercheurs, directeurs d’unité et chefs de département qu’à s’en saisir.

 

Contacts Graal : contact@graal-defenseanimale.org, rehabilitation@graal-defenseanimale.org

http://www.graal-defenseanimale.org

 

 

  1. « Guide de la retraite des animaux de laboratoire » (2018, 44 p., disponible sur demande auprès du Graal ou sur le web). Voir aussi l’aide-mémoire du Gircor ici
  2. Il s’agit du « 4e R » de « remplacer, réduire, raffiner, réhabiliter » voir la démarche décrite dans le schéma qui suit le témoignage d’une chercheuse
  3. Article R.214-107 du code rural et de la pêche maritime : « Dans la mesure du possible, la mort doit être évitée…» et article R.214-110 : « Si un animal est gardé en vie, il reçoit les soins appropriés et est hébergé dans des conditions compatibles avec son état de santé. Il est placé sous la surveillance d’un vétérinaire ou d’une autre personne compétente désignée par le responsable du projet, dès la fin de la procédure expérimentale, en vue de garantir son bien-être.»

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