À mots découverts

Published on 12 juin 2017 |

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[Chiffres] René Dumont, la famine, en l’an 2000. [7/9]

Par Valérie Péan.

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« Aujourd’hui, j’affirme qu’il existe, avant 1980, le risque d’une famine largement généralisée à travers la majorité du tiers monde (…) Au rythme actuel, 80% de la population du globe sera sous-alimentée en l’an 2000 ! »

Nous sommes en 1966. L’agronome René Dumont, expert auprès de la FAO, vient de publier avec B. Rosier son dernier ouvrage « Nous allons à la famine » et répond aux questions d’Olivier d’Ormesson dans les pages du Figaro Agricole*. A l’époque, il faut dire que la famine en Chine venait de causer près de 30 millions de morts et que se succédaient des épisodes graves en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne. Et, du côté de la démographie, cela fait trente ans que le taux d’accroissement naturel connaît une montée en flèche au point qu’entre 1920 et 1970, la population mondiale a doublé pour atteindre 3,6 milliards.

Pour René Dumont, cette vigueur est une catastrophe : « Nous assistons impuissants à une course de vitesse entre la croissance de la population et l’augmentation de la production agricole ».  S’appuyant alors sur une hypothèse de 6 milliards d’hommes sur la planète en 2000, estimation qui s’est avérée étonnamment exacte (à ceci près que le taux naturel de croissance des pays développés était surestimé), il préconise certes l’élévation de la production agricole dans le tiers-monde et dans les pays développés, mais assortie d’un impératif : « Obtenir une prise de conscience mondiale de la nécessité de limiter les naissances ». Antinataliste, René Dumont ira plus loin dans un ouvrage ultérieur, «  l’utopie ou la mort », enjoignant en premier lieu les pays développés à tendre vers une croissance zéro, en supprimant tous les avantages sociaux profitant aux « procréateurs irresponsables ».

Dans ce cadre, comment ne pas penser que le spectre de la famine ainsi mis en avant constitue un sacré « tue-l’amour » ?
*Merci à Egizio Valceschini, président du Comité d’Histoire de l’Inra et du Cirad, de nous avoir fourni cette archive.

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