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De l'eau au moulin

Publié le 24 mai 2022 |

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[Territoires du littoral] L’île de Ré, attractive et vulnérable

Par Dominique Chevillon1, Président de Ré Nature Environnement, Vice-Président de la LPO France, Vice-Président du parc Naturel Marin de l’estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais, dirigeant d’une société d’assurances, ancien Président du Conseil Économique et Social de Nouvelle-Aquitaine.

Le tour de l’île

Dans le turbulent golfe de Gascogne, l’île de Ré s’étend sur 85,3 km2 auxquels s’ajoutent 45 km2 d’estrans découverts par marée basse de vives eaux (coefficient supérieur à 110). Ses 30 km de long pour 5 km dans sa plus grande largeur sont pinçés par un isthme d’une centaine de mètres de large. A mi-chemin entre le pôle nord et l’équateur (46° 10 ‘et 1° 14’) elle bénéficie d’un climat océanique avec ses pluies d’automne, de 2250 heures d’ensoleillement annuel, de rares gelées. Elle abrite une végétation « méditerranéenne » de figuiers, vignes, chênes verts, amandiers, pins parasols, lauriers, etc. La plupart des plantes indigènes y connaissent un cycle végétatif du début de l’automne à la fin du printemps, coïncidant avec les pluies océaniques, l’été étant la période sèche accentuée par l’importance des sables. Dunes bordières et dunes grises constituent la majeure partie des sols rétais avec au nord, des terres de bri (argile « bleu »), celles des marais salants gagnés par poldérisations sur la mer (à Loix, Ars, Les Portes, Saint-Clément-des-Baleines), et au sud quelques sols de groies argilo-calcaires d’un brun rougeâtre appréciées pour la vigne.

Dix communes y sont réunies en Communauté de communes. Elles comptent 17 500 habitants en 2019, soit 205 au km2. Cette population passe à 150 – 160 000 habitants du 14 juillet au 15 août soit 1882 au km2. En 1790, avec 17685 habitants, dont environ 1000 hommes de troupe, l’île de Ré était aussi peuplée qu’aujourd’hui, mais les villages moins étendus2.

Ses côtes basses sont caractéristiques de la géomorphologie du trait de côte entre Loire et Gironde : l’île est « une galette », comme l’avait appelée un habitant de la haute et rocheuse île de Groix (85,6 km2). Cette terre plate est située pour 22% de sa surface en dessous du niveau de la mer et résiste aux tempêtes et grandes marées grâce aux digues et dunes bordières, confirmant cet adage local : « Dune vaut digue ».

Autre spécificité, un cadre réglementaire original et protecteur a été décidé après le rattachement de l’île au continent par un pont de 2929 m ouvert en 1988 : 80% de sa surface est classée pour ses sites et paysages pittoresques, le reste étant « inscrit » au titre de la loi de 19303. C’est une situation exceptionnelle en France qui réduit significativement la constructibilité et l’étalement urbain.

Enfin, l’île de Ré dépend du continent notamment pour l’eau potable, la nourriture. L’hôpital s’y trouve. La proche agglomération de La Rochelle pallie aux services absents de l’île.

Sur la côte atlantique, des îles et des hommes

Dans les années 1950-1960 : un littoral peu peuplé et peu urbanisé

En ces années d’après-guerre, l’heure était aux activités traditionnelles en lien avec la mer : pêche, conchyliculture, construction navale, échanges portuaires et militaires, la mer étant une frontière. Il existait un fort soutien, public et privé, à ces activités. Les mers ayant moins été pêchées pendant la Seconde Guerre mondiale, le poisson était abondant. La viticulture était un secteur important, mais le premier employeur de l’île était la prison  – l’ancien « bagne ». Le tourisme se développait lentement. L’île de Ré était alors peu connue, et principalement des Rochelais et des habitants de la région. La population permanente y était de 9682 habitants en 1962.

1970-1980 : le développement du tourisme littoral d’été et du camping

Ces années virent la découverte, pendant les vacances d’été, de la mer par les masses. Camping sauvage et organisé, colonies de vacances, « boom » des bains de mer et de soleil « bons pour la santé » ! L’île de Ré devint attractive. Le recul des activités traditionnelles  – vigne, ostréiculture, saliculture, maraîchage – s’engagea. Les friches agricoles s’étendirent, la forêt gagna du terrain. Le pillage des estrans par les pêcheurs à pied fut destructeur pour le littoral : jusqu’à 50 bus stationnaient près du plateau rocheux du phare de Chauveau, des voyagistes organisaient la ruée vers la côte aux périodes de grandes marées. Le piétinement et les multiples chemins détruisaient les dunes. Quelques élus s’en émurent… L’île de Ré commençait à être connue et la population permanente passa à 11395 habitants en 1982.

1990-2000 : résidences secondaires, constructions et services associés

Les prix du foncier et de l’immobilier explosèrent dans les villages après la construction du pont de Ré en 1988. En effet, il permit d’accéder à l’île de jour comme de nuit depuis Paris, Nantes, Tours et Bordeaux, et surtout depuis l’agglomération de La Rochelle, principal vivier de population permanente sur l’île. Le classement des espaces naturels (80% du territoire), l’inscription des villages (pour le reste, soit 20%) imposa des contraintes limitant la construction. L’impossibilité de construire dans les espaces naturels renchérit les coûts et renforça l’attractivité d’un territoire préservé. De plus, la loi Littoral de 1986 fut bien appliquée par les communes. Les seules et rares constructions existant dans la bande des 100 mètres étaient antérieures à la loi. Les activités traditionnelles de viticulture et d’ostréiculture repartirent et un rajeunissement des emplois des activités primaires s’amorça. La saliculture fit un retour notable.

On vit une évolution rapide de la destination des sols : les Surfaces Agricoles Utiles (SAU) diminuèrent de 30% en Charente-Maritime [contre 25% sur l’ensemble du littoral français] au profit exclusif de l’habitat des particuliers dans les villages, entre 1970 et 2000 (Source Corine Land Cover). Les clos maraîchers et jardins rétais furent progressivement bâtis… La population permanente passa à 16516 habitants en 1999.

2010-2020 : la ruée vers la mer

La population française dit « rêver d’habiter sur la côte », pas seulement en saison, mais en villégiature ou à la retraite, pour y profiter de la qualité de la vie, de la mer… Dans l’île de Ré, comme en d’autres lieux, la beauté des paysages, la biodiversité présente et visible est une valeur et un argument pour attirer les visiteurs. L’île de Ré devient une destination touristique courue. L’ensemble des élus est conscient des attraits de la protection et la notion de « 80/20 » (80% d’espaces naturels pour 20% de bâti) est érigée dans le SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) d’octobre 2012 puis dans le PLUI (Plan local d’urbanisme intercommunal) de décembre 2019, en un véritable choix politique d’aménagement du territoire. Dans le même temps, échappant aux élus, la mode du camping disparaît au bénéfice du « mobile home » plus confortable pour des séjours toute l’année, voire d’une nouvelle forme de résidence secondaire temporaire. Les campings détenus par des familles locales sont vendus à de grands groupes internationaux spécialisés qui les rentabilisent en les densifiant. Ils deviennent alors de grands villages permanents et peuvent héberger plusieurs centaines de personnes.

En 2010, la tempête Xynthia ouvre une nouvelle donne (voir ici).

L’application des réglementations se renforce car on cherche à protéger l’île des inondations et des risques climatiques, notamment de l’élévation du niveau de la mer qui serait imputable au réchauffement global. Cela contraint encore davantage la localisation de l’habitat et les activités.

Xynthia a rappelé la vulnérabilité des côtes basses et l’exposition de Ré aux submersions marines. En 2011, les Programmes d’Action et de Prévention des Inondations (PAPI) lançés en 2002 par l’Etat ont été révisés pour intégrer ce type de risque : ils permettent de financer une politique globale de gestion des submersions. Les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) créés en 1998 ont eux aussi été « accélérés » en 2011 : ils restreignent encore la constructibilité. Par contre, la reconstruction et la confortation des digues font de l’île un chantier permanent. Enfin la compétence de la « Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations » (GEMAPI) est devenue en janvier 2018 une compétence des établissements publics de coopération intercommunale comme la Communauté Des Communes (CDC) de l’île de Ré.

Travailler et habiter sur place ?

Depuis 2000, déjà, travailler et habiter sur place devenait impossible pour les revenus modestes : le mètre carré s’y loue en moyenne 56% plus cher que dans le reste de la Charente-Maritime, y compris l’île d’Oléron voisine. On construit moins, on aménage. On restaure et densifie l’habitat sous l’effet de la Loi ALUR, du SCOT puis du PLUI de Ré. La sélection des habitants par l’argent est réelle, sauf pour ceux qui ont acquis leur bien « avant le pont », c’est-à-dire avant 1988, ou dans le cas d’un patrimoine bâti familial hérité de la génération précédente. Des rétais natifs de l’île ne peuvent plus y habiter. Trop cher… AirBnB a fait exploser la location « comme à la maison » et devient une source importante de revenus, mais entraîne une diminution drastique des biens loués à l’année. L’investissement locatif colonise les villages et prend un statut de placement financier très rentable, mais au ticket d’entrée très élevé.

La période de la crise du Covid-19, avec la possibilité accrue de travailler à distance, est venue compléter l’attractivité de l’île. Les travaux dans les résidences secondaires, ou les reconstructions après destruction du bâti et investissements locatifs sont les moteurs des activités du bâtiment et les îles deviennent des poumons économiques pour la Charente-Maritime.

Pour Ré, les effets de cette attractivité sont cependant neutralisés par la cherté des prix – du foncier, de l’immobilier, mais aussi la cherté de la vie, simplement. Viennent ensuite les contraintes de constructibilité. Avec l’intensification de la fréquentation – il y a jusqu’à 180 000 habitants au coeur de l’été – et avec l’intensification des déplacements quotidiens entre le continent et l’île, la population permanente de Ré se stabilise autour de 17 500 habitants.

Ré désirée, fréquentée… mais (encore) préservée

Selon toute probabilité, la croissance globale de la population littorale devrait augmenter.

En projetant les tendances observées, Le modèle Omphale 20104 prévoit, à échéance 2042, 3 scenarii d’augmentation des populations littorales atlantiques : + 19,7% soit une augmentation de 7,3 millions d’habitants par rapport à 2007 ; + 27,7%, soit 7,8 millions d’habitants, voire une augmentation encore supérieure de +36%, soit 8,3 millions d’habitants.

La croissance démographique des régions littorales atlantiques – Pays de
la Loire, Bretagne et Nouvelle-Aquitaine – devrait se poursuivre à un rythme plus rapide que la moyenne française5

Le tourisme dans l’île de Ré et les services aux vacanciers et résidents secondaires sont un succès économique majeur. La Charente-Maritime est le deuxième département touristique de France (en excluant Paris), derrière le Var. En nombre d’entreprises, Ré a multiplié ses services par vingt en 40 ans (Source : Annuaire des professionnels).

Le fait d’organiser l’île en 80% d’espaces naturels pour 20% d’espaces bâtis a été un choix politique du Conseil Communautaire de la CDC île de Ré. Inscrit dans le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT)6 de 2012, annulé en 2015, il a été confirmé par le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI)7 de 2019. Mais ce PLUI a fait l’objet de treize recours, et une enquête publique est encore en cours sur l’un de ces points (Source : Communauté de Communes île de Ré).

Le classement des sites et paysages naturels, l’inscription des villages, la Réserve Naturelle Nationale de Lilleau des Niges créée en 19808, une biodiversité très riche sont des atouts contribuant à l’attractivité du territoire. Les réglementations au titre de la loi Sites et paysages de 1930 sont aujourd’hui perçues par le plus grand nombre comme protectrices de l’île. Les manoeuvres de contournement sont rares, mais les associations, et globalement les élus, veillent. La mosaïque des milieux naturels favorise une riche biodiversité de plantes vasculaires, d’insectes, d’oiseaux, et il n’existe pas de cultures agro-industrielles à Ré.

Au contraire, les activités primaires traditionnelles, elles, sont en phase avec les évolutions de la consommation.

La coopérative de maraîchage et viticulture est engagée, pour les pommes de terre primeurs et les vignes, sur une trajectoire de pratiques culturales raisonnées.

Pour ce qui est de la vigne, les traitements insecticides contre le ver de la grappe ont été abandonnés et remplacés par des pièges à phéromones posés avec la population et les associations – une démarche exemplaire9. Le sarclage léger, la conservation de bandes enherbées ont participé au renouveau des plantes messicoles. Les jeunes viticulteurs ont adopté des trajectoires vertueuses vers le vin « bio ». Cognac, pineau et vins sont vendus par la coopérative.

La pomme de terre AOP Île de Ré (Alcmaria et Charlotte) est précoce, prisée et rare : 2000 tonnes sont produites sur l’île, soit 2% de la production française de cette primeur.

La fleur de sel et le sel extraits des marais salants rétais sont renommés pour leur qualité naturelle et leur mode de production artisanal. Cette activité qui date d’environ 1000 ans s’est développée, avec sa coopérative propre. Elle produit en moyenne 3000 t de sel et 200 t de fleur de sel par an.

L’ostréiculture enfin, ses huîtres de pleine mer et de claires, marquent le territoire, la production locale étant en partie vendue et dégustée aux cabanes.

La vulnérabilité de l’île

L’île est vulnérable. La géomorphologie des côtes basses et, avec le réchauffement climatique, la montée prévue de la mer, accroissent encore les risques littoraux. Le Plan de prévention des risques littoraux (PPRL) et le Plan d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) actent cette vulnérabilité naturelle du territoire devant l’érosion, l’inondation, la submersion. Un plan digue déjà très engagé matérialise les protections et renforcements décidés10.

Ré connaît ses risques – on y a la culture du risque pourrait-on dire, car les prises sur la mer et les déprises se sont succédées au fil des avancées et reculs de la mer au fil des siècles. Faut-il rappeler qu’il y eut en moyenne un vimer  – une submersion par la mer  – tous les dix ans du XVIe au XXe siècle11?  C’est aujourd’hui un argument contre l’urbanisation.

La volonté nouvelle de verticaliser l’habitat – traditionnellement constitué de maisons basses – et la densification que prône la loi ALUR12 pour diminuer l’artificialisation des surfaces naturelles pourraient, paradoxalement, accroître les risques à l’avenir. Pourtant, comme l’a pointé un rapport du CESER de l’Atlantique, c’est bien cette vulnérabilité singulière de l’île de Ré qui devrait servir de rempart aux pressions d’augmentation de la population insulaire13.

Quant aux eaux littorales, elles se dégradent sous l’effet de ruissellement des intrants et pesticides agricoles, avec l’artificialisation des sols, avec le non-traitement des produits médicamenteux, hormones ou métaux lourds par les stations d’épuration. Seules les pollutions bactériologiques et d’origine biologique comme certaines microalgues sont contrôlées pour permettre les baignades et la consommation des bivalves14. Malgré cela des plages sont fermées chaque été sur le continent, mais Ré en est encore préservée.

Dans l’ensemble, la capacité d’accueil des communes littorales15 est atteinte et dépassée à certains moments d’affluence, l’été, mais aussi certains jours de l’année. Ré ne fait pas exception. Des problèmes de coupures d’eau, de circulation automobile, de services aux personnes, d’assistance, de mobilités menacent de « thrombose » le territoire…

Enfin, s’il existe sur l’île des emplois, les travailleurs qui les occupent sont logés sur le continent à 20,30, voire 40 km. La crise du logement, la cherté des locations sont telles pour les saisonniers qu’elles menacent sérieusement certaines entreprises. Loger à 30 ou 40 km impose des frais, des risques, des temps de transports de plus en plus dissuasifs pour les employés. D’autre part, le développement de l’artisanat ou de petites activités ne sont accessibles qu’à des investisseurs disposant de capitaux pour construire des locaux. Il y a bien un impact des coûts immobiliers sur l’activité.

La « dynamique du désir »

C’est un fait, les Européens aiment de plus en plus le littoral, les îles, et donc l’île de Ré. Les activités traditionnelles primaires bénéficient de cet afflux ponctuel, mais intense, de populations. Mais l’équilibre entre ce territoire, encore préservé par la volonté actuelle des élus, des associations et de sa population, d’une part, et les nuisances inévitables de la fréquentation de masse, d’autre part, est fragile.

La politique de protection de l’environnement, son financement par l’écotaxe issue des péages du pont, l’engagement de la Communauté de Communes île de Ré de conserver les 80% d’espaces naturels non bâtis pour 20% de bâtis ne sont pas gravés dans le marbre. Cela peut changer. Certains élus de la proche et tentaculaire agglomération de La Rochelle suggèrent de supprimer le péage pour faire de Ré un « terrain de récréation » plus accessible encore aux habitants de leur cité. A quoi s’ajoutent les appétits du business de l’immobilier et du béton qui seraient ravis d’y développer des investissements.

Pression supplémentaire et dramatique, l’industrialisation de la mer par l’État français s’annonce comme une menace avec les projets de zones éoliennes marines près des îles d’Oléron et de Ré. Au large des Sables d’Olonne, plusieurs parcs de gigantesques éoliennes de plus de 260 mètres de haut s’étendraient sur plusieurs milliers de km2 en plein Parc Naturel Marin de l’estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais (Parc créé en 2015), dans des zones Natura 2000 créées en 2009 au titre des Directives Habitats et Oiseaux, sur des voies migratoires entre l’Afrique, l’Amérique du Nord et l’Europe du Nord – pour ces raisons, 7 Réserves Naturelles Nationales en tout y ont été créées depuis 1974.

C’est d’une incohérence telle que, dans un front uni, des pêcheurs, des associations de protection de la Nature et de sports nautiques, des élus communaux et départementaux, des citoyens, ont rejeté très majoritairement ces projets destructeurs des écosystèmes marins. Le compte-rendu établi par le présidente de la Commission particulière du Débat Public (CPDP) paru jeudi 28 avril 2022, après cinq mois de débats publics houleux, s’en fait largement l’écho16, ainsi que la presse nationale et locale. Il souligne l’incohérence de l’État français et de l’Europe qui après 50 ans de constats scientifiques ont souhaité protéger leurs écosystèmes d’une grande valeur écologique, tout cela pour, en 2021, vouloir y installer des zones industrielles marines qui les détruiraient. L’ensemble des opposants au projet rappellent qu’on ne fera pas la transition énergétique au détriment de la bonne santé des écosystèmes et de leurs biodiversités associées car ils sont l’une des solutions reconnues dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Paradoxalement, la réglementation, qui prend en compte les réalités des risques naturels littoraux, actuels et futurs, a créé des cadres protecteurs pour les hommes, pour la nature et pour les biens, notamment en rendant inconstructible du foncier constructible. Ainsi le Plan de prévention des risques locaux (PPRL) est-il sûrement l’une des garanties nécessaires  – mais non suffisante  – pour conserver la sécurité, les attraits, la qualité de vie, la valeur patrimoniale naturelle de ce petit territoire singulier, beau et fragile. La volonté des élus aux prochaines élections municipales de 2027 sera déterminante. La « digue » tiendra-t-elle contre les appétits insatiables de développements et de constructions ?

Lire la suite du dossier : L’agriculture, problème ou solution pour l’avenir des îles ?

  1. Dominique Chevillon est issu d’une vieille famille du littoral charentais, de La Rochelle, dont les premières mentions datent de 1570. Une partie de ses ancêtres ont émigré au Québec sur le Saint-André, un bateau parti de La Rochelle en 1659. Investi aussi dans le patrimoine maritime, il préside l’Association des Écluses à Poissons de l’île de Ré (ADEPIR), qui gère les pêcheries en pierres multicentenaires caractéristiques des îles d’Oléron, Ré, et Noirmoutiers. Après une enfance et une adolescence à La Rochelle, il habite l’ile de Ré depuis plus de 40 ans.
  2. Voir Augeron M., Boucard J., Even P., 2016. « L’histoire de l’île de Ré, des origines à nos jours ». Croit Vif Editions.
  3. La Loi du 2 mai 1930 et ses ajustements postérieurs ont confirmé la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000006074251/
  4. Rapport Populations et Augmentation des activités littorales atlantiques, Enjeux fonciers, CESER de l’Atlantique (juin 2013), https://ceser-nouvelle-aquitaine.fr/sites/default/files/2021-03/BR-light-CESER-RAPPORT-2020_compressed%20%284%29.pdf.
  5. Voir le rapport des CESER Atlantiques, 2020. « Une nouvelle dynamique de développement de la façade atlantique ».
  6. Un Scot est un schéma d’aménagement stratégique élaboré pour quelques années, par les élus et en concertation avec les habitants, voir : https://www.ecologie.gouv.fr/scot-projet-strategique-partage-lamenagement-dun-territoire
  7. Le plan local d’urbanisme (PLU) communal ou intercommunal (PLUi) détermine les conditions d’aménagement et d’utilisation des sols.
  8. Voir : https://www.iledere.com/decouvrir/les-sites-incontournables/la-reserve-naturelle-nationale-de-lilleau-des-niges
  9. Il s’agissait de deux tordeuses, Eudemis Lobesia botrana et Cochylis Eupoecilia ambiguella. Voir « l’Oeillet des dunes » N°23 « Les tordeuses en pleine confusion sexuelle », https://www.renatureenvironnement.fr/IMG/pdf/odd_no23_.pdf
  10. Voir pour les dix communes le plan de prévention des risques naturels (PPRN), disponible à la page : https://cdciledere.fr/amenager-le-territoire/urbanisme/plui#Tome%204%20du%20PLUi%20arr%C3%AAt%C3%A9%20le%2016%20mai%202019
  11. Voir en particulier les travaux du CRIHAM Poitiers, https://criham.labo.univ-poitiers.fr/journee-detudes-expliquer-xynthia-comprendre-le-phenomene/
  12. Loi 2014-366 pour l’accès au logement et pour un urbanisme rénové (ALUR), voir https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/loi-pour-lacces-au-logement-et-un-urbanisme-renove-loi-alur
  13. Source « Submersion marine et érosion côtière », Rapport CESER de l’Atlantique, septembre 2015, https://ceser.paysdelaloire.fr/wp-content/uploads/2020/03/synthese-submersion_marine_2015.pdf
  14. Source « Qualité des eaux Littorales », Rapport du CESER Nouvelle Aquitaine, avril 2017, https://ceser-nouvelle-aquitaine.fr/sites/default/files/2019-08/rapport%20Qualit%C3%A9%20des%20eaux%28Final%29.pdf
  15. Une notion développée par l’Université de Nantes géographie. Voir la bibliographie : https://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/capacite_accueil_communes_littorales_2007_09_cle5f8f11.pdf
  16. https://www.debatpublic.fr/parc-eolien-en-mer-au-large-de-la-nouvelle-aquitaine-445

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One Response to [Territoires du littoral] L’île de Ré, attractive et vulnérable

  1. APSSC dit :

    Cet historique, de manière très heureuse et très complète, relate bien les différentes étapes de l’histoire de l’Ile de Ré, son évolution démographique, écologique et urbanistique, en particulier à partir de la construction du Pont, étape sûrement décisive.
    Les grands enjeux écologiques et environnementaux concernant le cadre de vie des habitants permanents, le PPRL, la protection marine,ses écosystèmes et sa biodiversité, sont parfaitement et remarquablement exprimés dans tous les domaines par Dominique Chevillon.

    APSSC – Association de Protection des Sites de Saint-Clément des Baleines.

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