De l'eau au moulin

Published on 30 mai 2018 |

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« Nexus » : saisir la complexité des enjeux pour affronter les crises

Sans catastrophisme, mais si l’on tient compte des connaissances scientifiques actuelles, il est temps de mesurer les enjeux des crises majeures qui se profilent devant nous : le dérèglement climatique, la raréfaction des ressources naturelles (énergie, minerai, eau), l’augmentation de la population (et/ou de ses besoins) créent à l’échéance de quelques années un nexus1, un nœud complexe, et réel, au centre d’un écheveau de causes et d’effets dominos probables. Le système monde pourra-t-il les surmonter ? Dans une vidéo de 12 mn Gaël Giraud (mathématicien et économiste) et l’Agence Française de Développement nous donnent quelques pistes pour la réflexion, et pour l’action, que nous résumons ci-dessous.

Des mutations à l’horizon

Le monde va connaître des mutations très profondes dans les 15 à 20 années à venir. Selon Gaël Giraud (AFD, 2016) les données économiques indiquent qu’il est déjà engagé dans une pente déflationniste extrêmement puissante. Le rapport Les Limites à la croissance remis au Club de Rome par D. et D. Meadows et J. Randers (Massachussets Institute of Technology) en 1972 proposait à partir de modélisations deux scénarios qui correspondent à la trajectoire de la planète depuis une quarantaine d’années. Or ces modèles qui sont solides prévoient un effondrement, soit vers 2020, soit vers 2050.

Le facteur décisif sera le pic du pétrole auquel vont s’ajouter les effets du dérèglement climatique (que le rapport Meadows ignorait encore) et l’explosion démographique dans certaines parties du monde. Il est urgent de prendre conscience de la gravité des enjeux.

Les effets du réchauffement

Le 5e rapport du GIEC (2014) établit des prévisions relatives au réchauffement global d’une augmentation de plus deux degrés au moins à la fin du siècle2, mais d’autres études ont depuis souligné que ces prévisions sont sous-évaluées.3

Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaciers fera remonter le niveau des océans de 2 mètres à la fin du siècle. Une bonne partie des littoraux sera condamnée alors qu’environ 70% de la population humaine y vit. Le delta du Mékong, une zone de riziculture très intense, est dans ce cas.

La fonte des glaciers c’est aussi la perte de l’équivalent d’un réfrigérateur et d’un réservoir d’eau potable. D’ici à 25 ans, le Yang Tse Kiang, l’Indus et le Gange pourraient être à sec pendant la saison sèche, ce qui touchera des millions de personnes.

L’érosion des sols et la désertification sont le troisième effet du réchauffement. Un effondrement de la fertilité des sols sur toute la ceinture équatoriale (Afrique, Amérique du Sud) est également probable avec l’augmentation de la température. D’autre part, les ressources aquifères profondes s’épuisent par surexploitation.

Enfin, le pic du phosphate devant être atteint en 2040-2050, l’agriculture sera face à un énorme problème pour produire suffisamment de nourriture pour 9 milliards de personnes.

Des enjeux pour le Nord comme pour le Sud

Si le réchauffement risque d’avoir des conséquences catastrophiques pour une bonne partie de l’humanité, il va aussi entraîner des perturbations économiques, sociales et politiques majeures.

Les situations de crise liées à une sécheresse risquent de devenir récurrentes et entraîneront la migration de millions de personnes.

Si, malgré les alertes des ONG et des scientifiques, on n’agit pas maintenant, il est à craindre que nous ne puissions plus intervenir à temps en cas d’effondrement.

Que faire ?

Pour freiner l’explosion démographique, l’éducation des filles et l’accès au planning familial, la création de systèmes de retraite et la mécanisation (non-carbonée) de l’agriculture dans les pays du Sud seront déterminants.[4]

La seconde piste sera l’adaptation à l’érosion des sols, l’épuisement des ressources aquifères, l’érosion de la biodiversité.

La troisième serait de promouvoir des solutions agricoles et locales, que les agriculteurs puissent s’approprier, c’est-à-dire une agriculture de subsistance et durable, comme les projets de pisciculture dans la forêt que soutient l’AFD en Guinée. Ce sont des solutions comme celle-là qui permettront de traverser aux mieux les crises qui sont devant nous.

Pour en savoir plus, la vidéo de l’AFD (12 mn) : https://www.youtube.com/watch?v=49BMrVaV-oI

 

 

  1. Le mot latin nexus signifie à la fois «lien, enchaînement, ensemble complexe, combinaison». Voir : https://www.youtube.com/watch?v=cXUdJ0GDK1k (min 2’16)
  2. Voir : http://www.ipcc.ch/report/ar5/syr/index_fr.shtml
  3. Brown et Caldeira, 2017, voir : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29219964 ; Lowe et Bernie, 2018, DOI: 10.1098/rsta.2017.0263

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