Publié le 27 septembre 2024 |
0Les échos #26-2024
Des agri-influenceurs, de la viande de synthèse à la ferme et des cyber-risques qui pèsent sur la robotique agricole… Les échos du vendredi 27 septembre 2024.
Visuel : © archives yann kerveno
En Chine on voit surgir, comme dans nos contrées, des influenceurs agricoles qui déroulent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Mais avec un but bien différent. Pas question là de montrer les dessous d’une vie oubliée par les citadins ou de romantiser la vie à la campagne. Non, en Chine, l’objet est de rendre l’agriculture désirable, l’État est à la manœuvre, pour tenter de convaincre les jeunes générations d’embrasser une carrière aux champs (quand le chômage sévit en ville) et ainsi freiner l’érosion des surfaces cultivées dans le pays. Il existe même une émission de télé-réalité fort populaire appelée « devenir agriculteur » qui met une dizaine de jeunes urbains sur une exploitation agricole de 180 hectares pour les confronter, les téléspectateurs avec eux, à la réalité de cette vie. De quoi peut-être commencer d’inverser le sens de l’exode ?
Bioréacteur dans la grange ?
Sinon, nous n’avons peut-être pas encore tout vu. Vous avez suivi comme nous le développement de la viande de synthèse, ses difficultés techniques, les réticences des autorités de régulation sans même parler de celles des consommateurs… Avec un reproche souvent adressé à ce futur, la production de viande de synthèse sera l’apanage de l’industrie agroalimentaire… Donc voilà qu’aux Pays-Bas, où les premiers process de la viande de synthèse ont été mis au point, on imagine aujourd’hui produire de la viande de synthèse directement dans les fermes. Et d’avoir ainsi de multiples lieux de production plutôt que de grandes unités. En partant du principe que les élevages ont à la fois la matière première, les animaux à prélever, de quoi produire l’énergie dont le process a besoin et que les agriculteurs sont rompus aux enjeux sanitaires et aux procédures complexes.
Convergence d’intérêts
Avec un peu d’imagination, on peut même augurer un futur label « viande de synthèse artisanale et fermière ». Voilà qui résonne avec cette étude signalée par la veille du Centre d’études et de prospectives (CEP) du ministère de l’agriculture sur « les impacts potentiels pour l’agriculture d’une large adoption de la consommation de viande artificielle ». Menée au Royaume-Uni, l’étude a tenté de cerner quels dangers pouvait représenter une adoption massive pour l’agriculture mais aussi quelles opportunités cette industrie pouvait offrir. Avec en particulier des synergies bénéfiques autour de l’utilisation de déchets ou de sous-produits de l’agriculture pour alimenter les milieux de culture de la viande cellulaire (l’étude complète est là). Autre sujet émergent, celui du cyber-risque auquel Forbes consacre un long papier en révélant que l’agriculture et l’alimentation sont le septième secteur visé par les hackers aux États-Unis.
Une vache morte
Un risque accru notamment parce que les outils informatiques qui servent à l’agriculture ont été pensés et développés avant internet, donnant partie facile à un hacker pour entrer dans les systèmes, modifier la température dans les élevages, la formulation des aliments… Un cas récent est d’ailleurs survenu cet été en Suisse où des hackers ont pris le contrôle du robot de traite d’un élevage avec une issue fatale pour un animal. Au premier trimestre de cette année, 40 incidents ont ainsi été recensés aux États-Unis. Sachez enfin que les égouts peuvent être porteurs de solutions pour lutter contre l’antibiorésistance que nous évoquions la semaine passée, que l’origine animale du Covid-19 ne fait plus guère de doute, et que Donald Trump menace le constructeur d’engin agricole John Deere de taxer ses produits à 200 % si l’entreprise va au bout de son projet de délocaliser une partie de sa production au Mexique.