Publié le 8 janvier 2024 |
1[Cacao 3/3] De la Côte d’Ivoire au Liberia : la boucle du cacao se déplace
En 1979, les pouvoirs publics ivoiriens pensaient que la grande zone cacaoyère du pays se trouvait encore dans la région de Bongouanou-Dimbokro, à l’est du pays. Apprenant que la production et les revenus de ce qu’on appelait la « boucle du cacao »1 déclinaient rapidement depuis dix ans, le ministre de l’Agriculture, Denis Bra Kanon, convoqua le directeur de la recherche cacao et lui demanda des explications. Il n’en avait pas, et confia une enquête à un binôme d’agronomes de l’ancien Institut Français du café et cacao (IFCC).
Par François Ruf, CIRAD, SADRCI
Le cacao en cavale…
En 2023, le président Ouattara apprend que la production nationale décroît. Des pertes de 20 à 25% sont annoncées sur la campagne 2023/24. Le président contacte le directeur du Conseil du Café et du Cacao (CCC). En juillet 2023, comme beaucoup d’acteurs de la filière, ce directeur avait évoqué des pluies torrentielles ayant occasionné des dégâts aux cacaoyers. Mais en novembre, selon Jeune Afrique, il avance une nouvelle explication : un système de « contrebande criminelle » expédierait le cacao dans les pays voisins, Liberia et Guinée, où le planteur recevrait 2000 F/kg au lieu de 1000 F/kg en Côte d’Ivoire.2
Ainsi, l’histoire du cacao se répète. Dans un grand pays producteur – en l’occurrence le premier au monde – une chute de production surprend les autorités, et les dirigeants de la filière, qui ont du mal à l’expliquer, invoquent des facteurs conjoncturels, de type climat et contrebande. Or celle-ci existe, mais dans les deux sens. En 2023/24, du cacao ivoirien peut se diriger vers la Guinée mais des sacs arrivent du Liberia dans les coopératives ivoiriennes, le long de la frontière. Et lors de la campagne précédente, en 2022/23, le CCC ne s’est pas plaint des quelques 50 000 à 70 000 tonnes de cacao ghanéen passés en toute impunité en Côte d’Ivoire.
Selon Jeune Afrique, il y aurait une autre raison à la chute des récoltes : le CCC a décidé en 2019 de stopper la distribution des plants hybrides produits par la recherche, et de restreindre la distribution d’engrais et de produits phytosanitaires, ce qui aurait occasionné une baisse des rendements.
Comme pour le Ghana (voir l’article qui lui est consacré), ces explications d’ordre plutôt conjoncturel ne sont pas satisfaisantes. Les pluies torrentielles de juillet 2023 ont joué mais n’expliquent pas tout. La contrebande de cacao a toujours existé et ne fait que refléter les politiques de prix et de commercialisation des Etats voisins. Quant à savoir si les politiques annoncées ont un impact sur le matériel végétal et les intrants chimiques utilisés par les planteurs, ce n’est pas ce que nous avons pu observer.
A la lumière de notre modèle des cycles du cacao (article 1/3), et comme au Ghana (article 2/3), les faiblesses de la campagne 2023/24 pourraient annoncer une récession structurelle de l’économie cacaoyère en Côte d’Ivoire. Il existe déjà une baisse structurelle mais elle est restée quasi invisible jusqu’à aujourd’hui – ce qui mérite explication.
Des chutes de production structurelles et longtemps « invisibles »
Le modèle des cycles du cacao s’applique largement à la Côte d’Ivoire. Deux graphiques et une carte le démontrent amplement. Avec l’association SADRCI (structure agricole de développement de Côte d’Ivoire), pendant 10 ans, nous avons suivi la production d’une cinquantaine d’exploitations cacaoyères dans la « boucle du cacao » de Soubré, une zone qui émergea dans les années 1980. Jusqu’en 1970, la région du sud de Soubré était une forêt tropicale presque vide d’hommes, avec moins d’un habitant au km2. Elle s’est ouverte aux migrations massives lorsque le pont de Soubré a été construit au-dessus du fleuve Sassandra. Depuis les années 1990 à 2000, cette « boucle du cacao » est considérée comme le grenier à cacao du pays, le plus important de la planète
Or, sur la période 2013-2023, nos relevés mensuels de production montrent une récession quasi continue. Dans le village de Koffikouadiokro, les pertes sont de 40% : les exploitations cacaoyères passent d’une production annuelle de 3000 kgs à 1780 kgs. Dans le village de Brahimakro, où les migrants ont obtenu de plus grandes superficies de forêt au départ, les exploitations perdent 70%, passant d’une production annuelle de 5500 à 1700 kgs (Fig. 1). Dans ce second village, quelques partages de plantations, par l’effet d’un héritage récent entre deux fils du pionnier, réduisent un peu la moyenne des superficies, et contribuent donc à cette baisse accentuée. Mais pour l’essentiel, la chute de la production est imputable à la baisse des rendements et des surfaces par mortalité des cacaoyers.
Une comparaison de la production de ces deux villages (exprimée en kgs) avec la production nationale (en milliers de tonnes) donne la clef du mécanisme, caractéristique des cycles du cacao (Fig. 2). Les deux courbes évoluent de façon opposée car l’érosion de la production dans les « boucles du cacao », appelées à vieillir, est compensée par de nouveaux fronts pionniers.
Pendant plusieurs années, ce processus – le déplacement des boucles du cacao – reste invisible, sauf bien sûr aux acteurs de la filière, puisqu’il est interne au pays et n’apparaît pas dans les statistiques nationales. Par ailleurs, les acheteurs et les coopératives compensent le manque de cacao dans leur zone officielle de collecte avec des réseaux de pisteurs et de camions venant des nouvelles boucles du cacao, comme Blolequin, Man, voire Touba3 et des quelques dernières forêts dites « classées » (voir plus loin). Les sacs de cacao sont rapidement transbordés d’un camion à l’autre, de préférence la nuit. La « traçabilité » du cacao est encore un mythe (voir les articles consacrés à ce sujet). Néanmoins, depuis un à deux ans, la chute de la boucle du cacao de Soubré devient de plus en plus évidente.
Pour compléter la démonstration, idéalement, il faudrait disposer du même profil de production pour les fronts pionniers des années 2000 à 2010. Nous n’avons pas ces données, mais les cartes officielles de la déforestation en Côte d’Ivoire, magnifiquement établies par le BNETD (Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement), montrent les centaines de milliers d’hectares de forêts classées qui ont été brûlés entre 2000 et 2015 (en rouge sur la carte, Fig. 3), et qui ont produit des centaines de milliers de tonnes de cacao entre 2010 et 2020. En partie sous l’effet de la quasi guerre civile des années 2000, mais aussi plus largement par des politiques forestières ambigües de longue date, ces forêts dites classées, deviennent, les unes après les autres, les nouvelles boucles du cacao de Côte d’Ivoire.
Si, à l’échelle nationale, la production de cacao décline brutalement, cela signifie que la dynamique de front pionnier et d’expansion des cacaoyères dans une partie du pays ne suffit plus à masquer le vieillissement et la mortalité du verger dans d’autres régions. C’est le premier signe d’une récession cacaoyère nationale, qui pourrait toucher la Côte d’Ivoire en 2023-2024. Si la baisse de production de cacao se confirme, quels facteurs l’expliquent ?
Des politiques publiques en matière de matériel végétal et d’intrants
Interdire le matériel végétal hybride est salutaire … pour maintenir la production
Dans le cas du Ghana, nous avons évoqué le rôle qu’avait pu jouer le nouveau matériel végétal hybride dans la chute de la production depuis deux ans. Ces hybrides, productifs dans un environnement forestier, semblent très sensibles aux sécheresses et à l’appauvrissement du sol dans un environnement post-forestier. Une mortalité élevée affecte les tentatives de replantation avec ce matériel. Contrairement à ce qui a été fait au Ghana, en Côte d’Ivoire c’est la diffusion limitée de ces hybrides, puis leur interdiction, qui auraient paradoxalement contribué à maintenir la production.
La politique de freinage des intrants : inapplicable et inappliquée
En ce qui concerne les pesticides, le CCC a arrêté sa distribution d’une boîte d’insecticide par planteur mais cette mesure n’a eu que très peu d’impact. Une boîte est supposée traiter un hectare en un seul passage alors que la moyenne des superficies plantées en cacao est encore proche de 4 ha. Surtout, les planteurs considèrent qu’ils ne peuvent plus récolter du cacao à moins de 3 traitements dans l’année, tout en doublant les doses recommandées. Plusieurs d’entre eux traitent au moins 6 fois dans l’année. La pression des insectes augmentant avec la destruction du milieu naturel, la consommation d’insecticides ne fait que croître. Un arrêt des pesticides aurait signifié un arrêt du cacao. Les planteurs sont pris au piège.
Pour les sacs d’engrais, en revanche, les achats ont chuté. Il est possible que les multinationales aient freiné leurs systèmes de « crédits engrais » pour tenir compte des directives du CCC, mais de toute façon les planteurs ont beaucoup réduit leurs achats sous l’effet de la hausse des prix et de la maladie du swollen shoot (CSSV). Enfin, à tort ou à raison, beaucoup de planteurs pensent aussi que l’engrais vendu en sacs aggrave la mortalité des plantations touchées. Ils compensent en partie avec des engrais foliaires, beaucoup plus riches en azote.
Comme on l’a vu dans l’exposé du modèle (article 1/3, « Un modèle universel« ), les intrants chimiques eux-mêmes deviennent source de problèmes, mais les politiques publiques sur les intrants n’ont eu aucun impact sur la production. Les vraies causes sont ailleurs.
La récession cacaoyère : ses quatre causes principales
Actuellement, en Côte d’Ivoire, comme au Ghana et plus généralement dans toutes les récessions cacaoyères, ce sont les mêmes mécanismes fondamentaux qui sont à l’œuvre.
Consommation de la rente forêt : vieillissement, maladies, mortalité des plantations
De simple visites dans les villages permettent de constater l’étendue du désastre et la mortalité des cacaoyers sous l’effet de la maladie du swollen shoot (Cocoa Swollen Shoot Virus ou CSSV). L’âge des arbres, les sécheresses, probablement la circulation des machettes d’une plantation à l’autre, voire certains projets de développement favorisent sa progression, comme ce fut le cas lors de la tentative de greffage des vieux cacaoyers à Soubré. Quand le cycle de cacao entre dans sa phase de récession, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions4.
La diversification vers l’hévéa
Comme au Ghana, mais à une échelle multipliée par 20 puisque la Côte d’ivoire réussit l’exploit d’atteindre un million de tonnes de caoutchouc tout en continuant son expansion cacaoyère dans les forêts, les vieilles boucles du cacao se convertissent progressivement en hévéas et palmiers à huile. Même si l’on a vu abattre des hévéas pour revenir au cacao, la concurrence sur la terre et le travail vont accélérer la récession cacaoyère.
Autre diversification : l’orpaillage
Comme au Ghana, les planteurs et leurs familles ne peuvent pas résister à l’attraction de l’orpaillage. Les uns louent leurs terres, y compris les cacaoyères, irrémédiablement détruites (Photo 2). Les autres louent du matériel d’extraction, se font embaucher comme journaliers. Beaucoup investissent dans des maisons ou chambres qu’ils louent aux orpailleurs. Dans la région d’Abengourou, nous avions initié des enquêtes auprès des « planteurs de cacao » pour finalement réaliser que le cacao n’était plus que la quatrième source de revenus des familles, après l’or, l’hévéa et les locations de maisons – principalement aux orpailleurs et aux infiltrés dans la forêt classée de la Bossématié.
Des politiques de taxation et institutions prélevant la rente
Le mécanisme a été décrit pour le Ghana. Un pays ancien et dominant en termes de production de cacao crée des institutions pour capter une part de la rente et se protéger contre les aléas du marché. Les planteurs ne peuvent pas profiter d’une hausse du cours mondial, beaucoup moins que des pays « neufs » (ou peu dépendants du cacao pour leur économie nationale, comme le Cameroun).
Le 5e élément : marché foncier et rente foncière
Sous l’effet de la pression démographique, la construction du marché foncier et de la barrière « rente foncière » est le « 5e élément » qui se construit au fur et à mesure que disparaît la rente « forêt ». C’est en fait une composante majeure des cycles du cacao, très bien illustrée dans la Côte d’Ivoire des années 2020.
Prenons un exemple à Soubré : un fils de planteur recevant de son père 1 ou 2 hectares de cacao moribond a le choix entre passer à l’hévéa ou migrer au Liberia.5 Avec le soutien de son père, il peut tenter les deux. Mais s’il n’a pas de terre ou ne se satisfait pas de ses deux hectares, il n’hésite pas longtemps. En 2022-2023, à Soubré, à supposer qu’il en trouve, un hectare de jachère dégradée vaut à peu près un million de Fcfa. Ce prix est l’expression du marché foncier en pleine construction, et donc d’une rente foncière, une nouvelle barrière à surmonter pour investir dans le cacao pour celui qui n’a pas de terre.6 Au même moment, au Liberia, il peut obtenir 10 hectares de belle « forêt noire » dans un contrat de « planter-partager » par lequel il plantera les 10 ha en cacao, en rétrocèdera 4 au propriétaire et gardera 6 ha de cacao pour lui. En d’autres termes, il paie la terre et la forêt avec son travail, sans capital. Quant aux individus qui disposent de capitaux, tels les acheteurs de cacao, ils choisissent également où ils peuvent les investir. On comprend que chaque village du sud-ouest vive à l’heure du Liberia.
Migrations massives vers le Liberia
Les promoteurs de projets et plateformes clamant qu’ils ont pour objectif d’améliorer les revenus et le niveau de vie des producteurs pauvres ne se rendent pas compte à quel point ces derniers et leurs fils sont désormais tournés vers les forêts du Liberia. En 2018, dans la région de Daloa, le projet « CLP » (Cocoa Livelihoods Program) du WCF (World Cocoa Foundation) échouait, tandis que les villageois amélioraient leurs revenus par la conversion des 100 000 ha de la forêt classée du Haut-Sassandra en vaste cacaoyère.7
Un flux de migration depuis un pays ou une région A qui amorce sa récession vers un pays ou région B entamant sa phase de boom est un processus aussi ancien que les cycles du cacao. Le flux est d’abord la conséquence des difficultés de la région A, puis il en devient une cause (Fig. 4). Il ne s’opère pas seulement un flux de travail et éventuellement de capital, mais aussi d’expérience et de savoir-faire, accélérant le nouveau boom du cacao. Dans les années 1970, ce modèle a fonctionné entre l’est et le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. C’est bien sûr l’explication à la question que posait le ministre Bra Kanon en 1979.
A la même période, le modèle a aussi fonctionné entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. Le boom du sud-ouest ivoirien a bénéficié du transfert de migrants burkinabés quittant le Ghana en phase de récession, sous l’effet du vieillissement des plantations et de contradictions politiques, dont le renvoi des étrangers en 1969. En 2023, quand la Côte d’Ivoire a le courage de faire sortir quelques Burkinabés de forêts classées, ceux-ci peuvent logiquement prendre le chemin du Liberia.
D’autres booms se préparent
Pour la Côte d’Ivoire, les statistiques nationales ne reflètent pas le déroulement des cycles du cacao jusqu’au moment où les nouveaux fronts pionniers du pays ne suffisent plus à compenser la chute des anciennes régions, et commencent à vieillir à leur tour. Avec la création de nouvelles boucles du cacao de l’autre côté du fleuve Cavally – la frontière avec le Liberia – le moment de vérité n’est plus très loin.
Quelques espoirs de transition ou de bifurcation du modèle subsistent, notamment grâce à des innovations paysannes, telles que l’association anacardier-cacaoyer (voir ici) qui améliore les chances de succès dans la replantation des cacaoyers. Elle a commencé à faire ses preuves, qui restent à confirmer.
Quant au Liberia, les migrants affluent. Conformément au modèle, Il y a bien une relation étroite entre les difficultés du pays premier producteur mondial de cacao et la naissance d’un nouveau boom dans le pays voisin. Le Liberia se trouve au point de départ idéal : la combinaison de forêts primaires et d’une offre de travail abondante. Malgré des infrastructures routières déficientes, le marché atteindra bientôt des prix supérieurs à ceux que subissent les producteurs du Ghana et de Côte d’Ivoire.
Dans d’autres pays voisins, d’autres nouveaux booms du cacao se préparent certainement aux dépends des dernières forêts. On voit toujours mal comment la nouvelle régulation de l’Union Européenne pourra interférer pour freiner la déforestation face à des pays qui défendront leur souveraineté.
Lire la première partie du dossier
Lire la seconde partie
- « Boucle du cacao » est l’équivalent du terme anglais « cocoa belt », qui décrit une concentration de plantations et de production de cacao dans un pays, à un moment donné, comme ici en Côte d’Ivoire à partir des années 1960.
- https://www.jeuneafrique.com/1509353/economie-entreprises/en-cote-divoire-les-deboires-de-la-filiere-cacao-inquietent-alassane-ouattara/
- Nous avons même eu l’occasion d’enquêter sur des migrations cacaoyères très récentes à moins de 50 km d’Odienne, par défrichements de galeries forestières, y compris dans une forêt classée.
- Une des toutes premières régions touchées par le swollen shoot se situe au sud de Soubré, près du village de Petit Bondoukou. Là une multinationale du chocolat et un institut de recherche international ont tenté de promouvoir une technique de greffage des cacaoyers qui semblait réussir en Indonésie. L’idée paraissait bonne, mais les cacaoyers de Soubré étaient plus vieux et les conditions pluviométriques très inférieures au contexte indonésien. Avec les sécheresses, le greffage sur ces vieux arbres a contribué à accélérer la diffusion du swollen shoot, qui a pris les planteurs par surprise et détruit la totalité des plantations.
- https://theconversation.com/quand-le-boom-du-cacao-au-liberia-pousse-a-la-deforestation-212576
- Conformément au modèle, cette montée des prix de la terre va exacerber les conflits. Le planteur migrant ou son fils perdant ses cacaoyers s’expose aussi à des revendications de la part des autochtones considérant que leurs parents ont cédé l’usage de la terre, et non la terre elle-même. Il a donc intérêt à replanter en hévéas ou palmiers puisque la replantation en cacao échoue le plus souvent.
- F. Ruf, 2014. A ‘cocoa livelihood project’ through a decade of conflicts. Some lessons learnt in Côte d’Ivoire. Report to WCF, https://www.researchgate.net/publication/281712369
Le.temps.du.changement.les.prix.bord.champ.sont.miserable.depuis.des.annee.l.europe.veut.voir.toujourl.les.planteurs.souffir.les.terres.sont.vieillansantla.production.est.au.niveau.bas