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À mots découverts Ces chiffres qui nous aveuglent © Samson

Publié le 12 juin 2017 |

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[Chiffres 1/9] Mauvais calculs : ces chiffres qui nous aveuglent

Introduction du dossier « Chiffres » extrait du premier numéro (mai 2017) de la revue Sesame,
Par Valérie Péan,
Visuels : Ces chiffres qui nous aveuglent © Samson.

Ces chiffres qui nous aveuglent © Samson

Ils sont partout. Sous forme de taux, d’indices, de pics, de seuils et de courbes, ils alertent, encadrent, pilotent nos comportements individuels et professionnels, nourrissent les politiques publiques et les stratégies économiques. C’est que les nombres, que nous avons fétichisés jusqu’à la démesure, sont parés de vertus : s’appuyer sur eux est gage d’une posture rationnelle, objective et impartiale. Dans ce monde complexe d’hyperinformation et de virtualité, « Les nombres deviennent les ultimes garants de la réalité » écrit Olivier Rey dans l’un de ses récents ouvrages « Le Monde mis en nombre » (Stock. 2016). Plus rien d’autre ne compte que ces instruments qui valent mille mots, poursuit le philosophe et mathématicien, au point que « leur accumulation éclaire moins la pensée qu’elle ne l’écrase »« loin de nous aider à appréhender le réel, ils nous en éloignent, ils sont là entre nous et le monde ». Là n’est pas le seul problème…

Irréfutables ?

Car non seulement la « politique du chiffre » est reine, mais que dire quand les fameuses données, celles-là mêmes qui orientent l’action sont… fausses, ou pour le moins, recueillies et calculées selon des critères dont on ignore tout ? Telle est la puissance que nous accordons au nombre : rares sont ceux à interroger la « fabrique » de ces outils, lesquels circulent dans toutes les sphères y compris scientifiques, comme autant de preuves irréfutables.

« Le réel n’est plus la source »

Il faut dire que les contester, en pointant par exemple leur caractère réducteur, revient souvent à « remettre en nombre d’autres pans du réel, à étendre le domaine d’application de la statistique ! Car seules les réalités quantifiées et agrégées en statistiques semblent dignes d’être prises en considération ». Plus loin, O. Rey insiste : « Le réel n’est plus la source mais le corollaire de la statistique, il se résorbe en elle. (…) Reste que, ajoute-t-il plus loin, s’en prendre à la statistique en tant que telle est ridicule et vain. Il faut en fait améliorer notre intelligence des choses ».

(suite)

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