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Bruits de fond

Publié le 10 juin 2021 |

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Stocker l’eau sous pression politique

Pas facile de trouver une issue entre pro et anti-barrage à Sivens (Tarn)1 . Surtout dans un contexte préélectoral. Contrairement aux attentes de la FDSEA et de Maryline Lherm, maire de L’Isle-sur-Tarn et conseillère départementale, Bérangère Abba n’a pas tranché le nœud gordien en imposant la construction d’une nouvelle retenue dans la vallée du Tescou. « Pas question de passer en force » a répondu en effet la secrétaire d’État à la biodiversité, qui assistait le 30 mars en téléconférence à une nouvelle réunion de l’instance de coconstruction (ICC) mise en place après la mort de Rémi Fraisse en 2014.

Un médiateur va être nommé et d’ultimes études sont en cours pour répertorier précisément les zones humides dans le bassin versant de cette petite rivière, régulièrement à sec en été. Les associations environnementalistes associées à la concertation sont prêtes à reconnaître un déficit hydraulique dans la vallée. Un « consentement », à défaut d’un réel consensus. Les naturalistes et les écologistes refusent toujours qu’un ouvrage soit érigé sur des zones humides qui font office d’éponges naturelles.

Pour des élus locaux comme Maryline Lherm, la diplomatie de l’eau initiée en 2017 n’a que trop duré. Les travaux de l’ICC, prévus initialement pour une durée de six mois, devaient aboutir à un « projet de territoire ». On recense quarante de ces projets sur l’ensemble du territoire du bassin Adour-Garonne. Dans le Tarn, la concertation a fait émerger des pistes intéressantes pour une agriculture « de proximité » en circuit court. Il semble plus facile de négocier de l’eau pour du maraîchage destiné aux cantines scolaires que pour du maïs semence livré à une grosse coopérative. L’idée d’un syndicat mixte pour passer à la phase opérationnelle du « projet de territoire » fait son chemin dans la vallée du Tescou. Ce sont les élus départementaux du Tarn et du département voisin du Tarn-et-Garonne qui devront le mettre en œuvre, avec les maires élus en 2020 dans les quatorze communes traversées par le Tescou.

À la tête de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne (Coordination rurale) a bien compris que les collectivités locales joueront un rôle décisif dans la gestion de l’eau. Le bouillant pépiniériste de Villeneuve-sur-Lot a décidé de se présenter aux élections avec ses troupes syndicales dans la plupart des cantons du département. Le syndicaliste reste toutefois sous la menace d’une peine de prison ferme pour avoir barré le cours du Tolzac d’une digue sans s’embarrasser des nouvelles règles de concertation post-Sivens. Son procès en appel est prévu en juin, en même temps que le scrutin.

  1. Lire sur le blog de Sesame : https://revue-sesame-inrae.fr/stocker-pour-irriguer-bon-sens-paysan-ou-fuite-en-avant/

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