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Quel heurt est-il ? Moissonneuse Batteuse

Publié le 10 mars 2025 |

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[Sécurité alimentaire 3/3] Des stocks de sécurité gérés par le privé

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Dernière partie du dossier [Sécurité alimentaire]. Après les éclairages de Franck Galtier, économiste au Cirad, et de Morgan Ody, coordinatrice générale de La Via Campesina, sur la géopolitique des stocks alimentaires, le point de vue de Bernard Valluis, président de la Fédération européenne des banques alimentaires.

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Faire bloc pour constituer des stocks ?, avec Franck Galtier, économiste au Cirad (cliquez ICI)

Les silos de la colère, avec Morgan Ody, coordinatrice générale de La Via Campesina (cliquez ICI)

Le marché des grains, il connaît par cœur. Longtemps à la tête du groupe Soufflet, premier collecteur privé de céréales, Bernard Valluis a également dirigé l’Association générale des producteurs de maïs. Au niveau de l’UE, il figure depuis 2022 parmi les experts du mécanisme européen de préparation et de réaction aux crises de sécurité alimentaire (EFSCM). Dans ce cadre, lui aussi témoigne d’une préoccupation nouvelle concernant les stocks : « Au départ, ce sujet qui m’est cher a été retoqué, au nom du mauvais souvenir qu’ont laissé les excédents communautaires. Un tabou qu’il fallait lever, car les stocks agricoles de sécurité peuvent être constitués à l’instar de ce que nous pratiquons pour le pétrole, où l’Agence internationale de l’énergie oblige les États membres à mettre de côté l’équivalent de quatre-vingt-dix jours d’importation. Un dépôt géré par le secteur privé sous le contrôle public. » Deux années passent… « Lors de la réunion des experts de novembre 2024, voyant que la Norvège et la Finlande font des réserves alimentaires, l’EFSCM a pris un virage et a convenu qu’il fallait stocker les produits stratégiques nécessaires à l’alimentation animale et humaine, pour lesquels nous sommes fortement dépendants. C’est le cas de l’huile de tournesol qui provient en majeure partie de l’Ukraine, mais aussi des acides aminés et des vitamines, dont 70 à 100 % sont importés de Chine, et qui sont indispensables au fonctionnement des chaînes alimentaires, tel l’acide ascorbique (conservateur et antioxydant) pour la boulangerie ».

Le credo de cet économiste ? « Un pays ne peut être souverain que s’il assure une sécurité alimentaire à sa population. Or, nous ne disposons aujourd’hui que de stocks de report (dits aussi de soudure). Soit l’équivalent de vingt-cinq à trente-cinq jours de consommation entre la fin d’une campagne et l’arrivée de la récolte suivante, détenus par les négociants et les coopératives. Il faut que l’UE aille au-delà et mette en place des stocks de sécurité, gérés par les acteurs privés. » L’exemple qu’il cite : la Suisse, qui conjugue stocks publics et réserves alimentaires opérées par les ménages. Un cas de figure intéressant, certes, mais quid des ménages trop précaires, qui peinent déjà à se nourrir et sachant que les organismes d’aide sont saturés ? Avec sa casquette de président de la Fédération européenne des banques alimentaires, Bernard Valluis l’assure : si le stockage devait se généraliser dans les foyers européens, les banques alimentaires en seraient acteurs. Reste à négocier une augmentation des dotations auprès du Fonds social européen.

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