Publié le 15 mars 2024 |
0Les échos #9-2024
Bouffer les espèces invasives, c’est une idée. C’est dans les échos du 15 mars 2024, entre autre sujets de la semaine, du downsizing des fermes au varroa, en passant par les faillites brésiliennes et les manifestations d’agriculteurs en Inde.
Visuel : remettre la lune au centre du village © yann kerveno
La haie, c’était mieux avant
On a beaucoup parlé de haies, ces temps-ci, pour des questions de réglementations touffues et parfois contradictoires. On loue leurs qualités parfois, on vilipende leur inutilité, c’est selon, selon de quel côté (de la haie) l’on se trouve. Dans un long papier publié cette semaine, un groupe de chercheurs nous racontent que la haie avait, avant, une fonction de production, fruits, bois… Fonction délaissée lorsqu’il s’est agi de rationaliser les travaux dans les champs. Ce qu’on ne percevait pas forcément à l’époque, ce sont les autres rôles qu’elles jouent, réservoir de biodiversité en particulier. Et qu’une haie nouvelle ne vaut pas les anciennes. Enfin, pas avant un bon moment quoi.
Une colère agricole mondialisée
Si la pression des agriculteurs est un peu retombée en France, la mobilisation reste vive en Espagne, ou la moitié de la population du pays soutient le mouvement, mais aussi, plus loin de nous, en Inde. Pays où les agriculteurs, qui sont restés bloqués des semaines aux portes de New Delhi, réclament un prix d’achat minimum pour leurs récoltes. Ils sont entrés dans la ville en utilisant les transports en commun et en délaissant leurs tracteurs. Il faudra aussi garder un œil sur le Brésil où la chute des cours du maïs et du soja provoque une inquiétante épidémie de faillites chez les agriculteurs…
Du free trade à la sauce downsizing
Le concept de protection de l’origine semble progresser aux États-Unis où l’administration Biden vient de restreindre l’usage du terme « product of america » aux produits d’animaux nés, élevés et abattus sur le sol américain. La règle doit entrer en vigueur le 1er janvier 2026 et fait tousser au Canada qui compte aborder la question lors d’une prochaine réunion avec les États-Unis et le Mexique…Puisqu’on en est aux protestations, il ne vous aura pas échappé que les accords de libre-échange font tousser une bonne partie du monde agricole européen…
Au Royaume-Uni, pays champion du free trade, on a aussi toussé fort quand une cargaison de bœuf séchée anglaise a été bloquée à la douane en Australie, et ce alors que les deux pays sont liés par un accord de libre-échange dont la lecture semble différer selon le côté de la planète… C’est aussi au Royaume-Uni que se développe un mouvement de repli, downsizing, qui pourrait bien faire flamber les prix des propriétés agricoles. La demande pour les petites fermes étant dopées par la demande d’agriculteurs proches de la retraite qui ne se retrouvent pas dans la nouvelle politique agricole du pays et qui prennent la décision de réduire leur activité…
Espèces invasives : mangez-les !
On parle aussi assez souvent des espèces invasives et des dégâts qu’elles causent aux écosystèmes, qui se chiffrent, aux États-Unis en milliers de milliards sur six décennies, et au moins 26 milliards de dollars par an… Crabes verts, carpes asiatiques, il est difficile de s’en débarrasser, sauf à créer un marché et les mettre dans les assiettes des consommateurs. C’est ce qu’on appelle « l’invasisorisme ».
Une piste que ne pourront pas forcément suivre les Australiens qui se font un sang d’encre à cause du varroa qui vient de débarquer dans les ruches et que les mesures sanitaires ne sont pas parvenues à éradiquer en dépit de leur diligence. Mais le blocage sanitaire des ruches, pour limiter la dispersion du parasite des abeilles, menace la pollinisation des amandiers. Enfin, sachez que du côté des start-up, l’âge d’or est peut-être déjà passé, au moins dans le domaine de l’agri et de la food tech. En 2023, les investissements et levées de fonds du secteur ont reculé de 50 % par rapport à 2022, c’est bien plus que les 35 % de recul enregistré tous secteurs confondus.