Publié le 6 décembre 2019 |
2Les échos #37-2019
Par Yann Kerveno
En Espagne, pays où la sécheresse est quasi endémique aujourd’hui, on s’interroge sur l’utilisation des eaux « non conventionnelles ». Dans le pays, on est habitué déjà à en utiliser pour l’irrigation, plus de 57 000 hectares sont irrigués avec des eaux « purifiées » et plus de 20 000 hectares avec de l’eau désalinisée, cette dernière présentant un inconvénient majeur… Elle coûte un pognon de dingue ! Tiens, puisqu’on parle d’eau, des chercheurs se sont posé la question de savoir comment diable pouvait bien fonctionner l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement chez les agriculteurs… Où l’on apprend que leur adoption relève d’un faisceau touffu de facteurs qui vont de la personnalité des agriculteurs à leur appréhension du risque en passant par leur compréhension des bénéfices qu’ils pourraient en tirer. Le papier a été publié dans European Review of Agricultural Economics et nul doute que la graphique ci-dessous vous donnera envie d’aller y voir.
Ouvrons aussi, voulez-vous, le chapitre « controverses » de la semaine. Il y a eu ce papier largement commenté ces dernières semaines, sur l’impact d’un éventuelle conversion à la bio de l’ensemble de l’agriculture britannique. Avec au bout de cette conversion, un bilan carbone assez mauvais. Non pas que le mode de production biologique ne soit pas vertueux en lui même mais parce que la baisse des rendements impliquera la mobilisation de terres à l’étranger pour nourrir tout le monde. Ça saigne, mais ça rappelle un autre mouvement, la désindustrialisation, en France notamment, qui n’a fait qu’exporter la production de gaz à effets de serre sous d’autres cieux.
Le monde agricole réagit toutefois chez nos « futur-ex voisins » qui précise que les émissions de gaz à effet de serre émis par l’agriculture dans le pays ne compte que pour un peu plus de 4 % du total contre 27 % pour les transports. Changeons de sujet. Dans un point de vue décapant, Marc Brazeau, se demande pourquoi les OGM seraient soumis à une réglementation différente de celle du reste des aliments puisque la controverse ne porte pas sur le produit fini, qui n’a rien de substantiellement différent des autres, mais bien sur les techniques de leur obtention… Ah puis aussi, les abeilles, les insectes et les oiseaux, c’est Jon Entine qui met en questions l’attention que portent les médias aux disparitions massives constatées par les scientifiques. Vous pouvez cogitez.
Mais avant, regardons dans nos assiettes, Foodnavigator dresse la liste des six tendances de fond qui animent les évolutions du marché ces temps-ci. Couleurs et goûts excitants, retour à la nature, process « naturel », matières premières durables, traçabilité et authenticité et enfin santé/fonctionnalité… La partie semble mal engagée pour la viande synthétique qui a du mal à cocher les cases ! Quant à la bio, elle traverse des tourments qui ne laissent pas d’interroger comme le souligne Alimention Générale un peu perfidement en se demandant si elle n’est pas en train de « perdre son âme ».
Puisqu’on parle de durabilité, McDonalds a annoncé avoir basculé tous ses approvisionnements de café en mode durable et les vignerons, à défaut de mettre de l’eau dans leur vin y mettront peut-être du… thé. Une winery de Nouvelle-Zélande teste cette technique pour remplacer le souffre. Sous le coup d’une menace sérieuse, la fusariose et Tropical Race 4 (une évolution de la maladie de Panama) qui a provoqué la fermeture de 4 plantations cet été en Colombie après avoir atteint l’Amérique du sud, les chercheurs s’activent pour dénicher un gène résistant dans la banane. Sinon il y a ce grand espoir pour les bovins, un nouveau vaccin pourrait permettre d’affranchir les troupeaux de la tuberculose et peut être du neuf dans la recherche sur le vaccin sur la peste porcine ?
En attendant des aliments d’une nature nouvelle, la distribution alimentaire évolue vite. Très vite. Et les serials disrupteurs cogitent, comme Travis Kalanick, fondateur d’Uber, qui vient de lever 400 M$ pour développer un nouveau concept, Cloudkitchens. Objet de cette start-up, développer un modèle de restaurant uniquement dédié à la… livraison. Ce qu’on appelle aujourd’hui déjà les ghost kitchen donc le développement s’appuie sur celui des plateformes de livraisons en ligne. Et bientôt les services vétérinaires en ghostbuster ?
Sachez aussi qu’en France, une proposition a été faite pour condamner les intrusions dans les élevages mais qu’en Australie, une association de défense des droits des animaux a perdu son statut d’œuvre charitable après avoir publié une carte des élevages et des abattoirs du pays. On a beaucoup parlé de la détresse du monde agricole en France mais ce n’est pas forcément plus réjouissant ailleurs. C’est le cas aux États-Unis comme nous le signalions récemment ou au Canada cet hiver pays où les agriculteurs souffrent de la conjonction d’une mauvaise année et des perturbations provoquées par les guerres commerciales en cours. D’ailleurs, au delà du malaise paysan qui s’étend en Europe, le monde rural vit aussi de profondes angoisses, au moins dans ses représentations. André Torres a tordu le cou pourtant à quelques poncifs sur la guerre supposée entre rural et urbain il y a quelques jours. Mais vivre en zone rurale, surtout quand on est jeune, n’est pas forcément la panacée, et pas uniquement parce que c’est intrinsèquement chiant (mouvement de mèche de rigueur) ! C’est le constat dressé par la fondation Jean Jaurès qui montre que l’origine géographique pèse sur l’avenir des parcours individuels.
Sinon, vous avez remarqué que c’est l’hiver il est temps de commencer à préparer le votre « christmas’body » ! Sachez que dans le Turron, tout est bon et que les producteurs espagnols sont optimistes pour le marché de la fin de l’année. Enfin, si vous cherchez un truc à tricoter pour les cadeaux de Noël, ce travail de tricot est fait pour vous et ne manquera pas de vous inspirer (ne convient pas aux vegans).
Voilà pour les végans 😉 https://myum.fr/fr/
merci !