Publié le 29 novembre 2024 |
0Les échos #35-2024
La nouvelle tête de l’agriculture États-unienne, les oubliés des discussions sur l’accord avec le Mercosur et l’empreinte carbone de… la guerre. Et oui, voici les échos du vendredi 29 novembre 2024.
Visuel ©Yann Kerveno
Le chapeau de Donald Trump n’est jamais avare de surprises. Et la nomination de Brooke Rollins à la tête du secrétariat d’État à l’agriculture en fut une. Sauf erreur ou inattention (de ma part, ndla), son nom n’avait pas été cité dans les différentes listes concoctées par les médias américains les plus sérieux. « Elle a moins d’expérience dans le monde agricole, sinon d’être texane et d’avoir grandi dans une ferme, que tous ceux qui figuraient sur les listes » explique Politico, mais elle a pour elle d’être très proche du nouveau Président. Au point qu’elle fut pressentie pour diriger son cabinet. La tâche ne sera pas simple pour autant : elle devra compter avec les ambitions sanitaires du secrétaire d’État à la santé R.F. Kennedy, devra faire aboutir le Farm Bill (s’il ne l’est pas d’ici son entrée en fonction), affronter une crise économique majeure qui laisse les exploitations financièrement exsangues et composer avec le plus grand déficit commercial agricole de l’histoire (il devrait atteindre 45 milliards de dollars en 2025). Mais elle pourrait aussi faire de la souveraineté foncière son cheval de bataille, pour contenir les investissements chinois en particulier. On ne peut que lui souhaiter bon courage.
On parle beaucoup du Mercosur, et de l’accord en cours de négociation avec l’Union européenne. Mais si les gouvernements engagés poussent à la roue pour que le texte soit signé, ce n’est pas forcément du goût de tous les Brésiliens. Une étude montre pourtant que la société civile a été largement tenue (volontairement) à l’écart de l’élaboration du projet et des discussions depuis 20 ans et ce en dépit des volontés affichées par les gouvernements de gauche.
Tandis que les bruits de bottes résonnent de plus en plus fort dans nos alentours, on ne se préoccupe pas forcément (c’est un sujet naturellement secondaire a priori) de l’empreinte carbone de la guerre. Pourtant, selon les chercheurs, 5 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées aux guerres qui écorchent la surface de la terre. Ce qui fait de la guerre le 4e émetteur de GES au monde. Sans même parler des conséquences sur les sols ou la nature. C’est une autre façon, nouvelle, de regarder les conflits armés. On apprend par exemple que plus de 5 millions d’hectares sont inutilisables en Ukraine à cause des mines ou des contaminations chimiques et que les forêts, pour ce qu’elles ont de stratégique, payent aussi un lourd, très lourd tribut. La question des sols est d’ailleurs une des grandes préoccupations des chercheurs et des agriculteurs ukrainiens. Un programme de recherche a permis d’analyser 300 échantillons de terre prélevée dans les cratères des bombes pour en étudier la composition. Et pouvoir anticiper le retour à la normale en divisant les zones en trois familles : celles où les terres peuvent être remises en culture sans intervention, celles qui nécessitent des mesures de restauration et celles qui ne peuvent plus être cultivée, et devant être rendues à la nature ou vouées à la production de céréales pour la méthanisation. Une approche que les Ukrainiens connaissent forcément, eux qui sont toujours confrontés aux conséquences de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Enfin vous apprendrez par ici dans ce beau reportage d’ABC que les extraterrestres ont peut-être un faible pour la canne à sucre ! Qu’un vaste plan est à l’œuvre pour redonner une chance aux truites de coloniser naturellement à nouveau le Lac Ontario, et que le biochar pourrait avoir des applications bien plus étendues que celle imaginée aujourd’hui, c’est-à-dire stocker un peu plus d’eau dans les sols en souffrances. La promesse est belle et ingénieuse. Vous nous en direz des nouvelles ?
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