Les échos & le fil

Published on 4 décembre 2020 |

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Les échos #35-2020

Par Yann Kerveno

Changer d’ère, voilà chose peu banale. Et si aujourd’hui les débats sont si tranchés autour des questions agricoles, c’est bien parce qu’il existe une fracture entre l’urbain et le rural, entre la consommation et la production. Cela s’appelle même une fracture métabolique. Alors puisque la ville s’occupe beaucoup des campagnes, pourquoi ne pas s’intéresser aussi aux villes, devenues centres de nos mondes. « Cette entrée dans l’anthropocène nous fait prendre conscience d’une situation paradoxale : jamais les villes n’ont paru si puissantes et dominantes (songeons à ces mégapoles et métropoles qui constituent des centres mondiaux majeurs et déploient leurs infrastructures sophistiquées et leurs architectures spectaculaires) et pourtant jamais elles n’ont semblé si vulnérables » écrit Michel Lussault dans un papier passionnant… Des villes dont il est déjà possible d’étudier les traces géologiques et qui aimeraient se parer des oripeaux de la campagne en accueillant sur leur sol des productions agricoles.


Las, on est encore loin du compte même si Monaco dispose aujourd’hui d’une ferme de… 1 600 m2, que les projets fleurissent ailleurs comme des jeunes pousses à Sartrouville ou à Lyon… Se pose en effet une épineuse question de statut pour cette agriculture nouvelle comme ici au Canada.

Mais l’anthropocène c’est aussi la modernité, l’ultra-modernité même lorsque la réalité dépasse la fiction. Pendant que Singapour autorise, c’est une première, la vente commerciale de viande de synthèse, le projet The Ouroboros Steak arrive à son terme. Et peut vous permettre de créer un steak avec des cellules… Humaines. Cela dit, on n’a peut-être pas encore tout vu puisque si vous n’avez pas encore goûté le homard de synthèse, on annonce déjà de nouvelles techniques hybrides entre « plant based » tout végétak et « multiplication cellulaire ». Ikea, jamais en retard d’une tendance, annonce basculer 80 % de ses produits alimentaires vers le « plant based » d’ici 5 ans.


Dans ces marchés nouveaux, les fabricants d’ingrédients voient une poule aux œufs d’or se dessiner sous leurs yeux. Quand le français Roquette consolide ses positions ici ou là, le géant Cargill n’est pas en reste qui annonce 100 M$ d’investissements dans ses installations en Indonésie pour développer la production de maltodrexine et du glucose, le chinois Food Wise fait ses emplettes et rachète Yinlu Food (lait d’arachide et bouillies de riz) au géant suisse Nestlé. Tout aussi disruptif, voici les engrais sans carbone pour aider l’agriculture à moins peser sur les émissions de gaz à effet de serre (mais pas pour faire des économies, ces engrais seraient deux à cinq fois plus cher, de quoi “bouffer la marge…)

Par ici vous plongerez dans l’histoire des grippes et apprendrez que l’épisode dit de la « grippe russe » présente de grandes similarités avec le Covid-19 qui nous occupe aujourd’hui. Et qu’alors, faute d’avions, elle a voyagé en… Train. Bon, cela dit, l’économie de marché touche peut-être, avec cette crise sanitaire, des limites nouvelles nous apprend la revue américaine Wired. Ici vous apprendrez que les variétés de blés modernes sont probablement plus rustiques que les anciennes. Ailleurs, les chercheurs anglais ont annoncé avoir obtenu un blé qui permet d’augmenter le rendement de 12 %. Non en cherchant comme on le faisait jusqu’ici à augmenter le nombre de grains mais en augmentant la taille de ceux-ci. Voilà de quoi remettre de l’huile sur le feu du débat autour des OGM. Mais cela n’obère pas le potentiel des céréales laissées de côté par la révolution verte !


Et les Russes, on en parle ? Les taxes chinoises sur les vins australiens, de 107 à 212 %, nous rappellent que les Russes ont eux aussi des mesures de rétorsions en cours, comme ce fameux véto russe prolongé jusqu’à fin 2021 sur les produits agricoles européens. En Espagne, le manque à gagner s’élève à 1,65 milliard d’euros depuis l’entrée en vigueur de ce veto, et c’est sans compter avec la récente interdiction d’importer des moûts pour réaliser des vins pétillants (au profit des moûts produits dans les vignobles de Russie). Moûts dont le principal fournisseur était… l’Espagne. Sachez aussi qu’on a découvert une nouvelle variété de pomme en Angleterre. Enfin, si vous voulez voir l’Arctique fleurir, c’est par là.




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