Les échos & le fil

Published on 15 novembre 2019 |

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Les échos #34-2019

Par Yann Kerveno

Le Monde s’inquiète des tensions palpables entre la communauté agricole et la majorité gouvernementale. CETA, budget des Chambres d’agriculture… les sujets de discorde sont nombreux. On peut ajouter à cette liste l’inefficacité de la loi Egalim à organiser le « ruissellement » promis. Une promesse après l’autre, c’est une explication technique qui est avancée pour regretter le retard des effets attendus, mais « tout va changer en 2020 avec les négociations commerciales du début d’année. » Il y a probablement urgence, la question du revenu revient, lancinante, sur fond de difficultés économiques et de suicide. Selon l’Insee, un agriculteur sur cinq n’a pu se verser de revenu en 2017.

Autre front, celui des pesticides. Le maire de Langouët fortement médiatisé pour son arrêté s’est fait, bien involontairement, prendre la main dans le sac avec sa station d’épuration. Station dont les rejets ne sont pas conformes à la réglementation selon les analyses commanditées par la Coordination rurale.


Du côté judiciaire, les nombreux arrêtés municipaux interdisant l’utilisation des produits phytos donnent lieu à autant de procédures engagées par l’État pour contester aux maires le droit de faire police qui ne relève pas de leur compétence. Si la plupart des arrêtés, dont celui de Langouët ont été rejetés par la justice administrative, deux villes, Gennevilliers et Sceaux (connues pour leur surface agricole utile soit dit en passant) ont vu la justice donner raison à leur décision au moins sur la forme, en rejetant le référé en suspension. La matière est ardue, il faudra attendre le jugement au fond pour prétendre à une « validation des arrêtés » contrairement à ce qu’une bonne partie de la presse a diffusé. Il n’est pas inutile pour bien saisir la question de lire cette analyse juridique de Michel Degoffe, professeur de droit public à l’université Paris Descartes qui s’étonne du jugement rendu par le tribunal de Pontoise à propos de ces deux arrêtés. Et puis il y a les fongicides SDHI,  avec cette nouvelle charge portée par Pierre Rustin, le chercheur qui a mené le débat sur la place publique, sujet qui avait déjà suscité une mise au point assez sévère de l’Anses. La publication de cette nouvelle étude relance donc le débat, pour le grand plaisir des coquelicots et, pendant que « ça causait à tort et à travers sur twitter » (c’est un alexandrin si si), Frédéric Suffert (Inra Bioger) en a livré une analyse pleine de subtilité.

Reste le glyphosate. Nous avons refait le point récemment dans un Thread sur twitter et la mission parlementaire a rendu un rapport d’étape, dont le contenu surprend peu si l’on connaît un peu le dossier. Se passer de cette molécule coûtera cher, très cher, de 50 à 150 euros à l’hectare, mais la sortie ne semble pas remise en cause, en dépit de l’appel des parlementaires à juger de la dangerosité à « l’aune de la science et non à celle de l’opinion publique. » 

Puisque novembre a pris des allures d’hiver, voilà de de quoi réchauffer vos oreilles. Lutte contre la faim, circuits courts, paysans et alimentation de demain, Florian Delorme s’est penché sur la question de l’alimentation dans le monde aujourd’hui. Une série de quatre émissions passionnantes et globales, en voici déjà deux.

En Suisse, c’est Le Temps qui a fait la liste de courses pour demain et note que les grands industriels sont dans les starting-blocks. Dans Courrier International, on pourra lire en français l’enquête que le New York Times avait consacrée aux vegans qui deviennent bouchers férus d’éthique. Le propos est de mettre en marché de la viande issue d’animaux élevés dans le respect de la nature, loin du système américain des feed lots. Dans l’Opinion, Frédéric Denhez estime pour sa part que la viande in vitro permettrait de régler nos contradictions intimes. Le blog Strip Food s’est lui penché sur nos paradoxes alimentaires, entre Instagram et nos courgettes flasques, les produits de grande qualité que nous revendiquons et nos courses chez le discounter du coin.


Enfin une autre émission de radio, comment diable sont menées les études nutritionnelles ? Au temps des injonctions permanentes et contradictoires en matière d’alimentation, c’est éclairant !

Après la bagarre politique autour du remboursement de l’homéopathie, un nouveau front s’est ouvert avec ce manifeste signé par les éleveurs qui souhaitent soigner leur bétail avec des remèdes naturels. Sinon, voilà la galaxie Rabhi écornée par une affaire aux prud’hommes où l’école, longtemps dirigée par sa fille, est attaquée pour travail dissimulé. L’occasion de lever le voile sur le woofing tandis qu’au Canada c’est une parcelle de 10 000 hectares qui est en vente et l’on a appris que l’érosion des sols est bien plus ancienne que l’apparition du tracteur ! 





One Response to Les échos #34-2019

  1. A.G says:

    Boucherie + Éthique = https://www.youtube.com/watch?v=vwZee0r_ICs , forcément…

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