Sciences et société, alimentation, mondes agricoles et environnement


Les échos & le fil

Publié le 20 novembre 2020 |

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Les échos #33-2020

Par Yann Kerveno

Les analystes américains se sont penchés sur le plan Farm to Fork qui sous-tend une bonne partie des réflexions et négociations de la prochaine mouture de la PAC. Et ils se sont gratté le crâne : leurs simulations prévoient, si toutes les règles prévues par Farm to Fork sont appliquées, une augmentation de 17 % du coût de l’alimentation en Europe et un recul de 20 % des exportations et de 16 % du… Revenu des agriculteurs. Tout ceci dans un contexte de baisse du budget de la PAC. Bref, tout est là et ça mérite une lecture attentive, d’autant que les chercheurs de l’USDA (le ministère de l’agriculture américain) ont aussi procédé à des simulations des trois scénarios retenus à l’échelle de la planète… Il n’est pas inintéressant, dans ce contexte, de se plonger dans ce passionnant papier d’Infoguerre, qui nous explique comment les États-Unis sont aptes à peser sur les cours mondiaux parce qu’ils dominent le système informationnel lié au marché des céréales. Et les cornichons là-dedans ? On en parle du cornichon ? Oui ! Parce qu’il essaye de faire son retour en France (on ne se moque pas au fond de la classe en suggérant que le pays en est déjà farci, merci !).


Le Point souligne que la quasi-totalité des cornichons que nous consommons provient d’Inde ou d’Europe de l’Est. Pourquoi ? Parce que c’est une culture très gourmande en main-d’œuvre, que le travail de cueillette est harassant et que les standards de calibres de la grande distribution sont impitoyables et nécessitent une attention de tous les instants.

Il y a longtemps que nous n’avons pas parlé de vigne dans les échos, et pourtant l’actualité est riche ! On ne dira pas ici les difficultés économiques dans lesquelles est plongée la filière française mais d’horizons plus lointains, et pas forcément moins inquiétants. Il y a tout de même de l’espoir pour les vignobles soumis aux incendies de forêts comme en Californie et en Australie. Des incendies capables de glisser un goût de fumée dans les raisins. Des expérimentations en cours semblent montrer que traiter les baies ou les jus à l’ozone pouvait réduire sensiblement ce goût. Les feux, et les méga feux ont un impact bien plus important en Californie, puisqu’ils touchent, au cœur, des terroirs les plus prestigieux (Napa, Sonoma, Mendocino…) et que la question se pose aujourd’hui de la pérennité de cette industrie à 34 milliards de dollars. Rien qu’à Sonoma, les incendies pourraient coûter plus de 130 millions de dollars cette année


Là-bas comme ailleurs, on se triture les méninges pour trouver des voies d’adaptation aux évolutions climatiques. Et la question des cépages se pose. Voilà qui pourrait modifier considérablement le paysage, on parle même d’abandonner le chardonnay et le cabernet sauvignon, parce qu’ils ne sont pas en mesure de résister au changement climatique actuel. Révolution en vue ? En Australie, après des années de sécheresse, la découverte de la mise en route de La Niña laisse augurer des pluies abondantes sur le continent pour les prochains mois. Mais ce n’est peut-être pas si évident que cela ! Vous verrez aussi dans ce diaporama quels sont les 10 animaux les plus utiles à la culture de la vigne, le plus étonnant n’est pas forcément celui que vous imaginez !

Même si nous sommes raisonnablement fatigués du Covid-19, nous n’avons visiblement pas fini d’en souper. Et les conséquences pourraient d’ailleurs déborder dans d’autres champs à cause des moyens prophylactiques que nous mettons en œuvre, faute de mieux. Le masque et la distanciation sociale pourraient avoir un effet retardateur sur d’autres épidémies de maladies endémiques. En Espagne, la pandémie semble aussi avoir un impact très important sur les habitudes alimentaires des ménages. 63 % déclarent avoir modifié leurs habitudes et 73 % passer plus de temps à la préparation des repas… Au Danemark, l’abattage de millions de visons à cause d’une mutation sur Sars-Cov2 vient de coûter son poste au ministre de l’agriculture du pays. En cause ? Une décision d’abattage peut-être prise en dépit du bon sens, le virus muté s’étant probablement éteint de lui-même avant l’automne… Voilà qui a pour mérite en tout cas de propulser sous les feux de la rampe et dans le (presque) grand public le concept One Health.

Hervé Gardette rappelle sur France Culture les enjeux de ce concept dont nous avons déjà largement parlé dans Sesame sous la plume de Sylvie Berthier au printemps dernier, mais aussi au long de trois articles signés de Michel Duru et Olivier Théron (1,2,3) qui entraient dans le détail, là où le diable se cache, pour nous permettre de mieux saisir tous les enjeux de ce concept. Après cette lecture vous serez incollables sur le sujet !

Sachez aussi que la sécheresse a amputé de 40 % la récolte européenne de miel, en particulier dans le sud de l’Europe et que la filière est exsangue. Puisqu’on parle de sécheresse, conservez à l’esprit que le niveau des océans progresse désormais de 5 centimètres par décade, ce qui inspire plusieurs réflexions pertinentes ou intéressantes à Jean-François Berthoumieu sur le stockage de l’eau…


Au Royaume-Uni, 40 photographes ont travaillé dans des fermes et des abattoirs pour livrer un puissant plaidoyer contre l’élevage qui fera sans nul doute parler. Le livre, appelé « Hidden » (Caché), a été imaginé par Jo-Anne McArthur, photojournaliste et militante de longue date pour les droits des animaux. Enfin pour avoir une vague idée du futur de l’alimentation, allez donc jeter un œil à la short list du concours FoodBytes 2020 organisé par la Rabobank. Il y a à boire et à manger.


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