Les échos #26-2023
La journée est cruciale à plus d’un titre alors qu’expire l’embargo européen sur la circulation des céréales ukainiennes. Qu’en sera-t-il ? Ce matin encore aucun accord ne semblait en vue. Et vous saviez qu’il existait désormais un “os vegan” ? Ce sont les échos de la semaine.
Un grain dans le grain.
On avait craint de manquer de céréales, voilà qu’on ne sait plus qu’en faire. Enfin façon de parler. Il s’agit bien entendu des céréales ukrainiennes dont il est question et de la manière dont on peut les faire sortir des silos une fois récoltées. On se souvient de la fin de l’accord de la Mer Noire en juillet dernier. Cet accord avait permis d’instaurer un corridor maritime pour laisser le passage libre aux bateaux transportant des céréales. Négocié en 2022, il n’a pas pu être prorogé faute de nouvel accord entre la Russie et les pays de l’Ouest malgré la médiation de la Turquie. Tout récemment encore, le président turc exhortait les pays de l’Ouest à « faire des efforts », sous entendant d’honorer les promesses du premier accord jugées non-respectées par Vladimir Poutine, le président Russe.
Quid des Solidarity lanes ?
L’autre solution pour commercialiser les céréales est donc la voie terrestre par les pays frontaliers, membres de l’Union européenne, ce qu’on a appelé les « routes de la solidarité ». Las, l’entrée massive et le stockage de céréales à bas prix en Pologne ou en Roumanie ont provoqué sur place un effondrement des marchés nationaux, alimentant la grogne (euphémisme) des producteurs locaux. Au final, cinq pays (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Roumanie et Bulgarie) ont interdit l’entrée des céréales et oléoprotéagineux ukrainiens (blé, maïs, graines de colza et de tournesol) à la fin du printemps, l’Union européenne prolongeant juste après cette interdiction jusqu’à… Aujourd’hui.
Et cet été, quand la question s’est posée de la prolonger, il y a eu du tirage dans la maison européenne. Le commissaire européen à l’agriculture, le polonais Janusz Wojciechowski, s’est prononcé publiquement pour la prolongation à la fin du mois d’août, mettant l’ensemble des institutions européennes en porte-à-faux. Et donc ? Depuis, les choses se sont une peu décantées sans qu’une solution, à l’heure où sont écrites ces lignes, soit élaborée. Si la Bulgarie a annoncé sa volonté de lever l’embargo, la Pologne mais aussi la Hongrie et la Slovaquie entendent bien, pour leur part, le maintenir. Même de façon unilatérale, quitte à se voir traîner en justice par l’Union européenne. Réponse ce soir ?
Sensation.
La présidente de la commission européenne, Ursula Von Leyen a fait sensation lors de son dernier « discours de l’Union » en proposant au monde agricole un « dialogue stratégique » autour de Farm to Fork et du green deal. Manière de passer d’un management descendant en la matière ou simple manœuvre électorale pour celle qui semble prétendre à un second mandat à la tête de la commission ? Ce sont bien sûr le Green deal et Farm to Fork qui seront au cœur de ce dialogue, s’il survient. L’agriculture biologique est d’ailleurs un pilier de ces nouvelles orientations.
Il n’est pas inintéressant à ce sujet de plonger dans le n°16 d’Agridata concocté par Olivier Frey. Il y passe à la moulinette les chiffres de la bio dans le monde, mettant en regard, par pays, les surfaces consacrées et la consommation. De quoi remarquer que, dans la plupart des pays, cette consommation est bien inférieure à la SAU qui y est consacrée. En attendant, mais vous n’étiez peut-être pas prêt, voici que l’on annonce le premier os vegan et, concomitamment, le premier embryon humain de synthèse. Une bonne raison, peut-être, pour aller se promener en montagne, tant que c’est encore possible et pourquoi pas à la recherche du Yeti ?
Paysages d’Aragon, Espagne © yann kerveno septembre 2023
