Les échos & le fil

Published on 13 septembre 2019 |

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Les échos #26-2019

Par Yann Kerveno

Tiens, voilà encore un sujet qui promet de vastes débats dans le courant de l’automne.  Le traumatisme de Sivens est à peine cicatrisé, que la sécheresse de cette année en France incite à remettre sur le tapis la question des retenues collinaires. D’ailleurs, soyez patients, dans le prochain numéro de Sesame, nous consacrerons tout un dossier à la question de l’eau et de l’agriculture… #teasing.


Nous avions déjà signalé dans les échos que des voix se font entendre pour souligner le possible effet délétère des barrages sur le réchauffement climatique, et nul doute que le syndrome Nimby se manifestera quand les projets arriveront au stade des enquêtes. À moins que, d’ici là, les plantes aient moins besoin d’eau ! Des chercheurs ont d’ailleurs isolé récemment un gène de l’orge qui le rend plus tolérant au stress hydrique. La sécheresse questionne très intensément la question des modèles agricoles et, se répétant dans certaines zones, elle viendra modifier substantiellement les paysages que nous connaissons. Un récent rapport de l’agence européenne de l’environnement, publié la semaine dernière, précise les tensions à venir et chiffre les enjeux. D’ici à 2050, le revenu agricole pourrait avoir perdu 16 %. Et l’adaptation au changement climatique doit devenir une priorité pour améliorer la résilience des filières face aux événements extrêmes, sécheresses, vagues de chaleur et inondations… La résilience, justement, une étude de chercheurs américains tend à montrer, par exemple, qu’une plus grande diversité de cultures (hors des rotations réduites que nous connaissons sous nos latitudes) peut permettre de garantir une meilleure autonomie alimentaire et un meilleur revenu aux agriculteurs.

Et puis, il y a les feux de forêts dont nous avons déjà parlé la semaine passée. Dans un point de vue fort ironique, le Canadien Stuart Smyth, professeur associé de l’université du Saskatchewan, met en lumière les contradictions des ONG environnementales européennes sous un titre forcément provoquant : « Est-ce que les environnementalistes européens sont responsables des feux de forêts au Brésil ? » Dans le Guardian, Rowan Williams, ancien archevêque de Canterbury estime lui au contraire que nous sommes tous à blâmer et que les incendies sont le fruit de notre appétit démesuré pour l’excès.

Sincèrement, je pensais laisser les pesticides de côté, mais l’actu en déborde.


Il y a la pression mise par la publication d’un ouvrage sur les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase- plus médiatiquement connu sous l’acronyme SDHI- qui a déclenché une mise au point cinglante de l’Anses. Il y a toujours la pression que mettent les élus en prononçant des interdits d’utilisation. Cinq villes importantes ont rejoint le mouvement cette semaine. Pour se voir rappeler, par la ministre de l’Environnement que leur décision correspond en fait à… une loi votée en 2017.

De son côté, France Inter a tenté de comprendre quelque chose au débat en cours sur les distances à respecter entre les champs et les habitations. Une question qui divise jusqu’aux agriculteurs, témoigne le Figaro. Au-dessous de cette écume médiatique, il y a cette interview de Catherine Hill, sur France Culture, qui parvient à exposer avec pédagogie, mais contre Guillaume Erner, l’envers du décor. Répétant qu’il n’y a pas plus de cancer chez les agriculteurs qu’ailleurs, et même moins, elle détaille. « Ce qu’on mesure ce sont les effets d’expositions anciennes qui sont probablement plus élevées qu’aujourd’hui (…) Donc s’il n’y a pas de signal chez les agriculteurs qui manipulent les produits depuis longtemps, on ne va pas se faire de soucis pour les personnes qui sont à 50 mètres. »

On nous annonce aussi le retour de la cuisine fumée, c’est drôle, n’était-il pas question de cancérogénicité de la pratique estivale du barbecue il y a quelques années ? Plus malin peut-être, mais ça reste du business, le New York Times voit dans l’initiative Happy Hour de la chaîne de magasin finlandaise S Market une des solutions épatantes pour limiter le gaspillage alimentaire. Elle consacre en effet, chaque jour, à partir de 21 heures une vitrine réfrigérée aux produits qui arrivent à leur date limite de consommation à minuit avec une très sérieuse remise…


De quoi changer le comportement des consommateurs ? Peut-être. C’est d’ailleurs sur ce comportement qu’une étude de l’Inra s’est penchée pour déterminer que « le coût d’adoption par les consommateurs varie fortement selon les recommandations envisagées ; les objectifs environnementaux et de santé publique sont généralement compatibles ; la valeur économique des effets sur la santé est généralement bien supérieure à celle des effets environnementaux ; pour bon nombre de recommandations, les politiques d’information des consommateurs présentent un bilan coût bénéfice favorable suggérant qu’il est pertinent d’intensifier ces campagnes de promotion. » Dans un point de vue, Eddy Fougier invite, lui, à se pencher sur la révolution agricole en cours avec une main mise de plus en plus sensible des grands groupes industriels. De quoi vous donner du grain à moudre jusqu’à la semaine prochaine ?

À moins que vous préfériez voyager à la fois dans le temps et l’histoire avec le site « Remonter le temps de l’IGN » en comparant les photos satellites actuelles avec des photos aériennes des années cinquante… Attention, c’est le piège parfait pour le procrastineur qui sommeille en vous !




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