Les échos & le fil

Published on 14 juin 2019 |

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Les échos #22-2019

Par Yann Kerveno

Et si les OGM étaient une solution ? Voilà bien un sujet qui se tenait tranquille, bruissant doucement sans trop faire de vague, et qui redéboule dans l’actualité par tous les côtés. Il y a eu cette manifestation d’agriculteurs en Inde qui réclament qu’on leur donne l’autorisation de cultiver un coton OGM non encore autorisé, le Ht Bt (résistant au glyphosate, OGM de troisième génération produit par Monsanto) non autorisé par le gouvernement indien mais visiblement déjà cultivé assez largement illégalement avec des bénéfices sensibles pour les planteurs. Il existe dans le pays une autre variété de coton OGM, Bt uniquement, commercialisée et cultivée mais elle ne satisfait visiblement plus les producteurs.

C’est un sujet sensible en Inde où il est aussi question dans ce dossier d’une aubergine OGM, interdite depuis 2010. Les autorités craignent que cette aubergine Bt contamine 2 000 autres plantes de la même famille endémiques de la région.

Tant qu’on y est, vous vous souvenez du riz doré ? Lui aussi revenu dans l’actualité ces dernières semaines. Il est dit que ce riz génétiquement modifié pourrait être une des armes pour lutter contre la malnutrition et précisément les carences en bêtacarotène. Une affirmation contestée par une ONG anti-ogm qui, s’appuyant sur une étude indienne, explique que les bêtacarotènes contenus dans le riz doré se dégradent très vite pendant le stockage après la récolte. En six mois – et même en le conservant au froid à -4°C – il ne resterait plus que 20 à 30% de la quantité initiale. La Food and Drug Administration (FDA – États-Unis) avait dressé un constat du même tonneau l’an passé, en affirmant que le riz doré ne pouvait se prévaloir d’effets bénéfiques sur la santé.


Bref, on n’a pas sorti Mémé des orties dans ce dossier ; vous en saurez plus en lisant les quatre papiers d’Adrian Dubock sur le sujet. D’OGM, on a aussi parlé avec la candidature de Catherine Geslain-Lanéelle à la présidence de la FAO. Après le Guardian, qui révélé l’information, Le Monde s’est offusqué que la candidate française puisse prétendre à cette fonction sans s’opposer aux OGM et aux biotechnologies en général. Dans une étude récente, un chercheur en psychologie américain montre que le rejet des OGM repose le plus souvent sur une mauvaise compréhension de la science. Et que l’éducation à la science pourrait être un outil pour une meilleure acceptation sociale des modifications génétiques. En tout cas peut-être plus efficace que le marketing engagé pour faire changer d’avis les opposants ?


Voilà qui tombe à pic quand sort une étude sur 21 années de production de maïs BT en Espagne et au Portugal. Des semences qui ont permis de réduire l’utilisation de pesticides de 37 % et une grande économie de fuel quand une nouvelle étude n’a pas trouvé de traces d’effets sur le microbiote des rats de la consommation de maïs OGM (MON 810 et NK 603). Pour ceux qui ont manqué le début de ce dossier OGM, c’est par ici !

Bon en France, on a d’autres préoccupations. Des moutons vont transhumer à Paris. À trotinette ? Plus sérieusement, ce sont les sénateurs qui ont mis le feu aux poudres en rendant un rapport d’information assez pessimiste. Il prédit en particulier que la France pourrait voir s’évanouir ses excédents commerciaux agricoles d’ici… 2023. Demain quoi. L’excédent commercial a été divisé par deux en seulement six ans. La synthèse indique que ce recul très sensible est principalement lié à une perte de compétitivité générée par des charges plus importantes qu’ailleurs, la surréglementation, la fragilité structurelle des filières et de l’industrie et une stratégie peut-être trop portée sur le haut de gamme pour espérer perdurer sur les marchés extérieurs.


Rien de bien neuf sous le soleil, si ce n’est donc que l’évaluation brutale de l’impact de ces handicaps qui au final, entravent les capacités exportatrices de l’agriculture française. Un peu plus tôt dans l’année, c’est la Cour des comptes qui avait étrillé l’action de l’État, lui reprochant son manque de stratégie dans le soutien qu’il apporte à l’agriculture. La synthèse est là, le rapport complet ici. Le Parisien s’inquiète de son côté de ce constat d’impuissance et envisage que le pays sera donc contraint d’importer plus de produits agricoles. Dont une partie pourrait bien ne pas respecter les contraintes imposées aux produits français…

À l’autre bout de la planète, vous vous souvenez peut-être de ce formidable reportage qu’avait consacré le New York Times à ce vigneron sud-africain Stefan Smit de Stellenbosch dont les terres étaient occupées par l’extension d’un bidonville de la cité toute proche. Il avait introduit un recours devant la justice pour récupérer l’usage de ses terres. Stefan Smit a été abattu par quatre hommes devant sa famille, sans qu’on sache, pour l’heure, si ce meurtre est lié à ce conflit qui fait grand bruit dans le pays. Depuis plusieurs années, l’Afrique du Sud est secouée par un intense débat politique autour de la spoliation de terres par les immigrants blancs. Et la violence y est endémique, il existe même une page wikipedia consacré aux attaques de fermes dans le pays.


Plus près de chez nous, dans le Cantal, un éleveur se voit contraint par la justice de déménager sa ferme raconte France 3, au motif que la fumière gène ses voisins, récemment installés dans le village. Dans l’Obs, le chef Thierry Marx dézingue la viande de culture et la consommation d’insecte, en Belgique, l’étude qui affirmait qu’un régime vegan pouvait se révéler délétère pour les jeunes enfants se voit fortement contredite par une association de médecins américains. Au Royaume-Uni, Lidl a simplifié l’étiquetage de la viande comme l’enseigne l’avait fait pour les œufs. Objectif ? Aider les consommateurs à mieux s’y retrouver et mettre leurs achats de viande en phase avec leurs aspirations personnelles.




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