Les échos & le fil

Published on 19 juin 2020 |

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Les échos #21-2020

La chose est contre-intuitive mais parfois la sécheresse peut faire reculer… l’irrigation ! C’est le cas en Australie où elle sévit depuis plusieurs années et a incité les agriculteurs à penser leurs assolements différemment. Avec à la clé une réduction de 26 % des volumes d’eau consommés par l’agriculture et de 15% des surfaces irriguées… En Sibérie ce n’est pas encore la sécheresse, mais ce printemps restera dans les livres de records pour les chaleurs enregistrées, au grand dam du permafrost qui fond, presque, comme neige au soleil. Aux mêmes latitudes, ce sont les saumons qui souffrent de la température de l’eau en Alaska. De l’eau, il en manque chez nous pour mener les cultures à bon terme cette année dans la moitié nord du pays, même si les nappes se sont bien rechargées cet hiver. Un rapport des députés français s’est penché sur la question délicate de la gestion du partage de la ressource en eau et des conflits qu’il génère.


Les députés formulent une série de recommandations basées principalement sur le durcissement de la législation actuelle, avec « délictualisation » de certains comportements irrespectueux, obligation de déclaration pour tout forage et suivi plus régulier de l’état de la ressource. Le rapport complet est là. Il propose aussi « une gouvernance de l’eau identique sur tout le territoire et une gestion par bassin versant plutôt que par département. » De leur côté, les sénateurs se sont aussi exprimés ces derniers jours pour inciter le gouvernement à ne pas oublier l’agriculture dans son plan de relance post-Covid-19.

On dit depuis longtemps qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, et c’est aussi le cas entre envie et réalité. Du côté de l’envie, il y a ce sondage commandé par Greenpeace qui annonce que les Français veulent plus de bio. Du côté de la réalité, il y a ce constat dressé par les sénateurs dans la note sur la relance citée plus haut (page 33) : « les ventes de produits bio ont crû durant la crise, mais ne portent plus l’essentiel de la croissance des ventes. En effet, 89 % de la croissance des ventes en GMS a été portée par des denrées non bio, alors que 87 % de cette croissance était portée par le bio en 2019. (…) Sans conteste, ces produits demeurent plébiscités par les consommateurs. Mais la crise semble avoir démontré la nécessité de trouver un équilibre entre les différents modes de production sans laisser croire qu’il soit possible d’aller à court-terme vers un marché intégralement bio, comme d’aucuns pourraient le laisser entendre. »


Aux États-Unis, ou la bio représente aujourd’hui un marché de plus de 50 milliards de dollars, les produits bios ont connu un boom sans précédent pendant la crise sanitaire mais la tendance pourrait s’inverser avec la crise économique et la réduction du pouvoir d’achat des ménages. Sans parler de l’augmentation des prix des produits alimentaires constatés dans la plupart des pays. Notons aussi qu’en dépit des progrès industriels, les mangeurs ne sont pas encore tout à fait prêts à croquer dans des insectes ou de la viande de synthèse. Ce qui pourrait profiter au vaste secteur du « plant based food » (à base de végétaux).

Restons à table voulez-vous, et voilà qui ne plaira pas forcément aux gourous de tout poil qui veulent nous faire manger des vessies à la place des lanternes. En effet, il n’existe visiblement pas de régime miracle pour être en bonne santé ! Une étude récente, rapportée par New Scientist et portant sur un échantillon d’un millier de personnes à qui le même régime a été appliqué pendant une quinzaine de jours, a en effet montré que chaque individu enfin, chaque corps, avait une réaction métabolique propre… Et qu’il était donc difficile de généraliser.

Cela dit, la crise du Covid aura des conséquences sur nos habitudes alimentaires, huit consommateurs américains sur dix ont modifié leur comportement avec plus de cuisine à la maison et aussi plus de snacking.

Les tendances sont lourdes. Quid de leur pérennité dans le temps ?

Contre-intuitif aussi ce constat : faire à manger chez soi ne coûte pas forcément moins cher… Pendant ce temps, en France, l’Inrae s’est demandé s’il y avait un possible lien entre le surpoids et les odeurs. Et la question est vite répondue ! (Mais c’est plus compliqué qu’il y paraît !).


La vanille sent bon, c’est une madeleine en puissance, c’est pour cela qu’on l’aime et qu’on l’utilise. Mais c’est un marché aujourd’hui en pleine déconfiture, même si le Covid a un peu sauvé la mise. Et puisque c’est le week-end, je vous propose d’aller vous faire cuire, longtemps, un œuf. Pour patienter, faites donc un saut dans cette bibliothèque peu banale (n’oubliez pas le masque et les gants) ou plongez-vous dans ce bouquin, en fait le rapport de l’Académie d’agriculture sur l’agriculture face au défi technologique

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