Patrimoine partout
Pour les journées du patrimoine, on a plongé dans les registres du patrimoine architectural (et pas seulement) agricole protégé au titre des monuments historiques. Il y en a pour toutes les curiosités et c’est un beau voyage à travers la France et l’histoire dans ce fil du mercredi 17 septembre 2025.
Visuel : © archives Yann Kerveno
Quand on dit journée du patrimoine, on pense souvent châteaux, dorures et bâtiments exceptionnels. Mais c’est oublier que les monuments historiques sont légion et qu’ils sont loin de tous relever de la pompe royale ou seigneuriale. L’agriculture a ainsi donné nombre de bâtiments, mais pas seulement, aujourd’hui inscrits dans les différents inventaires de conservation. Et comme tout ne se visite pas à l’heure des journées du patrimoine, c’est ce week-end, laissez-vous tenter par une visite virtuelle… En effet, pour mesurer la richesse de ce patrimoine singulier, il faut plonger dans la base de données POP, la Plateforme Ouverte du Patrimoine du ministère de la culture et se laisser guider jusqu’à la base Mérimée qui recense le patrimoine architectural français. Une fois là, les choses sont décidément bien faites, vous n’aurez qu’à sélectionner l’item « architecture agricole » pour être confronté à 383 fiches de lieux protégés totalement ou en partie au titre des monuments historiques… Alors bien sûr, on pourra penser spontanément au Domaine du Pradel en Ardèche, la demeure d’Olivier de Serres, « premier agronome », dont il subsiste quelques pièces et quelques vestiges des aménagements qu’il avait réalisés pour mener ses expériences au XVIe siècle.
Les fermes sont bien présentes dans ce catalogue, notamment Le Moulin de Giono dans les Alpes de Haute-Provence, maison construite à la fin du XIXe et agrandie dans les années 1930 après son acquisition par l’écrivain. Ou encore la ferme de Cal Mateu, en Cerdagne, construite au XVIIIe siècle, dont le bâtiment est partiellement classé et qui abrite une des vignes les plus hautes d’Europe, ou encore la grange-étable Paillé de Prat Alaric en Haut-Languedoc à Fraïsse-sur-Agout, qui fait l’objet d’une campagne de restauration au début de la décennie appuyée par la fondation du patrimoine. On y trouve aussi quelques autres types de ferme comme les fermes fortifiées et celle, magnifique, de Charbogne dans les Ardennes ou celle des Brouzes sur le plateau du Larzac…
On trouve également dans cet inventaire de nombreux bâtiment de caves coopératives nées au début du XXe siècle en Languedoc, comme celle de Tavel dans le Gard mais aussi des pigeonniers tel que celui de Larressingle dans le Gers, des granges de toutes factures, des hameaux de toutes régions. Pour autant, il n’est pas nécessaire d’être si vieux que cela pour figurer dans cette base de données. On y trouve notamment quelques silos à grains comme celui de Courpalay en Seine-et-Marne. Silo à la silhouette si particulière, construit en 1937 en béton armé par l’architecte Roger Gilbert pour la coopérative du village et qui est toujours utilisé, même si sa destination a changé. Il abrite aujourd’hui une brasserie, après une réhabilitation. Le bâti n’est pas le seul concerné par la protection au titre des monuments historiques, le végétal peut aussi l’être, comme dans le Gers avec cette parcelle de vigne plantée à Sarragachies sous Napoléon III et ses 600 ceps non greffés, visitée d’ailleurs par la revue Sesame dans ses toutes premières années (de la revue, pas de la parcelle) à l’occasion d’un dossier sur les vieux cépages. On trouve aussi des aménagements hydrauliques, c’est le cas de l’orangeraie de Portiglio en Corse, domaine que la mairie remet en état. Et jusqu’à des éoliennes comme celle, construite par Bollée et fort imposante en photo, du domaine de Puyraveau dans la Vienne. Malheureusement, il arrive aussi que ces éléments du patrimoine ne résistent pas au temps qui passe. Et certaines inscriptions le sont à titre posthume, comme pour ce silo à céréales construit en 1910 en béton armé sur le port de Strasbourg par l’architecte Ernst Zimmerlé mais qui fut détruit en 1996.
Puisque nous en sommes là, difficile de ne pas évoquer le patrimoine immatériel auquel l’agriculture contribue fortement. Imaginez donc, on y trouve le feu pastoral dans les estives du Pays basque, la transformation des canards gras, le tue-cochon, l’élevage du bœuf gras de Bazas, l’herboristerie en Haute-Provence, la fabrication du Saint-Nectaire ou encore celle du Châteauneuf du Pape ! Si, arrivé là, vous avez cliqué sur tous les liens, il vous restera quelques heures de lecture mais au cas où, vous trouverez ici la liste complète de l’inventaire du patrimoine immatériel. Enfin, sachez que le ministère de l’Agriculture ouvre ses portes ce week-end et que si vous n’êtes pas à Paris, vous pouvez aussi depuis chez vous plonger dans le patrimoine audiovisuel du ministère qui utilise l’image animée depuis les années 1920 ! Bref de quoi voyager dans le passé et dans l’histoire de l’agriculture et des agriculteurs.