Les échos #9-2025
Les échos du vendredi 21 mars 2025 : lynx, loup, fruits anciens, avocat et vignes saccagées au menu.
Alors que la question du statut du loup, et son récent déclassement par l’Union européenne, fait toujours débat, en Écosse, on réfléchit à sa réintroduction dans les Highlands. Et pas vraiment pour la galerie, mais pour aider le Royaume-Uni à tenir son objectif net zéro carbone en 2050. Comment ? Les chercheurs qui ont modélisé la chose estiment qu’une population de 167 loups – ils sont absents pour le moment ayant été éradiqués il y a 250 ans- contribuerait à réduire la population de cervidés à un « niveau permettant aux arbres de se régénérer naturellement » et, à terme, de stocker un million de tonnes de carbone… Soit 5 % des émissions nationales. En France, l’extension du domaine du loup servira peut-être les intérêts du lynx boréal en détournant une partie de l’attention qui lui était portée jusqu’ici. Considéré comme moins problématique que le loup, le lynx vient de faire l’objet d’une expertise de la viabilité de ses populations, confrontées à différentes avanies : fragmentation de l’espace, manque de diversité génétique, destructions légales et illégales… Les experts ont formulé plusieurs recommandations de conservation : adopter une approche socio-systémique à long terme, favoriser la disposition à vivre avec cet animal, associer plusieurs stratégies de conservation (amélioration de la connectivité des habitats, réduction des destructions, translocation pour augmenter la diversité génétique…). En attendant, son aire de présence régulière a sensiblement augmenté ces dernières années, passant de 10 800 km2 en 2020 à 15 800 km2 en 2023. Avec une expansion plus forte de la population jurassienne en regard de celle des populations alpines ou vosgiennes.
En Italie, c’est un vignoble expérimental qui a été vandalisé en février dernier. Planté par les chercheurs de l’université de Vérone, ce vignoble avait pour objectif de tester des ceps de chardonnay, cinq au total, édités génétiquement par le biais de la technologie Crispr-Cas 9, pour mieux se défendre face aux attaques de mildiou (responsable de la consommation importante de cuivre). L’endroit était pourtant sécurisé, clôture grillagée, parcelle accessible uniquement au personnel. C’est la deuxième « attaque » de ce genre dans le pays. L’an passé, c’est une parcelle de riz édité génétiquement pour résister à une maladie fongique et développée par l’université de Milan qui avait fait les frais d’une même attaque dans la région de Pavie.
Si l’on connaît l’entrisme de la mafia dans les affaires agricoles italiennes, au Mexique, les cartels s’intéressent de près à la production d’avocats qui se développe dans une anarchie certaine dans le pays. Au mépris de l’environnement et pour servir le marché américain où la consommation a été multipliée par quatre en quelques décennies… Mais revenons en Italie pour un autre genre d’enquête, menée par Isabella Dalla Ragione, qui épluche tout autant les archives et les peintures que des parcelles oubliées, pour reconstituer la richesse génétique des espèces fruitières cultivées en Italie entre la Renaissance et le développement de l’agriculture moderne au XXe siècle. Des variétés qu’elle conserve dans son jardin, un vaste verger de 600 arbres.