Les échos #8-2025
Cette semaine, on parle d’une toute nouvelle technologie de viande de synthèse (eh oui, encore une !), du cercle vicieux agriculture/climat, et même du projet de réécriture de la loi sur l’eau aux Etats-Unis…
Visuel : © Mark Thomas
Le changement climatique est un défi à l’échelle de l’humanité qui implique d’avoir une vision globale, rappelle une étude publiée l’an passée sous la plume de chercheurs chinois. L’équipe dirigée par Yi Yang a mené une large revue de la science disponible pour procéder à un état des lieux des interactions recensées entre changement climatique et agriculture. Deux conclusions majeures s’imposent à l’équipe à l’issue de ce travail : le changement en cours aura un impact important à très important sur la marche des productions agricoles, avec un cercle vicieux. Car les pertes de rendements et de fertilité seraient compensées possiblement par une augmentation de l’utilisation d’intrants de synthèse et, au final (en résumant), plus de déforestation pour répondre aux besoins alimentaires. D’où une augmentation du poids de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre. Pour surmonter ces perspectives, les chercheurs estiment qu’il faut faire évoluer les pratiques mais aussi investir massivement dans la « découverte, l’adaptation et la réduction des coûts des technologies agricoles émergentes (qui) pourraient contribuer à rendre l’agriculture plus fiable, plus durable et plus résistante au climat, tout comme l’adoption de nouveaux aliments et de régimes alimentaires plus sains qui nécessiteraient beaucoup moins de terres, d’eau et de produits chimiques par habitant qu’à l’heure actuelle. »
Si la viande de synthèse est souvent présentée comme une des clés de la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’élevage, elle est peut-être déjà dépassée. La technologie actuelle implique de multiplier les cellules animales pour obtenir un steak ou un filet de poulet. Mais une nouvelle approche permet aujourd’hui, en laboratoire, de produire de la « viande » sans cellules animales. C’est le fruit de travaux menés par une équipe de chercheurs qui mobilisent des métamatériaux dont les propriétés « découlent de leur structure plutôt que de leur composition – pour reproduire la texture et l’architecture complexes de la viande traditionnelle. » Dans une interview récente, Mohammad Ghosheh et Yaakov Nahmais détaillent le procédé : « Pour fabriquer un steak ou une côtelette, nous créons un moule et injectons la LTMA (un analogue de viande composé de protéines végétales texturées) ou la partie « musculaire » du steak. Une fois le LTMA refroidi, nous soulevons la partie supérieure du moule pour exposer les cavités « intermusculaires » dans lesquelles nous injectons le protéoléogel (un gel gras produit à partir de protéine végétale). Le produit est ensuite congelé et le moule est retiré, laissant un morceau de viande entier. » Un steak qui ressemble à un steak en somme. De quoi peut-être mettre un peu plus de pression sur les pionniers du steak végétal comme Beyond Meat qui peine toujours à atteindre la rentabilité. Cette entreprise a annoncé une perte nette de 160 millions de dollars pour son exercice fiscal 2024 (contre 338 M$ en 2023).
Aux États-Unis, la loi sur l’eau (WOTUS) qui prend sa source au tout début des années 1970, ne connaît pas de repos. L’administration Trump a annoncé sa volonté de vouloir réécrire le texte (ce sera la quatrième fois en 10 ans) pour le faire coller avec une décision récente (arrêt Sackett, mai 2023) de la Cour suprême. Au cœur des débats, une question qui résonne chez nous, celle de la définition de ce qu’est un cours d’eau et, en filigrane, du rôle qu’il joue dans le paysage. La loi, largement élargie jusqu’aux cours d’eau intermittents par l’administration Obama, avait été une première fois réécrite et assouplie lors du premier mandat de Trump, puis de nouveau restreinte par l’administration Biden.
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