Publié le 31 janvier 2025 |
0Les échos #4-2025
Toujours vérifier ce qu’on met à la poubelle. C’est la fable de la semaine dans ces Échos du 31 janvier 2025. Mais on y cause aussi du rejeton Kennedy, du H5N9 et de John Deere...
Visuel : copyright Yann Kerveno
Sur le gril, pour le moins. Robert Kennedy Jr, pressenti pour être le « ministre » de la santé de l’administration, passait cette semaine son entretien d’embauche devant les parlementaires. À cette occasion, les journalistes du Washington Post ont fait tourner les intelligences artificielles pour fouiller dans ses déclarations publiques (400 entre 2020 et début 2025) afin de cerner le personnage. Et confirmer le rapport très particulier qu’il entretient avec la science. Et lui permet d’écrire une histoire aux relents complotistes comme nous l’avons déjà souligné. IL refuse d’être ainsi taxé « d’antivax » mais a dit 36 fois que les vaccins avaient un lien avec l’autisme, expliqué 114 fois que les vaccins étaient dangereux et que le risque surpassait les bénéfices, jusqu’à se targuer « de ne pas être médecin mais de pouvoir se revendiquer spécialiste des vaccins parce qu’il a écrit trois best-sellers sur le sujet. » Bref, il croit aussi que la rougeole se guérit avec de la vitamine A et du bouillon de poulet. Mais les journalistes du Washington Post vont plus loin et opposent, pour chaque assertion, les sources qui permettent la contradiction. S’il parvient au poste qu’il convoite, le rejeton Kennedy pourrait bien faire le bonheur des amateurs de lait cru qui se recrutent aujourd’hui massivement chez les plus conservateurs des Américains, après avoir été l’apanage des hippies et de la jet-set californienne. Ses défenseurs estiment ainsi que le lait cru est meilleur et qu’il aide à guérir l’asthme, entre autres, au grand dam des autorités sanitaires du pays qui rappelle qu’un petit coup de pasteurisation évite quand même des désagréments potentiels du genre E-Coli, Salmonellose, Listeria…
Le monde agricole américain est, lui aussi, pour le moins anxieux à l’idée de le voir débouler au ministère de la santé. Au point que 90 % des économistes américains spécialisés dans l’agriculture estiment que cette nomination ne sera pas positive pour le secteur. À cause, entre autres, de son combat contre le glyphosate et sa défiance proverbiale contre les produits phytos de synthèse voire les OGM. Tant que nous en sommes là, faisons un petit détour par le H5, mais N9 celui-là, qui donne des sueurs froides aux autorités sanitaires. Pourquoi ? Parce qu’un cas de ce variant, fort rare, et issu d’une combinaison de H5N1, H7N9 et H9N2 a été découvert sur un canard en Californie en novembre dernier, vient on d’apprendre. État où le H5N1 circule à grande vitesse.
Toujours aux États-Unis, c’est le début de l’épilogue d’un vieux dossier qui se prépare, avec la décision de l’administration américaine de traîner le constructeur John Deere devant les tribunaux. La raison ? La réticence de longue date du constructeur à empêcher ses clients de réparer eux-mêmes leurs machines. Et ce, dans la mesure où la marque impose des limites à son logiciel opérationnel, ce qui signifie que certaines fonctions et certains calibrages de ses tracteurs ne peuvent être déverrouillés que par des mécaniciens disposant de la bonne clé numérique.
Enfin, cette fable moderne pour méditer ce week-end. La justice anglaise a eu à se prononcer récemment sur un dossier curieux. Celui de la demande d’un quidam, James Howells, qui souhaite accéder à un disque dur enfoui dans une décharge publique depuis 2013. Au motif que ledit engin contient des clés cryptées permettant de récupérer les bitcoins qu’il a minés au début des années 2010. Et qui, le temps aidant, représentent aujourd’hui la modique somme de 765 millions de dollars… Illustration peu banale du dicton du moment qui nous pousse à recycler : « nos ordures valent de l’or. »