Publié le 5 février 2024 |
0Les échos #4-2024
(Les manifestations agricoles ayant occupé toute l’actualité la semaine passée vous fûtes privés des Échos. Mais ils sont de retour ce vendredi 2 février 2024). Avec bientôt du Risotto sauce Crispr-Cas9 ? Des tracteurs en colère mais en Australie cette fois, des histoires de clôtures virtuelles mais bien électriques, des bateaux infernaux…
Visuel : Manifestation de flamants roses le jeudi 1er février dans la Sagne d’Opoul © Yann Kerveno
Internationale de la grogne
Il n’y a pas qu’en France, ou en Europe, que les relations entre les producteurs agricoles et leur aval peuvent se révéler compliquées (euphémisme). De l’autre côté du globe, en Australie, le Premier ministre a mandaté l’autorité de la concurrence pour qu’une enquête sur douze mois tente de déterminer les raisons de l’écart de prix entre le départ exploitation et l’arrivée à la caisse du distributeur (air connu). Dans le pays, si les grossistes sont soumis à un code commercial qui régit leurs relations commerciales avec les agriculteurs, les distributeurs ont été écartés de la démarche à sa mise en place en 2018 et ne répondent qu’à un code de bonne conduite basé sur le volontariat…
D’ailleurs, là-bas, les tracteurs sont aussi de sortie, en particulier ceux des producteurs de raisin de cuve. Ils ont mené des opérations escargot dans la principale région viticole du pays (elle rassemble 900 producteurs de raisin qui génèrent un chiffre d’affaires de 400 M€). Leur revendication ? Que le raisin soit mieux payé pour la vendange 2024 en approche, puisqu’on leur offre autour de 150 dollars australiens pour une tonne de syrah ou de cabernet, soit, grosso modo, de quoi couvrir un tiers du coût de production…
Riz clean
En Italie, l’Université de Milan devrait pouvoir tester cette année en plein champ un riz (à risotto naturellement) génétiquement réécrit (on dit aussi « édité ») pour résister au champignon responsable de la pyrucilariose. Les chercheurs sont parvenus à supprimer trois gènes responsables de la sensibilité du riz à cette maladie dont le traitement conventionnel est limité par le peu de spécialités (et leur impact sur l’environnement) efficaces. Si les autorités italiennes approuvent l’essai, 28 m2 seront plantés en avril dans une parcelle de 400 m2 pour éviter tout risque de contamination.
Autre pays, autre ambiance. En Espagne, la tournure que prend le dossier Mercosur ne réjouit guère (si vous n’étiez pas là mercredi, c’est par là). Le pays, dont les liens avec l’Amérique du Sud sont historiques, attend beaucoup de l’accord de libre-échange pour pouvoir développer ses exportations, alors que sa balance commerciale agroalimentaire avec le continent sud-américain est aujourd’hui fortement déficitaire.
Bracelet électronique
La Nouvelle Galles du Sud, en Australie, vient de restreindre l’utilisation des clôtures virtuelles pour le bétail. Destinée à remplacer les barbelés et autres fils électrifiés, cette technologie repose sur la mise en place d’un collier sur les vaches, lequel les avertit lorsqu’elles s’approchent de la clôture et leur administre une décharge électrique lorsqu’elles la franchissent. 150 000 bovins sont ainsi équipés en Nouvelle-Zélande et une vingtaine de milliers en Tasmanie. C’est la Royal Society for the prevention of cruelty to animals qui milite pour l’interdiction de ces dispositifs, alors que les éleveurs plaident que cela ne change rien par rapport aux clôtures physiques électrifiées. Et que les études montrent qu’il faut moins de trois mois pour que les animaux intègrent que le signal sonore constitue la clôture. Pour autant, les autorités locales estiment qu’il faudrait mieux connaître les effets de ces dispositifs sur le long terme.
De leur côté, les 15 000 bovins et ovins embarqués sur un bateau à destination de la Jordanie préféreraient sans doute se coltiner ces clôtures plutôt que les chaleurs caniculaires qu’ils endurent. Après 25 jours de mer, le bateau a en effet été dérouté pour revenir vers l’Australie à cause de la situation sécuritaire de la mer rouge… Et personne ne sait vraiment quoi faire maintenant avec cette patate chaude, les animaux ne pouvant revenir comme cela sur la terre ferme à cause des règlements sanitaires. De quoi relancer le débat sur le transport des animaux vivants en bateau sur d’aussi longues distances.