Publié le 15 novembre 2024 |
0Les échos #33-2024
Dans ces Echos du vendredi 15 septembre, on y trouve des tomates sans gènes mais avec sucre, une belle partie de plaisir à venir aux États-Unis entre gouvernement et lobbies et le H5N1 qui apporte chaque semaine son eau au moulin de nos actualités.
Tiens donc, la grippe aviaire est en train de devenir un marronnier, chaque automne c’est la valse des niveaux et depuis le 9 novembre nous voici en niveau élevé. On se souvient par ailleurs qu’il y a quelques jours, c’est un porc qui avait été testé positif au virus dans l’Oregon, que les cas de salariés agricoles contaminés se comptaient par dizaines (45, nombre probablement largement sous évalué) aux États-Unis. Et voilà une autre nouvelle dans la pile, c’est au Canada qu’un nouveau cas humain vient d’être détecté sans que l’on sache, pour le moment, comment cet adolescent de l’ouest du pays a été contaminé. En Europe, la reprise de l’épidémie chez les volailles concerne pour le moment neuf pays et, avant la vaccination, l’hiver 2021-2022 avait conduit à l’abattage de 48 millions de volailles dans le monde, dont 21 millions en France.
Chaud patate
Cette pression constante du H5N1 sur l’actualité vient résonner avec la nomination, aux États-Unis, du nouveau secrétaire d’État à la santé, Robert F. Kennedy Junior qui ne fait pas mystère de sa défiance vis-à-vis des vaccins. C’est un fan de l’ancien chercheur et médecin Wakefield et de ses études truquées, comme le raconte le long papier de Mother Jones qui conte son influence aux Samoas où une épidémie de rougeole a tué 81 enfants, faute de vaccination. Mais les vaccins ne sont pas les seuls dans sa ligne de mire, il en veut aussi aux additifs alimentaires et aux pesticides… Il y aura probablement du sport pour le prochain patron de l’USDA, le ministère américain de l’agriculture, qui sera forcément pris entre l’enclume des lobbies agricoles qui défendront pesticides et consorts et le marteau de l’influence de Kennedy Jr et son mouvement Make America Healty Again. Charles Herbster et Sarah Frey font partie des favoris dans une liste d’une quinzaine de noms. On leur souhaite bon courage, surtout pour gérer la question de la main-d’œuvre-la plus grande partie des ouvriers agricoles sont étrangers et sans papiers aux États-Unis-, alors que Trump a ouvertement évoqué l’idée de « déportations massives ».
Deux gènes pour 30 %
Puisqu’on évoque les lobbies, restons dans le domaine des grandes entreprises et la volonté de McDonald’s d’utiliser des steaks plus durables, sur le plan de l’environnement s’entend. Pour cela, l’enseigne fera équipe avec Lopez Foods et Syngenta pour l’utilisation du maïs Enogen. Pourquoi ? Parce que ce maïs « possède une enzyme alpha-amylase robuste qui convertit rapidement l’amidon en sucres utilisables, selon un communiqué, fournissant ainsi une énergie plus facilement disponible aux bovins laitiers et aux bovins de boucherie » expliquent nos confrères du site Agriculture Dive. De quoi améliorer l’efficacité alimentaire de 5 % et économiser 164 000 tonnes de gaz à effet de serre par an. Sachez aussi que faire sauter deux gènes de la tomate peut en augmenter le taux de sucre jusqu’à 30 % sans perte de calibre ou de poids, que le Nigeria a emprunté 127 M€ pour investir dans l’agriculture et tenter d’éloigner le spectre de la famine (25 millions de personnes sont déjà en insécurité alimentaire dans le pays) et que les radios agricoles tiennent un rôle toujours essentiel dans les campagnes américaines.