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Les échos & le fil Les échos de Sesame

Publié le 26 octobre 2018 |

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Les échos #33-2018

Pendant que la polémique n’en finit plus avec le glyphosate, une enquête de France Info estime que le métham-sodium est en cause dans une intoxication à large échelle, qui a conduit la préfecture du Maine-et-Loire à suspendre l’utilisation de ce produit prisé des producteurs de mâche. Un autre dossier dont nous avons parlé ici, celui des enfants nés sans bras, prend tous les atours d’une « affaire ». Ainsi, l’épidémiologiste qui a relevé l’information est sous le coup d’une procédure de licenciement comme l’explique Le Parisien et des voix s’élèvent pour que lui soit reconnu le statut de lanceur d’alerte (voir notre papier dans Sesame #3 sur ce statut et ses implications).

Preuve de la complexité du sujet « pesticides », la Confédération Paysanne reconnaît, dans un document interne destiné à apporter des éléments de langage, qu’une sortie brutale du système en place provoquerait le chaos.

Et qu’on ne peut se passer de la chimie sans changer le système. L’Europe en profitera pour freiner des quatre fers comme elle vient de le faire en s’élevant contre la décision de Bruxelles-Capitale d’interdire sur son territoire glyphosate et néonicotinoïdes. En attendant, des Ariégeois ont rejoint le mouvement anti-glyphosate en décidant de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.

Le remaniement ministériel de ces derniers jours n’aura pas produit d’avancée significative dans ce dossier. Le nouveau ministre de l’agriculture s’est trouvé plongé dans la polémique après avoir indiqué qu’il fallait que les chercheurs apportent la preuve de la nocivité, ou non, des pesticides. En attendant ces épilogues judiciaires, la recherche -sans start-up- s’active et travaille dans la Drôme (Sylvaine Simon – INRA) à l’expérimentation d’un verger complètement libéré de produits chimiques.

La presse s’est aussi largement fait l’écho, ces derniers jours, de l’impact positif que pourrait avoir une alimentation bio sur le risque de développer un cancer. Il était clair que ce sujet allait prêter à polémiques. Tout est parti d’une étude publiée dans Jamal internat Medecine sur laquelle Le Point donne quelques précisions en donnant la parole à l’une des co-auteurs de l’étude, Emmanuelle Kesse-Guyot : « Pour expliquer ces résultats, l’hypothèse de la présence de résidus de pesticides synthétiques bien plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle comparés aux aliments bio est la plus probable. » Sur twitter, il a été remarqué que les consommateurs de produits bios sont aussi ceux qui fument et boivent le moins d’alcool, jusqu’à l’American Council on Science and Health, (pour le moins sceptique dans toutes les largeurs face à l’agriculture bio !) qui proclame : « Une nouvelle étude affirme que manger des produits bios réduit le risque de cancer. C’est vrai. La magie protège du cancer. »

L’occasion faisant le larron, Michel-Edouard Leclerc ne pouvait pas trouver meilleure période pour lancer une nouvelle enseigne uniquement destinée aux produits bios à Saintes (17) dans un format « petit magasin » de 400 m2 qui tentera d’aller chercher la clientèle des « fans de bio » généralement captée par les distributeurs spécialistes historiques comme le réseau biocoop. Ambition de Leclerc ? Ouvrir 200 points de vente en cinq ans.

On parle beaucoup d’insectes en ce moment, le jour où dans le sud on pourra faire des tapas avec le moustique tigre se fait toutefois bien attendre, mais ce n’est quand même pas demain la veille qu’on gobera de la sauterelle à tous les repas. Question d’acceptabilité sociale rendue plus complexe encore parce que les insectes ne s’intègrent dans aucune des confections culinaires que nous connaissons en occident. Pourtant, les sushis, arrivés chez nous après la Seconde Guerre mondiale, sont passés par là et pourraient fournir un bon exemple à suivre pour les promoteurs du burger à la blatte (étude complète ici) ! À moins que les herbes aromatiques soient une solution. Une étude américaine a montré, en plus que cuire la viande avec des herbes permettait une baisse substantielle de leur teneur en mycotoxines de tout poils.

Si le département de l’Aude a été meurtri par des inondations dramatiques voici quelques jours, c’est la sécheresse qui menace maintenant le nord de l’Europe. Nous avons évoqué ici (Les Échos 28-2018 – 21 septembre) l’impact du manque d’eau estivale sur la taille des chips que nous consommerons cet hiver mais, là, c’est le Rhin lui-même qui a soif avec un nouveau record : 77 centimètres seulement à Cologne. Bateaux à quai, centrale thermique arrêtée… les conséquences sont nombreuses en Allemagne. Dans l’est de la France, l’inquiétude est également manifeste en particulier dans le Doubs et en Lorraine où les lacs sont à secs, mais aussi plus largement dans toute la moitié nord du pays. 59 départements sont aujourd’hui sous le coup de restrictions de consommation d’eau. Un coup à se faire des cheveux blancs, ou les perdre, comme les extraterrestres ?

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