Publié le 18 octobre 2024 |
0Les échos #29-2024
Du lait, pas de miel, des axolotls, des prix qui dévissent, une céréale qu’on n’a pas besoin de semer, des salicornes, les échos du 18 octobre font feu de tout bois.
Visuel : Femme qui marche face à la mer © Yann Kerveno
A l’heure où Lactalis décide de couper une partie de sa collecte en France, cette autre info nous parvient des États-Unis où 95 % des élevages laitiers ont disparu depuis les années soixante-dix. Et les chiffres sont éloquents. Depuis cette période, le nombre de vaches par élevage est passé de 20 à plus de 120 selon les chiffres du ministère (en 2006). Et 60 % du lait produit outre-Atlantique proviennent d’élevages comptant plus de 2 500 animaux. Avec un facteur primordial pour cette restructuration, le prix du lait. Ça vaut le coup d’œil.
Dear Deere
Toujours aux États-Unis on se souvient des « rodomontades » du candidat Trump contre John Deere, ci-devant constructeur de tracteurs et autres matériels agricoles… Le constructeur vient d’annoncer, « sans lien avec les menaces du candidat » le licenciement de 300 salariés dans ses usines de l’Iowa et de l’Illinois, ce qui porte à 2000 le nombre d’emplois supprimés par la firme cette année, alors qu’elle a terminé le 3e trimestre de son exercice fiscal avec un chiffre d’affaires en recul de 17 %, recul provoqué par la faiblesse des prix des céréales. On sait la filière bio en difficulté en France, elle l’est aussi chez les nord-Américains, où le nombre de fermes bio recule au même rythme que les prix des céréales bios, lesquels reviennent aux niveaux d’avant-covid. La tentation est grande pour les producteurs d’implanter de la luzerne pour les prochaines campagnes, quitte à vendre en conventionnel quand les perspectives annoncent des pertes de près de 160 dollars à l’hectare pour la prochaine campagne sur le maïs bio. Pas de bon augure alors que la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis pourrait faire perdre de 4,5 à 8 milliards de dollars aux producteurs de maïs et de soja conventionnels du pays. Déjà cette année, ils mangent la grenouille sur toutes les cultures, ou presque, de 160 euros/hectare sur le maïs et le soja, à 475 € sur le coton et 230 euros sur le blé…
Une histoire vraie
De l’autre côté du Pacifique, au Japon, ce ne sont pas les prix qui inquiètent mais bien les volumes de la récolte de riz, soumise à la pression du changement climatique alors que des pénuries ont déjà frappé cette année à la période de soudure. Avec la chaleur, au-delà de 27°, l’accumulation d’amidon est réduite et affecte la qualité des grains. Faut-il alors se jeter sur le Kernza (Thinopyrum intermedium), céréale qui, comme la luzerne se sème et reste en place plusieurs années pour donner grains et fourrage ? Il faudra pour cela d’abord en faire augmenter la production en grains et traverser le mille-feuilles réglementaire européen notamment. Pendant ce temps-là, des chercheurs bossent aussi sur le développement de plantes qui savent survivre à la salinisation des sols, laquelle constitue une crise rampante non médiatique qui concerne 30 % des surfaces arables dans le monde, et soient, en plus, en capacité de produire. Et ce, en étudiant la salicorne (qui préparée comme des cornichons fait un condiment original et délicieux – NDLA). Rien à voir, mais puisqu’on nous annonce le retour des manifestations agricoles dans les jours qui viennent, cet intéressant papier sur la naissance, dans l’Aude, du syndicat qui défend aujourd’hui les vignerons indépendants (ex-caves particulières) et qui est présidé nationalement, c’est un hasard, par un vigneron audois (il est installé à Fitou Jean-Marie Fabre. Enfin, pour penser à autre chose, sachez que les axolotls peuvent mettre en pause leur veillissement. À ce sujet, connaissez-vous le merveilleux film de David Lynch, « A true story » ? Non ? Vous devriez y jeter un œil.