Sciences et société, alimentation, mondes agricoles et environnement


Les échos & le fil Les échos de Sesame

Publié le 14 septembre 2018 |

1

LES ÉCHOS #27-2018

On ne sait encore si les vegans trouveront leur bonheur dans la viande de synthèse, enfin celle cultivée à partir de cellules plutôt que prélevée sur un cadavre, mais les lignes ont bougé cet été aux USA autour de cette innovation.

Il y a d’abord eu la déclaration de la Food and Drug Administration (FDA) annonçant que la vente de ces produits allait bientôt être autorisée dans le commerce. Puis les annonces des industriels qui se disent prêts. Se pose toutefois aujourd’hui la question de la nature de cette « viande in vitro ». Un colloque aura lieu en octobre entre la FDA et le ministère américain de l’Agriculture (USDA) pour savoir si cette viande est de la viande, ou non. Si cet aliment est considéré comme de la viande alors son encadrement relèvera de l’USDA, si ce n’en est pas, c’est la FDA qui en sera chargée. 

Ce questionnement s’est fortement accru depuis qu’un État, le Missouri, a promulgué une loi, entrée en vigueur le 4 septembre dernier, qui interdit d’appeler viande (meat) tout produit qui n’est pas issu de la carcasse d’un animal. Loi déjà l’objet de recours en justice comme le raconte aussi le New-York Times (sur abonnement) dans un long papierPour les défenseurs de la loi, les organisations de la filière viande, il en va de la protection des consommateurs ;  pour ses adversaires, principalement des producteurs de « viande » à partir de végétaux, il s’agit juste d’une mesure protectionniste qui vise à les écarter d’un marché qui commence à être aussi juteux qu’une entrecôte saignante (699 M$ en 2017). Si l’apparition des burgers végétaux qui ont le goût de la viande (Impossible food) avait déclenché une première bataille de mots c’est bien la viande de labo qui a rendu impérieux socialement une clarification des termes, mais aussi de la loi.

Avec un atterrissage de la viande de labo prévu en linéaire en 2020, (c’est demain), les polémiques sémantiques auront eu pour effet de souder les différents producteurs qui s’essayent à ces techniques. Ils ont même décidé la semaine passée de créer une association pour défendre leurs intérêts (vous savez, un lobby quoi) mais aussi d’adopter, pour la commercialisation le terme « viande issues de cellules » (cell-based meat) Plutôt que « viande propre » (clean meat) comme ils l’avaient envisagé. Il y a moins de trois semaines, l’un des acteurs historiques de ce secteur, Memphis Meat, avait fait alliance avec le North american meat institut pour écrire à Donal Trump en réclamant une « législation claire et concise » sur le sujet. 

Reste à savoir si ces viandes de culture (dis donc l’Académie Française, va falloir plancher rapide pour trouver un mot qui aille bien !) seront comptabilisées dans les statistiques de la consommation de viande. Consommation qui ne cesse de chuter en France. Comme le révélait le Credoc dans la torpeur estivale. 

En Afrique, on est loin de la problématique viande de labo, plus prosaïquement les éleveurs de la zone subsaharienne sont en proie au pillage comme le rapporte Ecofin quo explique que Boko Haram, le groupe terroriste, aurait ainsi subtilisé pour 6 millions de dollars de bétail aux éleveurs du Cameroun… 

Des vaches au réchauffement climatique il n’y a qu’un, pas, le méthane. Franchissons-le. S’il a fait chaud cet été en Suède, en France et dans beaucoup d’endroits en Europe, les climatologues ont un coup de chaud permanent nous raconte Les Échos en Belgique. Qui évoque le sentiment d’impuissance des chercheurs à faire que les politiques prennent en compte, pour de bon, l’urgence de la situation et l’amertume, ou le désespoir qui en découle. 

Enfin vous êtes de passage par Marseille, vous pouvez profiter de l’expo « Manger à l’œil » qui se tient au Mucem jusqu’au 30 septembre. Pour y découvrir l’histoire de nos repas en 265 photographies, depuis Niepce jusqu’à Instagram. Mais pas sûr qu’on y trouve photo d’une viande de labo ! À voir…

 

Tags: , , , , ,




One Response to LES ÉCHOS #27-2018

  1. A.G dit :

    Concernant la position « des végans » il est certainement difficile de ne pas faire un amalgame…

    Une voix parmi tant d’autres ; peut être intéressante ; est à écouter ici : https://www.lescarences.fr/les-carences-25-itw-culture-viande/

    Pour ma part sur la question basique : Est-ce que les personnes ayant adopté un régime excluant tout produit d’origine animale (ou les chairs animales), consommeront ces « viandes de culture in-vitro » ?
    La réponse sera toujours personnelle, il n’y a point de « dogme végane », mais il est assez probable que l’habitude l’emportera…
    Si l’habitude du « sans produit animal » est installée il est fort probable que cette habitude perdure…

    Mais est-ce que la vraie question intéressante ne serait pas : Est-ce que les amateurs de chairs animales testeront et y prendront goût ?
    Ce qui soulève d’autres questions telles que le coût, la qualité gustative et nutritive, les éventuelles impacts santé et environnement…

    Donc concrètement les végétaliens ne seront probablement pas les principaux consommateurs de ces produits. Pour autant si ces produits se démocratisent et qu’ils épargnent ainsi bien des souffrances animales ils seront certainement les premiers heureux de voir des « carnistes » se détourner de la chair animale…

    Sur le terme « Viande » le terme viendrait « du latin vivenda devenu en latin tardif vivanda, forme adjective neutre du verbe vivere (« vivre ») signifiant « ce qui sert à la vie ». Le mot s’applique originellement à toute sorte de nourriture et se spécialise progressivement pour ne plus désigner aujourd’hui que certaines nourritures carnées. ». Et il semblerait que ce soit assez similaire pour meat…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut ↑