Publié le 15 janvier 2021 |
0Les échos #2-2021
Par Yann Kerveno
Le dossier nitrites est loin d’être clos avec toujours une immense fracture entre les pour et les contre. La fédération de la charcuterie tient mordicus à son additif, qui permet au jambon de garder une couleur rose au long de la conservation, mais les parlementaires viennent de rendre un rapport (saignant) qui préconise leur abandon au plus vite. 2025 au plus tard. Le projet de loi est déjà écrit, il a été enregistré le 14 décembre dernier par la présidence de l’assemblée. Et puisqu’à Sesame on ne fait rien à moitié, le rapport est au bout de ce lien.
Toujours dans l’actualité législative, revoici la question du gaspillage. Et s’il est bien une chose qu’on ne pourra reprocher à l’ancien ministre Guillaume Garot, c’est bien son opiniâtreté ! Après avoir été l’initiateur de la loi première sur le sujet en 2016, il remonte au front pour compléter le dispositif avec plusieurs propositions : la suppression de la date de durabilité minimale qui induit les consommateurs en erreur, une prime à l’assiette vide, la création d’une police du gaspillage…
Singapour semble vouloir s’imposer comme la plateforme mondiale des productions alimentaires de « similis » (viande de synthèse, etc…) Avec peut-être l’ambition affirmée de sécuriser ses approvisionnements alimentaires dans un contexte de terres et de ressources naturelles rares doublé d’une très forte densité humaine, la troisième au monde avec 6 millions d’habitants sur 740 km2. Après avoir autorisé la commercialisation, pour la première fois au monde, de simili viande, voici que Singapour accueille la start-up Perfect Day, qui produit des faux laits, pour l’installation d’un centre de R&D, tout comme l’allemand &ever ou les fournisseurs de composants Givaudan et Bühler… Voilà qui pose déjà, grandeur nature et sans détour, la question d’un futur sans agriculteurs… À moins que Singapour mette à profit ses toits comme d’autres cités dans le monde pour produire une partie des aliments dont elle a besoin ?
Qu’on se rassure, les vaches pourront continuer de regarder passer les trains ! En effet, la SNCF a annoncé avoir trouvé une solution de remplacement au glyphosate dont elle est le principal utilisateur en France, pour désherber ses voies. La solution, c’est une combinaison entre l’acide pélargonique (95 % du volume) et d’une molécule de synthèse de la famille des sulfonylurées. Combinaison qui permet d’atteindre un résultat proche de celui obtenu avec le glyphosate mais en deux passages. Si l’information a fait les gros titres, cette solution est en tout cas largement critiquée pour sa toxicité, en particulier celle de l’acide pélargonique… Bref on n’en a pas fini avec ce dossier. Pendant qu’on y est, il ne vous aura pas échappé non plus les manœuvres des uns ou des autres autour du « plan pollinisateurs » présenté par la ministre de l’Environnement qui a suscité une levée de boucliers solide du monde agricole et de quatre députés de la majorité présidentielle. À tel point que la consultation publique liée à ce dossier, prévue pour fin décembre juste après l’annonce du plan par la ministre, a été repoussée à fin février.
Des controverses, il y en a sans doute à foison également dans le bilan de la consultation citoyenne sur le futur de la Politique agricole commune. Le bilan publié par la Commission nationale du débat public contient un millier de propositions que vous pouvez parcourir ici. Le ministère rendra ses conclusions et arbitrages avant le 7 avril.
Pour vos désormais encore plus longues soirées d’hiver, vous pouvez écouter la Méthode scientifique qui s’est penchée sur les espèces nocives, l’occasion de se rappeler que les mignons chatons des internets peuvent présenter des désagréments.
On a aussi appris que le maïs avait déjà beaucoup voyagé avant de débarquer dans la vallée de l’Adour, et ici on a décortiqué le processus de domestication de la tomate qui n’était, à l’aube des temps, qu’un fruit de la taille d’une groseille ! Et si vous avez trouvé ces échos peu piquants, essayez donc le wasabi. Le vrai. Ou plongez (mais pas trop) dans le monde fascinant des plantes carnivores qui donnent une leçon de bénéfices vs risques.