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Les échos & le fil Barcelone © yann kerveno 2024

Publié le 19 avril 2024 |

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Les échos #13-2024

De l’eau en trop, de l’eau en moins, les échos du vendredi 19 mars 2024 sont « schrödingeriens » et voient en même temps le verre à moitié plein et celui qui est à moitié vide.

Visuel : Barcelone © yann kerveno 2024

Trop-plein…

Ce petit tour dans la fureur hebdomadaire du monde se fera aujourd’hui au fil de l’eau, même là où elle manque. Il y a ces inondations au cœur de la Russie où l’Oural charrie des millions de mètres cubes au-delà de ses berges. La faute à un enchaînement de phénomènes, comme souvent, avec la fonte des très abondantes chutes de neige de cet hiver et la rupture d’un réservoir, puis des digues protégeant des colères de l’Oural… En théorie, ce barrage aurait pu contenir le flot, mais il n’était pas assez vide pour ne pas être débordé (c’est le mot !). Selon les informations qui filtrent, les gestionnaires du barrage n’ont pas entendu les avertissements des employés en janvier invitant à vider le réservoir en prévision de la fonte des neiges. Décision avait été prise de conserver l’eau de l’automne et de l’hiver pour éviter d’en manquer  comme en 2023. De quoi en tout cas attiser la colère des habitants de Orsk, ville dévastée par les flots qui sont allés jusqu’à manifester dans les rues de la ville pour réclamer des indemnisations. L’occasion faisant le larron, tournons-nous vers la Volga qui alimente un bassin  de 60 millions de personnes et la moitié de l’industrie du pays. Si le fleuve reste sagement dans son lit, le formidable portrait qu’en dresse Olga Dobrovidova n’est guère rassurant…

…Pas partout

Plus près de nous, en Espagne, les réservoirs sont loin d’être pleins mais la situation est en nette amélioration après deux, voire trois années de sécheresse. Les réserves atteignent 66 % du potentiel en ce début de printemps, c’est bien mieux que ces deux dernières années et même que la moyenne des 10 dernières années. Le bassin du Duero, dans le nord du pays, est le mieux doté, les réserves dépassant les 90 % mais, comme en France dans la frange ouest du rivage méditerranéen, la Catalogne ne sort pas du rouge avec des réserves inférieures à 20 % du potentiel. C’est pire qu’en Andalousie. Le dossier crée d’ailleurs pas mal de vagues dans la communauté autonome suite au durcissement des restrictions. Parce que les enjeux ne sont pas qu’environnementaux, il y a des élections en vue. La maire de Barcelone accuse le gouvernement local (Generalitat) d’agir plus « comme un parti en campagne que comme un gouvernement en action. » Elle pointe notamment du doigt l’installation annoncée d’une usine de dessalement flottante dans le port de la ville pour environ 100 M€, somme qui, redoute-t-elle, « manquera aux investissements structurels pour l’approvisionnement en eau » qui avaient été annoncés voici quelques mois. Elle fustige aussi la décision de la Generalitat d’autoriser les communes à remplir les piscines municipales « à condition qu’elles servent de refuge climatique. » Décisions et manières de faire qui irrite tout autant les syndicats de propriétaires ou encore les syndicats d’entreprises. Bref, l’été sera chaud en Catalogne et il y a urgence.

Question de communication

L’urgence, on en entend souvent parler pour le climat. Iris Viloux s’est intéressée à l’expression « Urgence climatique », son histoire, sa vie, son œuvre, et nous raconte qu’elle déboule dans notre vocabulaire en 1997 mais ne s’est imposée véritablement (comme un mantra ?) bien plus récemment, à partir de 2019. De son côté, Marc Delepouve indique que la simplification des informations qui concerne le changement climatique, leur transformation en chiffres ou objectifs par exemple, pourrait bien-être contre-productive, tandis que Socialter indique que la voie de l’adaptation [au changement climatique], tabou il n’y a encore pas si longtemps, est en train de s’imposer. Et que la résistance s’organise pour ne pas laisser le champ libre « aux lobbies et aux technosolutionnistes. » Enfin, si vous avez besoin de prendre l’air ce week-end, trouvez donc citrouille à votre taille comme l’a fait l’Australien Adam Farquharson.

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