Les échos & le fil pomme de terre IA

Published on 2 octobre 2024 |

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Les défis de la patate

Ah ! La patate ! Il faut mieux l’avoir pour être en forme. C’est aussi un légume fort consommé dans le monde et à qui l’on doit, à son corps défendant, des pans entiers et bien sombres de l’histoire. Alors on sort les économes et on épluche le sujet dans ce fil du mercredi 2 octobre 2024.

Pas loin de six millions de tonnes. C’est ce que l’agriculture française produit en pommes de terre chaque année, hors primeurs et sur 145 000 hectares. Les primeurs, en recul depuis 20 ans selon les chiffres de l’interprofession patatière, représentent, pour leur part, entre 40 000 et 60 000 tonnes par an. Avec tout ça, aucun problème pour alimenter le marché français :  17 % de la production va à la consommation directe, 21 % à la transformation (dont frites surgelées et purées en flocon), 19 % vers d’autres usages en France, comme l’alimentation animale et tout le reste, 43 %  à l’export. Sortez les clairons, la France est le premier exportateur mondial de patate. Qui l’eût cru ? Pas Parmentier en tout cas ! Vous vous souvenez, c’est bien lui qui a réussi à convaincre d’abord Louis XVI, puis le peuple, de ne plus considérer la patate arrivée 150 ans plus tôt depuis l’Amérique du Sud comme juste bonne à nourrir les cochons… La famine de 1789 donnera un coup de pouce et le tubercule s’imposera comme produit de base de l’alimentation française au milieu du XIXe. Elle sera aussi le levier principal du développement de l’Irlande dès le XVIIe siècle et la cause de la pire catastrophe connue par le pays au XIXe, quand un million d’hectares de plantation de pommes de terre furent victimes d’une attaque de mildiou, divisant les surfaces par 10 et provoquant La grande famine, son million de morts et ses deux millions d’exilés.

Et aujourd’hui ? La patate a la frite, au moins en France. On voit des territoires de montagne s’en emparer, ou plutôt en faire une culture commerciale alors qu’elle n’était jusque-là que vivrière… D’autres territoires se spécialisent dans la production de plants. Quand on jette un coup d’œil aux cours de ces dernières semaines, on se rend compte que les prix sont bien fermes, près de 30 € les 100 kg depuis leur plus récent plus bas en 2020  à moins de 2 euros et leur plus haut à 55 € en juin 2023. Pour rustique qu’elle est, la patate n’en fait pas moins l’objet de recherches de notre temps pour l’adapter aux conditions de production qui nous sont promises, comme l’explique un papier tout récent des Échos. Avec des défis majeurs, celui de la production et de la lutte contre les ravageurs, l’acclimatation aux terres contaminées par le sel et celui de la conservation. Cette question de la conservation est cruciale. Il faut empêcher la pomme de terre de germer, lui maintenir ses qualités des mois durant et limiter les pertes qui peuvent atteindre plus de 10 % à ce stade.

La bascule, c’est l’interdiction du Chloropharme (CIPC) principal produit antigerminatif utilisé jusqu’ici, interdit en Europe depuis 2020 et qui le sera probablement aux États-Unis dans les années qui viennent. Pour remplacer cette molécule, les producteurs ont accès à 5 solutions alternatives combinables entre elles, mais qui, selon Arvalis, « ne couvrent pas tous les modes d’application possibles du CIPC ». Parce qu’elle est bigrement efficace, la pomme de terre est cultivée dans de nombreuses zones du monde, dont celles soumises à la salinisation des terres. Les premières expériences ont maintenant deux décennies et ont été menées aux Pays-Bas pour faire pousser des patates dans des sols contaminés par le sel. Depuis, ces pommes de terre ont été testées au Pakistan et au Bengladesh et les travaux de recherche ont avancé. Des chercheurs chinois ont publié tout récemment une étude sur la résistance au sel d’une série de cultivars de pommes de terre.

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