Bruits de fond viande de cheval

Published on 9 janvier 2023 |

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Fin de course pour les escrocs de la viande de cheval ?

Par Valérie Péan

Après le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, en 2013, revoilà nos équidés qui reviennent au grand galop pour une autre tromperie jugée lundi 09 janvier 2023 au tribunal correctionnel de Marseille : des dizaines de trotteurs réformés et autres montures à la retraite devenus animaux de laboratoire dans une ferme de Sanofi-Pasteur ont fini leur course, via des abattoirs à Narbonne ou en Espagne … sur l’étal d’un boucher, sachant que leur viande est impropre à la consommation. « Éleveurs, maquignons, bouchers, vétérinaires : vingt-cinq personnes sont attendues » à la barre, pour répondre notamment de ‘tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l’origine ou la quantité d’une marchandise’ et ‘faux et usage de faux dans un document administratif commis de manière habituelle’» (Libération, 9 janvier 2023).

Et les médias de détricoter la filière pour le moins complexe,  où, sous le couvert de pressions économiques et grâce à l’afflux de chevaux mis au rancard, opérateurs véreux et fraudeurs de tous crins se sont faufilés depuis une dizaine d’années. Escroquerie ? Sans nul doute. D’autant que, ironie de l’histoire,  le qualificatif a une origine quelque peu bouchère. En latin, scroccare (escroquer), c’est en effet tout simplement le fait de décrocher,  d’enlever du croc ou du crochet. En clair, il s’agit de manger aux dépens d’autrui, de vivre à ses crochets en quelque sorte… Après le verbe, le substantif : au 17è siècle, ces pique-assiettes et autres écornifleurs ne tardent pas à se voir qualifiés d’ « escroqueurs » ou d’ « escroqs », sous l’influence de l’italien scrocco.

Mais, pour qualifier cette vaste fraude où, pour les lasagnes, on vous fit prendre du cheval pour du bœuf, et où, pour l’affaire qui nous occupe, des animaux piquouzés avec force antigènes et adjuvants sont transformés en faux-filets vierges de tout traitement, on pourrait tout aussi bien parler d’arnaque, que l’on écrivit longtemps avec un « h ». Car à l’origine, « harnacher », qui nous plonge tout droit dans l’univers équin, c’était accoutrer, donc tromper.  Et ce qui aurait vraiment de l’allure, pour sûr, ce serait de traiter ces piètres aigrefins, ces vils larrons du canasson de… “malandrins”. Après tout, cela nous vient tout droit de la malandria qui, devinez quoi, est « une maladie des chevaux se traduisant par des pustules au cou » (dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey). Là, question traçabilité, cela faciliterait grandement l’identification des crapules de la filière.

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