Publié le 4 mai 2018 |
0Les échos #17-2018
Vous êtes peut-être à l’aube d’un pont à rallonge propice à la lecture ? Alors quelques pistes pour votre week-end.
D’abord, il vous faut télécharger le nouveau numéro, troisième du nom, de la revue Sesame. C’est riche, CRISPR-Cas9, insectes à manger, cacao, friches agricoles, lanceurs d’alerte, qualité nutritionnelle, géants du web, il se trouvera forcément quelque chose pour vous passionner !
Sinon, l’actualité de la semaine passée fut largement occupée par les pesticides. Alors que l’Europe a banni trois néonicotinoïdes, c’est une nouvelle hécatombe qui a été découverte à l’ouverture printanière des ruches, avec des pertes de 50 à 100 % selon le communiqué de la Confédération Paysanne. Laquelle Conf’ a demandé des analyses toxicologiques supplémentaires à l’État pour que soit déterminée avec précision la cause de cette nouvelle mortalité. Dans son émission sur RFI, Sandrine Mercier s’est demandé cette semaine si la fin des abeilles rimerait avec la fin de l’humanité. Mais il s’en trouve pour se creuser les méninges et tenter de trouver des solutions, au moins pour mieux surveiller les ruches. C’est le cas d’une start-up qui connecte les ruches à internet (abo.) pour pouvoir en suivre la bonne santé depuis l’intérieur.
On ne pourra pas imputer le malheur du blé aux abeilles, elles ne le butinent pas, mais on se souvient que la récolte 2016 de la céréale fut l’une des pires jamais enregistrées en France. Une équipe de chercheurs a décortiqué cette année peu banale pour en dresser un tableau clinique et mettre en évidence la somme des facteurs qui ont conduit au désastre. Ils ont aussi compilé les données depuis 1959 pour dresser une carte animée des anomalies survenues dans les récoltes de blé en France depuis cette date.
Wheat yield anomalies in France (as percentage of expected yields from long-term trend) were exceptionally low in 2016 (and record high in 2015). Maps since 1959 available at: https://t.co/0BF5y8vxeq pic.twitter.com/9AbxWQR9Z6
— GlobalAgronomy (@GlobAgronomy) 24 avril 2018
À force de marcher dessus, on ne fait pas forcément attention aux sols. Ce ne sont pas vos pieds qui diront le contraire ! Et pourtant, il s’en passe des choses sous nos semelles. Le Bureau de recherches géologiques et minières (avec d’autres instituts dont l’Inra) travaille ainsi à développer de nouveaux horizons sous nos pieds avec les « technosols.» Des projets qui visent en particulier à recréer des sols vivants en milieu urbain, sur des milieux complètement stériles, ou à restaurer la valeur agronomique des sols malmenés par la ville. Ces recherches ont un bel avenir, la FAO vient de publier un rapport sur la pollution des sols dans le monde qui fait froid à la plante des pieds. « La pollution des sols affecte la nourriture que nous mangeons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et la santé de nos écosystèmes. La capacité des sols à faire face à la pollution est limitée, la prévention de la pollution des sols devrait être une priorité dans le monde entier » a ainsi déclaré Mme Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de l’agence. La ville, le sol, la nature, voilà un trio difficile à mettre en équation. Nantes organise pour la deuxième année son opération « Ma rue est un jardin », histoire de remettre de la nature sur le bitume même dans les centres villes complètement artificialisés. On ne sait pas si les pieds d’immeubles seront conduits en permaculture, mais il n’est pas inintéressant de se plonger dans ce papier de François Léger (nous l’avions rencontré pour Sesame #1 à propos du micro-maraîchage) avec Rafter Sass Ferguson et Kevin Morel. Ils reviennent tous trois sur la genèse de cette nouvelle façon de cultiver et de voir le monde.
Haut les mains !
Au chapitre judiciaire de la semaine, un élevage de porcs américains et son client, le numéro un mondial Smithfield, ont été condamnés à 50 millions de dollars d’amende pour les nuisances provoquées à dix voisins de ces bâtiments accueillant 15 000 porcs. Rien à voir, sinon pour l’aspect, là aussi, judiciaire, mais Europol et Interpol ont présenté les résultats de l’opération Opson VII menée en fin d’année dernière et qui a conduit à la saisie de 3 600 tonnes de produits alimentaires contrefaits ou non-conformes, ainsi que 9,7 millions de litres de boissons. Pour un chiffre d’affaires théorique de 55 M€. De quoi se réjouir ? Non, enfin, peut-être. La précédente opération, un an plus tôt, avait donné lieu à la saisie de 9 800 tonnes de produits alimentaires, 26,4 millions de litres de boissons, pour un chiffre d’affaires de 230 M€.
Gageons que le pain de l’Élysée n’est pas contrefait ! Et vous apprendrez dans ce papier comment sont sélectionnées les baguettes de la présidence.
Bonne fin de semaine !