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Les échos & le fil visuel pour le fil compétitivité de l'agriculture française

Published on 28 février 2024 |

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La compétitivité, ça fait un moment qu’on connait

Il est souvent question ces jours-ci de la compétitivité de l’agriculture française. Mais ce n’est pas un sujet nouveau. Loin de là. Nombreux sont les oracles qui se sont penchés sur le sujets depuis 20 ans pour en disséquer les causes. C’est le fil du mercredi 2 février 2024.

Visuel : © archives Yann Kerveno

Qu’en pensent les IA ?

Dans la séquence politique que nous vivons autour de l’agriculture, deux thèmes reviennent souvent, la souveraineté alimentaire et la compétitivité de l’agriculture. Ce dernier point est un des principaux angles d’attaque contre les normes qui pèsent sur les coûts de production. Pour autant, ce n’est pas un sujet nouveau, loin de là. Mais alors même, très loin de là. Pour en avoir le cœur net, j’ai posé la question, (pourquoi l’agriculture française manque de compétitivité ?) à deux intelligences artificielles (ChatGT et Mistral) qui retournent peu ou prou les mêmes réponses.

ChatGPT répond : les coûts de production élevés (main-d’œuvre, carburant, intrants), les normes et réglementations strictes, la taille des exploitations agricoles (trop petites qui induisent des coûts unitaires plus élevés), la dépendance aux subventions…

Mistral se fait un peu plus précis, met en avant le coût de la main-d’œuvre, les normes environnementales, sanitaires et de bien-être animal, la structure des exploitations, la concurrence internationale, la dépendance aux subventions et le changement climatique. Mais si les intelligences artificielles sont aussi pertinentes, c’est qu’elles ont matière à analyser. Des monceaux de matière ! Revue d’effectifs.

Renouer et renforcer les liens

Le sujet « compétitivité de la ferme France » existe depuis 1986 et le début des premières négociations internationales souligne Valéry Elisseeff, alors directeur du think tank de la société des agriculteurs de France (S.A.F. devenue depuis agridées think tank). Dans ce papier de 2011 livré au journal de l’École de Paris du management, il met en lumière les défis qui attendent alors l’agriculture française, avec une certaine justesse. L’augmentation nécessaire de la production pour accompagner la progression démographique, la conciliation entre la production agricole et la préservation de l’environnement, le changement climatique et la nécessité d’apprendre à gérer les aléas climatiques et… l’ouverture des marchés.

Quelques années plus tard, en 2015, Stéphane Le Foll avait commandé un rapport sur le sujet qui concluait que la France avait 10 ans pour renouer avec la compétitivité ainsi que le titraient alors Les Échos. En s’appuyant sur le numérique, les recherches sur la biodiversité et la génomique. Ce rapport intitulé « agriculture – innovation 2025 » et dirigé par Pierre Pringuet, proposait 30 actions pour retrouver de la compétitivité. Et il était drôlement ambitieux. Il est question de séquestrer le carbone, de l’acceptabilité sociale des aménagements hydrauliques, de l’autonomie protéique des élevages, de sélection génomique, de maîtrise des biotechnologies… Sujets qui n’ont pas forcément beaucoup bougé depuis. Vous avez le rapport complet ici.

Le Conseil économique et social s’est aussi saisi de cette question et a rendu un avis en 2018, intitulé « Quels leviers pour renforcer la compétitivité de l’agriculture et de l’agroalimentaire français ? » Le conseil en profite d’ailleurs pour mettre à jour sa définition du concept de compétitivité adapté à l’agroalimentaire et propose « que la compétitivité des filières agricoles et agroalimentaires repose sur leur capacité à proposer une alimentation saine et de qualité, répondant aux besoins et attentes des consommateur.rice.s, des citoyen.ne.s, et plus largement de la société, notamment en matière de santé, de préservation et de renouvellement des ressources naturelles, à des prix socialement acceptables et dont la valeur produite permet une rémunération équitable du travail. »

La France, toujours sur le podium ?

En 2019, les sénateurs tiraient une nouvelle salve avec un rapport d’information de la commission des affaires économiques intitulé « La France, un champion agricole mondial : pour combien de temps encore ? ». Rapport qui pointe clairement les problèmes encore d’actualité, notamment l’arbre des produits viticoles et de leurs exportations qui cache un repli à l’œuvre dans la forêt de toutes les autres filières… Pour expliquer la perte de compétitivité, ils expliquent, et détaillent, que les charges sont plus élevées (coût du travail parfois 50 % plus cher), une tendance à la surréglementation, le choix de la montée en gamme qui pénalise les exportations de certains produits…

Ils mettent aussi en parallèle le « recours massif à des produits agricoles importés dont une partie significative ne respecte pas les normes sanitaires requises en France », importations écrivent-ils, qui ont été multiplié par deux depuis 2000 et représentent près d’un quart de l’alimentation des Français. Vous pouvez consulter ici la synthèse et ici le rapport. La Cour des comptes est aussi passée par là avec un rapport réalisé à la demande du gouvernement, l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture a produit son propre rapport portant sur la période allant de 1970 à 2020… La même année c’est FranceAgriMer qui livre son analyse (pour une synthèse c’est par là)… N’en jetez plus.

Un épisode de Covid et un début de guerre dans l’est de l’Europe plus tard, les sénateurs rédigent un nouveau rapport rendu public à l’automne 2022. « En 20 ans, la France est passée du 2e rang au 5e rang des exportateurs mondiaux de produits agricoles. Le rapport sénatorial publié le 28 septembre 2022 s’inquiète de la baisse du potentiel agricole français malgré une balance commerciale excédentaire de 8 milliards d’euros en 2021 » explique le site Vie Publique dans un papier de 2022, qui fait suite au rapport des sénateurs, avant de donner quelques chiffres : « En 2021, elle a exporté près de 70 milliards d’euros en matière agricole et agroalimentaire (…)  Avec une production agricole estimée à 81,6 milliards d’euros en 2021, la France demeure le principal producteur européen avec près de 17 % de la production totale du continent loin devant l’Allemagne et l’Italie. Pourtant, () ces chiffres masquent l’augmentation des produits importés dans de nombreux secteurs. La France importe près de 63 milliards d’euros de denrées alimentaires, soit 2,2 fois plus qu’en 2000. » Fermez le ban.

Et les sénateurs de formuler neuf propositions : faire de la compétitivité de la ferme France un objectif politique prioritaire, maîtriser les charges de production, réduire le coût de la main-d’œuvre, investir dans la recherche, protéger l’agriculture française de la concurrence déloyale… Etc. Etc. Vous avez tout là. Et si vous lisez tout, vous pourrez vous targuer d’avoir un peu épluché le sujet ! Bon courage !

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One Response to La compétitivité, ça fait un moment qu’on connait

  1. gilbert espinasse says:

    Cette compétition ,….encore et toujours !!!
    Réfléchissons, tout simplement mais en essayant d’aller au plus profond de la racine .
    La compétition est la résultante de la mise en exergue de nos penchants les plus négatifs que nous portons tous en naissant : l’orgueil et l’égoîsme.
    De par nos origines , nous sommes donc tous compétitifs et c’est bien là l’origine de tous nos conflits, passés et actuels .
    Que faire alors ?,si nous souhaitons une société humaine un plus équilibrée , harmonieuse et donc plus heureuse ?
    Il est impératif de revoir notre copie et remettre en valeur nos autres penchants bien plus porteur d’équilibre : ,la coopération ( opérer ensemble ),la générosité ,la modestie voire l’humilité. N’est ce pas ,en définitive , l’enseignement premier de toutes nos religions ?
    Je ne prône pas ,hélas , toujours plus de facilité……mais sans efforts l’homme se sclérose vite et n’est jamais véritablement heureux. J’attends votre critique pour revoir sans cesse mon analyse . ..

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