Publié le 31 mars 2023 |
1Les échos #12-2023
Les revers de fortune sont souvent cruels. On le voit avec les licornes de la viande végétale et voici le tour des fermes verticales (indoors). À la fin de l’année 2020, c’est Infarm qui a pris un sérieux coup de bambou et annoncé en catimini son retrait de France et la mise à la porte de 500 personnes, la moitié de ses effectifs. La start-up quitte aussi d’autres marchés, le Royaume-Uni, le Japon et les Pays-Bas pour se concentrer sur l’Allemagne, pays dont elle est originaire, le Canada et le Danemark. Si l’affaire a fait moins de bruit que la liquidation d’Agricool, elle traduit toutefois le même mouvement d’emballement des marchés financiers pour les innovations (outre les fermes verticales dans les hypermarchés, Infarm avait aussi annoncé être parvenu à faire pousser du blé indoor), et la difficulté de transformer, en suivant, ces bonnes idées en affaires rentables. Malgré des levées de fonds parfois très importantes. La principale raison avancée pour justifier ce repli présenté comme stratégique, c’est l’augmentation du coût de l’énergie dont les fermes verticales sont friandes. Mais Infarm n’est pas la seule start-up du secteur à rencontrer des difficultés, Glowfarms a mis la clé sous la porte aux Pays-Bas tout comme Fifth Season aux États-Unis… En attendant, de nouvelles pousses viennent remplacer les vieilles et cultivent des aromates dans les supermarchés.
Cher ? Le vrai coût de l’inflation peut se voir dans les résultats des distributeurs. À condition qu’ils refusent de passer la totalité des augmentations de prix aux clients finaux. C’est ce qui ressort de la publication des comptes du distributeur anglais ASDA qui voit son résultat avant impôts reculer de 24 % par rapport à l’exercice précédent (886 M£ au lieu de 1,7 milliard de £ sur un chiffre d’affaires stable à 20,45 milliards de £). En Belgique, la situation est tout aussi compliquée : un supermarché sur six est menacé de fermeture ce printemps, soit la bagatelle de 576 points de vente. La raison ? Coût de l’énergie et guerre des prix qui sapent la rentabilité et met les magasins en péril en cas de difficultés non prévues.
Sec. Un peu plus loin de nous, en Californie, c’est la météo, désastreuse, qui fait monter les prix des produits alimentaires, tandis qu’en Tunisie, l’heure est déjà aux restrictions sur l’eau potable : certains quartiers des principales villes du pays sont privés d’eau courante la nuit à cause de la sécheresse. De quoi rendre encore plus pertinente l’idée d’un think tank anglais qui propose la création d’un « visa climatique » pour les victimes du changement climatique…
Précaution. Pas en retard pour deux sous mais loin de ces préoccupations, le gouvernement de Giorgia Meloni a officiellement interdit la production de viande de synthèse, pour « préserver la tradition » et sous la pression des lobbies agricoles. Il n’est pas inutile de rappeler que ni la production ni la commercialisation de ce type de produits ne sont autorisés aujourd’hui en Europe !
Deux interdictions dans le cas de la viande de synthèse valent mieux qu’une surtout lorsqu’il s’agit de l’UE avec laquelle on n’est jamais à l’abri de voltefaces et décisions absurdes !