Publié le 4 mars 2024 |
0Les échos #7-2024
Mettre en place des cultures pour attirer les touristes, c’est glamour et ça marche. Bien plus glamour en tout cas que les dégâts qu’occasionne Cochliomyia hominivorax… C’est dans les échos du vendredi 1er mars 2024, avec du beau et de l’horreur à la fois, un peu de politique agricole, de santé et d’économie aussi !
Visuel : © Yann Kerveno
L’agriculture comme attraction touristique
On rappelle souvent que l’importance de l’agriculture n’est pas seulement liée à l’alimentation ou sa contribution au PIB mais qu’elle pèse aussi très lourd, par défaut, dans l’élaboration des paysages que nous avons sous les yeux. Au point que l’attraction touristique des espaces ruraux est souvent façonnée par les nécessités de production. En Australie, dans le sud du Queensland, la floraison des tournesols est aujourd’hui devenue un phénomène couru. Au point que les producteurs sont parfois obligés de créer des « parcelles pour touristes », dûment fléchées, pour éviter que les cultures commerciales soient piétinées par les dits touristes en quête d’une photo instagramable au milieu des « soleils ».
Moins sexy, pendant que la colère des agriculteurs continue d’agiter les rues européennes, Robert Boyer, Thierry Pouch et Marine Raffray expliquent dans Le Monde que l’agriculture est un lieu d’affrontement de logiques contradictoires que la « rhétorique du en même temps » est bien incapable de faire converger…
Prendre la mouche
En Uruguay, les chercheurs planchent dur pour trouver un moyen de se débarrasser de la mouche à viande, et de sa larve Cochliomyia hominivorax qui dévore son hôte vivant, occasionnant des douleurs très intenses. Aux États-Unis, où l’espèce fit l’objet d’un programme d’éradication depuis les années cinquante par la diffusion de mouches stériles, cette plaie coûtait alors 200 millions de dollars par an au secteur de l’élevage. Elle coûterait aujourd’hui 0,1 % du PIB de l’Uruguay. Si l’irradiation fut l’outil de stérilisation mis en œuvre aux États-Unis, où la bestiole a de nouveau fait son apparition en 2016, elle ne peut pas convenir à l’ampleur du chantier à mener sur le continent sud-américain. Les chercheurs travaillent donc à l’édition génétique d’une population de mouches mâles dont la descendance femelle serait stérile, tout en tentant « d’encadrer la durée de vie du gène » à quelques générations…
Pendant ce temps-là, la peste porcine continue de tracer son chemin en Europe : l’Albanie est devenu tout récemment le 28e pays européen à signaler la présence du virus sur son sol. Aux États-Unis, une vaste étude à 189 M$ et impliquant 10 000 cobayes va tenter de déterminer comment nos organismes, avec leurs différences, réagissent à différents types d’alimentation. Au moins 500 des cobayes vont même séjourner dans des lieux où leurs comportements alimentaires seront surveillés en direct. L’idée derrière ce plan ambitieux est de pouvoir déployer des moyens simples de lutte contre le « virus » de l’obésité.
Un peu d’économie
Géant de l’huile d’olive, l’espagnol Deoleo a payé cher le ciseau économique dans lequel il est pris. Entre inflation et faible récolte, l’entreprise a annoncé avoir perdu 34 M€ au cours de son dernier exercice alors que son chiffre d’affaires a progressé de 1 % à 837 M€. En Inde, le gouvernement a décidé de proroger, sans date limite cette fois, l’application d’une taxe de 20 % sur les exportations de riz étuvé. Mise en place en août dernier pour préserver la fluidité du marché domestique indien, donc limiter la hausse des prix, elle s’ajoute aux autres mesures de restriction des exportations, avec interdiction d’exporter du riz blanc non basmati et du riz brisé, qui ont fait reculer les exportations indiennes de 4,5 millions de tonnes pour la campagne 2022-2023, en les limitant à 17,7 MT.