Publié le 19 février 2024 |
0Les échos #6-2024
Tracteur pulling, biodiversité, police de l’environnement, restriction d’accès à la nature et ultra-trail c’est le menu éclectique des échos du vendredi 16 février 2024.
Visuel : © archives Yann kerveno
La nature ? Voilà un beau sujet qui fait couler de l’encre. Parce qu’au-delà des conflits d’usages qui y trouvent place, arrive aujourd’hui sur le devant de la scène la question de la propriété. Car à qui donc est la nature ? Deux députés écologistes ont ainsi récemment signé dans Le Monde, une tribune intitulée « Se promener dans la nature n’est pas un crime », pour alerter sur les évolutions à l’œuvre. Ils y expliquent que l’accès la nature, par la promenade ou la pratique sportive, est d’abord le meilleur moyen d’apprendre à la connaître, a toujours joui d’un statut un peu particulier, d’une tolérance capable de transcender les limites des propriétés par exemple.
Mais qu’une évolution récente de la loi permet aux propriétaires d’interdire le passage de randonneurs, souvenez-vous de la polémique en Chartreuse, remettant en cause l’accès à des sentiers balisés pour motifs de chasse privée… Bon, l’affaire n’est pas vraiment nouvelle, il y a longtemps que les tensions existent, et peut-être d’ailleurs sont-elles à l’origine de l’évolution de la loi ? Laquelle vient s’ajouter aux restrictions parfois mises en place pour protéger la biodiversité, et limitent, elles aussi, la circulation dans les espaces naturels…
Et puis il y a les sports de « pleine nature ». Filons du côté du Mont-Blanc où la polémique a fait rage ces dernières semaines autour de l’Ultra-trail du Mont-Blanc, connu sous l’acronyme UTMB. Cette course mythique a pris des proportions dépassant l’imagination, accompagnée par l’engouement de la société pour ces épreuves lors desquelles le dépassement de soi amène du sens, comme l’explique Olivier Bessy dans The Conversation. L’appel au boycott de l’épreuve, pourtant lancé par deux immenses stars de la discipline, Kilian Jornet et Zach Miller qui protestent contre le gigantisme et le tournant business de l’UTMB, n’a pas rencontré l’écho souhaité, les inscriptions sont en augmentation pour l’année 2024.
On est certainement loin de ces préoccupations dans le Kentucky où se tient le National Farm Machinery Show, grand salon du machinisme agricole avec en point d’orgue une grande course de tracteur pulling qui rassemble des dizaines de milliers de spectateurs depuis 1969. Ce n’est pas là non plus que l’on trouvera la police de l’environnement dont on a beaucoup entendu parler ces dernières semaines. Police rendue coupable, par le monde agricole, de déployer une « écologie punitive » et incarnée par les agents de l’Office français de la biodiversité qui contrôlerait les exploitations agricoles arme à la ceinture…
Sauf que si elles ont bien la loi pour elles, ces polices de l’environnement seraient plutôt faibles, voire démunies, selon trois chercheurs, Léo Magnin, Rémi Rouméas et Robin Basier, (sujet aussi abordé dans le dernier Sesame !) Autre sujet pour le moins clivant, celui de l’édition génomique au service de la sélection végétale, (les New breeding Technology – NBT) dont le Parlement européen a récemment approuvé le principe. Ce sujet divise dans la communauté des chercheurs, en particulier au CNRS où une opération de communication pro-NBT est pointée du doigt et a beaucoup fait réagir sur twitter. Chassez le politique par la fenêtre, il revient toujours par la porte !