Les échos #18-2025
L’Égypte investit 537 M$ dans une nouvelle usine d’acide phosphorique, l’Australie brade le lait, la peste porcine africaine à nos portes, et des chiffres européens sur les résidus de pesticides : tour d’horizon (im)prévisible dans ces échos du vendredi 20 juin 2025 avec quelques secousses géopolitiques au passage.
Visuel : © archive Yann Kerveno
L’info est passée sous le radar pendant qu’on s’échinait à savoir qui du phosphate marocain ou russe est le moins chargé en cadmium mais l’Égypte fourbit ses armes pour conforter sa place de second exportateur d’engrais de synthèse du continent. L’entreprise Abu Tartour for Phosphoric Acid mettra en chantier l’an prochain une nouvelle usine de production d’acide phosphorique. L’investissement s’élève à 537 M$ et en rythme de croisière, la production devrait atteindre 500 000 tonnes par an. Pour en revenir au cadmium, si le sujet a débarqué avec force dans les médias suite à l’interpellation d’un collectif de médecins, il y a belle lurette que sa dangerosité est connue et surtout qu’il est tapi dans l’ombre géopolitique. Au grand dam du Maroc qui crie au complot.
En Australie, dans certaines régions, le lait est aujourd’hui « moins cher que l’eau » et pousse les producteurs laitiers à se débarrasser des troupeaux et aller voir ailleurs s’ils y sont. Parce qu’ils sont coincés par la hausse de son coût de production, le lait à bas prix vendu par les supermarchés et les éléments climatiques à répétition qui ont asséché (quelle ironie) les trésoreries, les laissant démunis en cas de coup dur. Et pour l’élevage de Dale et Paula Fortescue, même le passage à la vente directe n’a pas suffi.
Il y avait plusieurs semaines qu’on n’avait plus entendu parler de la peste porcine africaine (PPA) et paf, voilà qu’elle revient. Non qu’elle ait disparu, mais elle restait cantonnée dans les zones où elle avait été précédemment détectée. La nouvelle, c’est la découverte d’un sanglier porteur du virus dans le nord-est du pays à seulement 160 km de la frontière avec les Pays-Bas, un des leaders de la production porcine européenne. Plus au sud, dans la région de Hambourg depuis la mi-2024, la PPA a été détectée sur 2 000 carcasses de sanglier et s’est faufilée dans 10 élevages.
Toujours intéressant aussi la somme de chiffres issue des plus de 132 000 contrôles de résidus de produits phytosanitaires réalisés à l’échelle de l’Union européenne. Publiée en avril dernier, l’enquête est comme à chaque fois détaillée en diable et il est difficile de faire le tour de la chose en quelques phrases. Mais on peut retenir que sur les 13 246 échantillons prélevés, 69,9 % ne présentaient pas, ou sous la limite de quantification, de résidus de pesticides, 28,3 % se situaient entre la limite de quantification et la limite maximale de résidus, et 1,9 % se trouvaient au-dessus de ces limites, dont 1 % « jugés non conformes en raison de l’incertitude des mesures ». Vous avez ici le rapport complet pour l’Europe, un résumé des grandes lignes en infographie ici et là le rapport complet pays par pays.
Et pour finir, de quoi nourrir votre réflexion du week-end. Une interview croisée de Céline Marty et Laurence Hansen-Love pour déterminer si l’écologie est une religion. Ou non. Sujet qui aurait certainement mérité un peu plus de profondeur, on reste un peu sur sa faim, à vous de jouer en commentaires si le cœur vous en dit. À moins que vous bottiez en touche, comme ces bâtisseurs des pyramides qui invoquaient devoir brasser de la bière pour ne pas se présenter au travail !