Publié le 21 avril 2023 |
0Les échos #15-2023
Tandis que l’hémisphère sud attend que la Niña cède la place à El Niño, l’Espagne s’enfonce plus encore dans la sécheresse avec des températures qui pourraient dépasser les 40°c dès la semaine prochaine. Ce sont le Sud et l’Est du pays, la Catalogne en particulier, qui sont les plus concernés. Cette nouvelle sécheresse, qui affecte 60 % des agriculteurs du pays et 3,5 millions d’hectares, fait suite à celles de 1975, de 1981 à 1983, de 1992 à 1995, 2005 et 2007, 2017 à 2019. Et les météorologues ibères, comme sœur Anne, ne voient rien venir du haut de leurs radars pour les semaines qui s’annoncent.
Le Gouvernement, qui a tenu un comité sécheresse exceptionnel cette semaine, planche sur des mesures d’aides et a demandé un peu de souplesse dans l’application de la PAC à Bruxelles. Une grande partie des céréales conduites en sec, blé et orge, est probablement d’ores et déjà perdue, les surfaces de maïs sont en fort recul mais sont aussi touchés les oliviers qui sortent d’une campagne désastreuse ou les vignobles. Le coût de production des éleveurs flambe à hauteur des augmentations des prix de l’aliment. Les cultures irriguées sont, elles, dépendantes des quantités d’eau disponibles…
Tout cela provoque des tensions sur les prix des aliments qui ont déjà connu, comme ailleurs, une inflation conséquente, + 16,6 % l’an dernier. Et comme ce n’était pas assez, il a fallu un épisode de gel tardif juste avant Pâques qualifié de pire jamais survenu dans le pays par les assureurs… Avec des dégâts aux cultures fruitières, légumières mais aussi céréalières, estimés à 150 M€ pour 37 000 hectares touchés en Catalogne, Aragon, Valencia, Murcia et Castille La Manche.
En France, c’est le pourtour méditerranéen qui connaît les mêmes affres avec le nord de l’Italie où la sécheresse est la pire enregistrée depuis le début du XIXe siècle. Il faudrait 50 jours de pluies modérées pour purger le déficit de précipitations et les producteurs de riz sont dans l’expectative…
Puisqu’on parle de riz, impossible de ne pas poser la question de sa durabilité. C’est ce que fait le Nouvel Économiste en se demandant comment « résoudre la crise mondiale » qui frappe cette céréale durement touchée par le changement climatique et par ses défauts : ses émissions de gaz à effet de serre et sa gourmandise en eau.
Ça bouge aussi dans l’Est. On se souvient, nous en parlions la semaine passée, que la Pologne avait interdit l’entrée des céréales ukrainiennes sur son territoire. Cette semaine, c’est Cargill (un vrai géant de l’agriculture ! On en parlait dans le thread de mercredi) qui a annoncé ne plus acheter de grains en provenance de Russie. Rejoignant ainsi deux autres opérateurs de poids, Louis Dreyfus et Viterra. En Inde, les inquiétudes concernent cette année la production de blé qui pourrait être, en raison de mauvaises conditions météos, bien inférieure au potentiel du pays. Faute de blé, faut-il se ruer sur le steak ? Pas si évident. Il semblerait en effet que le régime carné des Néandertaliens, identique à celui d’un loup ou d’une hyène, ait pu causer leur perte. Hier comme aujourd’hui, un régime varié est donc synonyme de meilleure santé. Dommage qu’ils n’aient pas connu le nutriscore !