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Les échos & le fil Vache © archives Yann Kerveno

Publié le 18 avril 2025 |

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Les échos #13-2025

Trois loups qui n’en sont pas, des vaches moins propres qu’il y paraît, des zébus qui voyagent ou pas, les échos de Sesame sont là, sans procession, ni lapins, ni chasse aux œufs mais ce n’est pas moins intéressant !

Il y a de nombreux débats autour de l’élevage bovin, sur la question de la consommation en eau ou encore des émissions carbone à cause du méthane produit par leur système digestif. Et pas mal d’a priori aussi. C’est un de ceux-là que vient peut-être de battre en brèche une étude menée aux États-Unis : celui qui veut que le bétail élevé à l’herbe pèse moins en gaz à effet de serre que celui qui pousse dans des feedlots… En appliquant le principe que les bovins ne mangent que ce que les humains ne mangent pas (donc en excluant les terres où l’on peut faire pousser autre chose que de l’herbe), les chercheurs drivés par le géophysicien Gidon Eshel sont arrivés à la conclusion, au bout de leurs simulations, que la viande bovine nourrie à l’herbe émet de 10 à 15 % de plus par kilo de protéines produit. Résultat, les autres viandes mais aussi les protéines végétales n’émettent que 5 à 35 % des émissions issus de vaches nourries à l’herbe. Voilà de quoi donner un grain à moudre et des maux de tête à ceux, ils sont nombreux, qui veulent continuer à manger de la viande bovine tout en pesant moins sur la planète. L’étude, publiée dans PNAS est là.

Restons dans le domaine de l’élevage mais loin des grasses prairies du Minnesota ou des feedlots du Texas et filons en Afrique ou les pasteurs peuls sont contraints, nous raconte Le Temps, de transhumer de plus en plus loin avec leurs zébus pour s’affranchir des évolutions provoquées dans leurs pâtures habituelles par le changement climatique. Cette question de la transhumance est d’ailleurs devenue un objet diplomatique en soi, puisque la Guinée vient d’interdire jusqu’en 2026 la transhumance des troupeaux de zébus maliens sur son territoire. Au motif que le zébu « très vorace, (est) capable de consommer de la feuille jusquaux racines, dévastant tout sur son passage » selon le ministre de l’agriculture et de l’élevage guinéen Félix Lamah. En France, Les Échos se font le relais de l’inquiétude des fabricants de fromages de chèvre qui craignent la pénurie, faute de matière première. La collecte de la filière caprine a reculé de 3,2 % l’an dernier.

Nous avons vu mercredi, dans le fil, combien il était difficile d’envisager la relocalisation des productions agricoles « exportées » depuis des décennies chez nos voisins. Un papier collectif publié tout récemment se demande, un peu dans la même logique, s’il serait possible que la région Île-de-France gagne en autonomie alimentaire en s’approvisionnant dans son hinterland (arrière-pays). Alors qu’aujourd’hui seuls 2 % de ce que la région consomme proviennent de son territoire (30 % par contre d’un pays étranger) et que sa robustesse en cas de crise d’approvisionnement ne dépasse pas 5 à 7 jours… La réponse ne vous surprendra pas mais c’est intéressant !

On a par ailleurs beaucoup parlé de cette résurrection du loup sinistre (Dire wolf), opérée par une entreprise américaine. La nouvelle a de quoi fasciner, pas étonnant qu’elle ait fait le tour du monde et la Une de nombreux journaux et sites. Pourtant, ce n’est pas réellement une résurrection, préviennent certains scientifiques effarés par l’ampleur du battage. Ricki Lewis, chercheuse et journaliste, précise sur le blog DNA Science de PLOS que ce fameux loup n’est pas un proche parent de nos lupus actuels. L’espèce, avant de disparaître de la surface de la terre s’est séparée des autres canidés il y a 5,7 millions d’années et a évolué « de manière isolée il y a 13 000 à 50 000 ans ». Ces loups « ne sont pas des ancêtres des loups gris ou des coyotes. » Pour « recréer » ces canidés, les chercheurs ont utilisé la technologie Crpsr-Cas9 pour modifier 20 sites dans le génome d’un loup gris actuel, puis ont, techniquement, cloné les louveteaux. Vous voyez le hic. « Le génome d’un grand loup est composé de 2,5 millions de paires de bases d’ADN, codant pour environ 19 000 gènes. Les chercheurs ont procédé à 20 modifications du génome portant sur 14 gènes » précise-t-elle avant d’ajouter, pour que tout soit bien clair : « Voici une analogie littéraire. Le Chien des Baskerville, d’Arthur Conan Doyle, compte 62 297 mots. Les 20 modifications apportées au génome canin correspondent à une cinquantaine de fautes de frappe d’une seule lettre dans ce roman de 250 pages. » Alors si l’annonce a fait grand bruit et fut reprise telle qu’elle, sans lever tout le flou, et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup !

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