De l'eau au moulin

Published on 17 janvier 2019 |

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[Agrinnov] REVA : un appel à former, financer, participer…(4)

Par Lionel Ranjard, Directeur de recherches, Inra, UMR Agroécologie
Elisabeth d’Oiron, présidente de l’Observatoire Français des Sols Vivants (OFSV)
Christopher Robert (OFSV)
Nicolas Chemidlin, UMR Agroécologie, AgroSup Dijon

Le REVA (Réseau d’Expérimentation et de Veille à l’innovation Agricole) réunit des agriculteurs qui se sont formés aux outils de mesure de la qualité des sols (voir AgrInnov, cf. articles précédent) avec pour objectif de faire évoluer leurs systèmes de culture vers une durabilité environnementale et économique. Aujourd’hui le Reva cherche à s’étendre et à se développer : un plus grand nombre d’agriculteurs  doivent pouvoir améliorer leurs pratiques ; un plus grand nombre de données de terrain permettront de mesurer de façon plus robuste l’impact des pratiques agricoles sur les sols.

Former, former encore

Nous avons montré que les outils issus d’AgrInnov et utilisés en routine dans le Reva confortaient chacun dans son rôle : les agriculteurs comme experts en agriculture, les chercheurs comme experts en sciences et garants de la qualité scientifique et technique des outils utilisés, les techniciens agricoles comme experts en méthode et accompagnateurs du changement.

Pour étendre ce réseau, il faudra démultiplier les possibilités qu’offrent ses partenaires de formation et de recherche. Il faudra former des formateurs dans les chambres et dans les coopératives, pour qu’ils relaient ces connaissances auprès des agriculteurs. Il faudra également former des animateurs de groupes au diagnostic Reva et à l’accompagnement du changement : ce sera le rôle des écoles d’agronomie.

Financer la transition

Depuis l’ouverture du Reva en 2016, les groupes d’agriculteurs sont financés localement par les agences de l’Eau, les agences régionales de l’Ademe, les chambres d’agriculture départementales et régionales, les Régions au titre du Feader, mais aussi par les agriculteurs eux-mêmes.

L’administration des projets restant très locale, l’ouverture de chaque nouveau groupe suppose un lourd travail administratif, alors qu’il s’agit de déployer une même méthodologie de projet recourant aux mêmes outils, aux mêmes formations, aux mêmes laboratoires et aux mêmes experts, pour répondre à une cause nationale de transition agroécologique.

Obtenir une ligne de financement national serait donc un réel progrès et illustrerait, à travers ce réseau fondé sur le volontariat, la volonté de l’Etat de promouvoir l’agriculture agroécologique et durable.

Une voie et une voix

Le caractère volontaire du mouvement que constitue le Reva se matérialise dans la forme associative de la structure qui le porte, l’OFSV. Association loi 1901 détenue par des agriculteurs, sa mission est de tester, valider et diffuser les outils de mesure de l’impact des pratiques sur la qualité des sols, la rentabilité des activités et la qualité des productions. Cette organisation est unique en Europe. Ce sont les agriculteurs qui ont demandé, à la suite du projet AgrInnov, que soit créé le Reva. Ils avaient en effet besoin d’un organe de travail et de collaboration avec l’ensemble des fournisseurs de l’agriculture, qui les équipent à tous les niveaux de leur activité.

Les chercheurs, institutions et le développement agricole ont contribué très largement à la naissance de l’OFSV puis du Reva. Tous étaient conscients de l’intérêt de disposer d’un tel carrefour pour organiser des transferts réciproques. De la même manière, et dans l’intérêt général, tous sont favorables à l’idée que les agriculteurs puissent disposer « d’une voie et d’une voix » organisées pour décrire leurs besoins d’experts en agriculture, expérimenter et innover.

Participez !

Ainsi l’OFSV et le Reva constituent-ils une forme nouvelle d’acteur d’utilité publique en matière d’agriculture. Ils ont été créés par les utilisateurs des sols eux-mêmes pour optimiser leur capacité d’action. Cela doit leur permettre de répondre aux injonctions de la société civile et des élus quant au respect des milieux ou à la production d’une alimentation saine et suffisante.

La nature même de cette organisation, sa forme associative et en réseau, la rend accessible à tous les utilisateurs des sols, par une simple adhésion (www.ofsv.org). Ils peuvent alors suivre les travaux en cours. En constituant ou en entrant dans des groupes Reva, ils peuvent venir mesurer l’impact des pratiques qu’ils expérimentent et tester les solutions destinées à progresser vers des pratiques durables. Qui ne le voudrait ?

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