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Les échos & le fil archives © yann kerveno

Publié le 22 janvier 2024 |

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Une grogne européenne

Aux racines d’une grogne européenne dans les campagnes ? C’est le fil du lundi 22 janvier 2024.

Depuis quelques semaines la température monte dans les campagnes européennes et jusqu’aux portes de Toulouse ce mardi 16 janvier ou depuis, un peu partout en France… Les motifs de grogne sont légion.

En Roumanie, les agriculteurs et les routiers ont manifesté de conserve dimanche dernier, 14 janvier, en menant des opérations escargots autour des grandes villes du pays, en particulier autour de la capitale Bucarest. Ils en ont aussi profité pour bloquer temporairement la frontière avec l’Ukraine. Pour les agriculteurs roumains, il s’agissait ces derniers mois de protester contre l’entrée sur le territoire national des céréales ukrainiennes qui tire les prix des céréales locales à la baisse, comme cela s’est passé en Pologne (où les points de passages vers l’Ukraine sont régulièrement bloqués), en Hongrie et Slovaquie. Pays qui ont depuis refusé de lever l’embargo comme le réclame l’Union européenne. Mais ce n’est pas le seul grief des agriculteurs roumains qui revendiquent un paiement plus rapide des subventions et des compensations pour les pertes causées par la sécheresse ou celles liées aux perturbations du marché induites par la crise ukrainienne. Le dossier n’est pas clos pour autant : plusieurs filières européennes, du sucre aux œufs en passant par le maïs et la volaille ont demandé à l’Union de mettre en place un cadre plus strict et un plafonnement pour encadrer les importations d’Ukraine et limiter les perturbations du marché.

En Allemagne, c’est la suppression de la détaxe sur le gazole non routier (GNR) utilisé dans les tracteurs, qui a mis les agriculteurs dans la rue, de manière massive le 8 janvier dernier puis le 15 avec 5 000 tracteurs à Berlin, après un round d’échauffement en fin d’année dernière. Et la question agite au sein du gouvernement de coalition, les élus écologistes tenant mordicus à la mesure n’ont accepté, pour l’heure, qu’un assouplissement du délai. Dans une contre-offensive faisant peut-être office de diversion, les écologistes allemands s’en prennent depuis aux grandes surfaces, coupables selon eux, par la pression mise sur les prix, du mauvais sort des agriculteurs du pays… En Espagne, une grande manifestation est annoncée à Madrid le 21 février prochain

Mais en toile de fond de ces mouvements, c’est bien le Green deal et son volet agricole « Farm to Fork » qui ne passent pas bien dans le monde agricole, auxquels s’ajoutent les habituelles antiennes, bureaucratie, normes environnementales, traités de libre-échange qui agitent l’ensemble du monde agricole européen. La mobilisation allemande ne dépareille pas dans le paysage français recevant même le soutien du syndicat majoritaire. « Ce qui nous rapproche, c’est la remise en cause de cette vision européenne, non pas le Green deal qui nous interroge sur la transition nécessaire, mais la partie « décroissance » de la vision de la production » expliquait dès le 10 janvier Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Cette agitation paysanne fait en tout cas le bonheur des partis populistes qui se pressent pour accompagner les cortèges en vue des prochaines élections européennes.

Et l’on attend que s’ouvre, avec impatience dans le monde agricole, le fameux « dialogue stratégique sur l’agriculture » annoncé par Ursula von der Leyen lors de son dernier discours sur l’état de l’Union en septembre dernier. L’affaire est capitale dans la mesure où ce dialogue, avec l’ensemble des parties prenantes du système agricole européen doit servir de carburant aux discussions sur la prochaine réforme de la Politique agricole commune (PAC). Parmi les idées qui ont filtré, surgit celle d’un troisième pilier qui pourrait être destiné aux mesures d’urgence… Les travaux commencent dès cette semaine.

En 2023, Martijn Weijtens (conseiller aux Affaires agricoles à l’ambassade des Pays-Bas en France) revenait sur les manifestions aux Pays-Bas contre le plan azote…

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2 Responses to Une grogne européenne

  1. Pingback: Une grogne européenne (Sesame -22/01/24) – Campus Lga

  2. Dominique Rougeau dit :

    « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et …… »
    Alors produire du blé 11.5% protéines en Europe de l’Ouest pour le vendre sur la base de la cotation POC (ports ukrainiens) de 205 $/T. fob, c’est NON !
    Soutenir l’Ukraine, pourquoi pas, mais alors collectivement et pas au seul détriment des agriculteurs de l’Ouest. La souveraineté alimentaire de nos peuples est en jeu, et les indemnités de la PAC européenne dévoyées et sous calibrées ratent leur cible.
    Ce que les agriculteurs expriment difficilement.

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