Les échos & le fil Les échos de Sesame

Published on 9 mars 2018 |

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Les échos #9-2018

Engagée depuis des dizaines d’années, la lutte contre le tabac est-elle arrivée à son terme ? Il ne sera pas question ici de répondre à cette question, de toute façon le paquet à 10 balles fera son effet, mais à voir comment aujourd’hui le débat porte sur l’alcool, on est en droit de se demander si les mouches n’ont pas changé d’âne. Il y a d’abord eu les ballons d’essais de la ministre de la Santé contre la consommation d’alcool à l’automne dernier qui avait fait bondir les professionnels. Au point qu’en guise de protestation ils n’avaient pas rendu leur copie aux États généraux de l’Alimentation, pour protester contre l’assimilation alcool – vin. Puis cette violente piqûre de rappel début février à la télévision venue raviver des braises qui n’en avaient point besoin. La grogne ne faiblissant pas, c’est le président de la République qui est monté au créneau, au moment du salon de l’agriculture, affirmant qu’il buvait lui-même du vin midi et soir et qu’il ne fallait pas confondre torchons et serviettes…

Le vin un alcool comme les autres ? (photo Yann Kerveno)

Alors, faut-il voir comme un signe des temps la persistance de la polémique qui, voici quelques années, se serait éteinte en quelques jours ? Deux tribunes de médecins dans Le Figaro et dans Le Monde  sont venues remuer le couteau dans la plaie de ce  (vieux) dossier qui s’annonce, finalement, bien plus complexe que celui du tabac. La filière viticole, ses milliers d’emplois, son chiffre d’affaires, ont besoin du marché français contrairement, peut-être, au Cognac, silencieux sur le dossier, dont l’essentiel de la richesse provient aujourd’hui des marchés d’export (98 % des volumes). Sans oublier la valeur culturelle, tellement française, du jaja et bien plus prégnante dans les territoires que celle portée par les planteurs de tabac !

Pendant que la polémique autour du vin continuait de se dérouler, on a eu le temps de finir de nettoyer les halls du Parc des expo, porte de Versailles, des scories du salon de l’agriculture. Pendant la manifestation, deux sociologues se sont attachés à suivre les politiques pendant leur parcours dans les allées. Avec cette conclusion, le salon de l’agriculture n’est pas vraiment celui de la spontanéité ! De la spontanéité, le ministre de l’Economie a dû en faire preuve pour taper du poing sur la table  face aux distributeurs et notamment Leclerc, visité par les enquêteurs début mars. Selon les accusations portées par le ministre, le distributeur breton qui dit défendre les producteurs et les consommateurs tiendrait en fait un double discours et ne respecterait pas ses engagements. Un point de vue visiblement partagé par le patron de Nestlé. Affaire à suivre.

Pressés par la grande distribution, les producteurs européens ne semblent d’ailleurs pas les seuls à souffrir de leur aval. Le Wall Street Journal nous apprend que les farmers américains sont de plus en plus souvent contraints de prendre un deuxième boulot pour survivre et pouvoir continuer de travailler leurs terres. Des terres, 3 000 ha, que Monsieur Hu, milliardaire chinois, achète discrètement en France pour développer le pain à la française en Chine comme nous le raconte France-Soir.

Si l’on parle souvent aujourd’hui d’agriculture périurbaine à Toulouse une start-up vient d’imaginer un système pour mettre en relation des jardiniers sans jardin et des jardins sans jardinier. Des jardins parfaits pour organiser un apéro anti-pesticides comme celui imaginé par les parents d’élèves d’écoles du vignoble bordelais ? Ou pour cultiver des roses dont on connaît aujourd’hui bien mieux l’origine et les extraordinaires développements au 19e siècle ?




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