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Published on 3 mars 2023 |

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Les échos #8-2023

Digestion difficile ?

Le salon de l’agriculture touchant à son terme, les Rolls-Royce de l’élevage français vont retrouver leurs étables et prairies dans les jours qui viennent. Et pouvoir émettre leur méthane sans contrainte. Composant important des émissions de gaz à effet de serre, le méthane des ruminants pourrait-il être dissout par la voie digestive à l’aide d’additifs ? En tout cas, les travaux et innovations se succèdent pour trouver une solution. C’est la chaîne de télé australienne ABC, qui a fait le tour des solutions actuellement étudiées ou employées. Depuis le Bovaer néerlandais de l’entreprise Royal DSM, qui annonce réduire les émissions, dans les bonnes combinaisons alimentaires, de 50 à  90 % s, jusqu’aux algues dont le « principe actif » réducteur d’émission a été synthétisé.

Stats.

En attendant, la FAO et l’OCDE ont publié leur prospective des productions agricoles pour la décennie en cours (2031). On y apprend que la production de toutes les viandes va continuer de progresser à l’échelle de la planète, surtout la volaille et le porc, à la faveur d’une migration des consommateurs de viande rouge vers les viandes blanches. L’Europe étant la seule région où la stabilité semble de mise… C’est un fort document (plus de 300 pages) mais il donne une bonne idée des tendances à venir.


Bio.

Puisqu’on parle de tendance, il n’est également pas inintéressant de se plonger dans la crise que connaît l’agriculture bio, même si les grands ressorts sont connus, prix trop élevés, consommation en baisse… Terra Nova s’est penché sur la question dans un rapport publié à la mi-février et émet une vingtaine de propositions pour repartir du bon pied, depuis la rémunération du stockage du carbone, jusqu’à l’appui au développement des ateliers de transformation, l’augmentation de la part de produits bios dans la restauration, la baisse de la TVA…

Ombre et soleil.

Intéressante aussi cette plongée dans une grande ambition, un travail « dans l’absolu » d’une équipe de chercheurs aux États-Unis qui se sont demandé si l’on pouvait imaginer construire une grande région, 11 États de l’ouest américain, sans émission de gaz à effet de serre. Les chiffres donnent le tournis. Les chercheurs ont calculé que d’ici 2050, pour atteindre cet objectif sans sacrifier au confort actuel, il faudrait 4,5 fois plus  d’électricité qu’aujourd’hui à cause du remplacement de tous les moteurs fonctionnant aux énergies fossiles, tandis qu’il faudrait augmenter de 65 % les infrastructures de transport d’électricité. Ils ont aussi calculé que l’espace terrestre et océanique dévolu à la production de toute cette électricité serait 11 fois plus important qu’aujourd’hui, jusqu’à occuper de 70 000 à 134 000 kilomètres carrés. Mais le plus difficile dans tout cela ne serait peut-être pas cette mobilisation foncière mais bien la construction des lignes à haute tension nécessaires… Une partie de la solution n’est-elle pas dans la production hydroélectrique, en dépit de son paradoxe, produire propre mais faire progresser le risque de catastrophe et rompre les continuités écologiques ? Une autre équipe de chercheurs a calculé que la planète compte plus de 124 000 rivières où pourraient être installés des barrages pour produire 5,27 Petawatt/heure par an, soit un cinquième de la consommation électrique actuelle.




6 Responses to Les échos #8-2023

  1. Dumas says:

    Le beurre et l’argent du beurre, mais merci pour le lien, je vais lire.

  2. Dumas says:

    “produire propre (…) et rompre les continuités écologiques ” ce n’est pas produire propre ! Il n’y a pas que les émissions de CO2 qui comptent dans la vie!

    • yann says:

      Certes, mais dans le cadre de l’article cité, c’est de cela qu’il s’agit.

      • Dumas says:

        Cadre de l’article ! Trop facile comme réponse : je maintiens que rompre les continuités écologiques ce n’est pas produire propre. C’est se conduire comme des sagoins irresponsables.

        • Dumas says:

          Le choix des mots n’est pas innocent. Traduction : produire de l’électricité sans émission de CO2 et en cassant les continuités écologiques des cours d’eau, le cas échéant en engloutissant des villages. C’est un choix inacceptable écologiquement, socialement et humainement donc ces calculs sont plus que sans signification, inopportuns pour ne pas dire plus! Vous avez entendu parler des combats contre les barrages pour une Loire vivante? À saucissoner les questions on aboutit à ce genre d’aberration dont votre article fait écho

          • yann says:

            Il est bien écrit que c’est un “paradoxe” et si vous aviez pris la peine de consulter la source qui est mentionnée, vous auriez compris que l’équipe de chercheurs a justement travaillé dans l’optique où les usines de production d’énergie hydroélectique qu’ils envisagent peuvent parvenir à surmonter ce paradoxe. Qui est de “produire sans émissions de CO2, quand même un des problèmes majeurs du jour, ET de respecter justement les milieux alentours. Le titre de l’étude est : “A global-scale framework for hydropower development incorporating strict environmental constraints”. C’est au bout de ce lien, avec les noms des auteurs et un contact mail. Merci.

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